Délais d'attente, décentralisation, personnelLes propositions des partis politiques pour soulager le secteur de la santé

Romain Van Dyck
Si le système de santé luxembourgeois fait des envieux, il reste encore de nombreux chantiers en souffrance. Tour d'horizon des principales propositions des candidats aux législatives.

Accélérer la prise en charge des patients

Pour obtenir un rendez-vous auprès de certains spécialistes, il faut parfois être très patient.
Pour obtenir un rendez-vous auprès de certains spécialistes, il faut parfois être très patient.
© Fotolia

Un problème fréquent au Luxembourg, et beaucoup de citoyens en conviendront, est l’allongement de la durée pour obtenir un rendez-vous médical.

Pour accélérer cette prise en charge, beaucoup de partis politiques plaident pour “l’amélioration des soins primaires de la population”, avec la création de centres médicaux locaux pluridisciplinaires, avance par exemple Déi Gréng.

Le LSAP promet que “La collaboration entre ces centres médicaux et les centres hospitaliers sera encouragée afin d’assurer une continuité des soins dans des créneaux horaires déterminés et moyennant une simplification des prises de rendez-vous.”

Déi Lénk veut que ces maisons de santé pluri-professionnelles soient “entièrement publiques dans les villes et quartiers à partir de 1000 habitants qui dispensent des soins variés gratuits. Nous promouvrons aussi la prise en charge pré- et post-opératoire des patients chez eux par des services conventionnés avec les hôpitaux publics”, afin de désengorger ces derniers.

À l’inverse, Liberté – Fräiheet! plaide pour une plus grande ouverture à la médecine privée, plaidant queSeul un renforcement de la médecine pratiquée de manière libérale garantit que nous aurons à nouveau suffisamment de médecins (et cela avec une pénurie à l´échelle de l´UE !) qui exercent de manière libérale, des médecins généralistes, en passant par les internistes, jusqu’aux spécialistes.”

Les Pirates

“veulent des horaires d’ouverture plus longs, afin de vraiment soulager les urgences dans les hôpitaux”, et “Il faut mettre fin à la baisse du nombre de lits dans les hôpitaux”.

Le DP, lui, rappelle queplus de 80 % des prestations médicales peuvent aujourd’hui être réalisées hors de l’hôpital”, grâce à la médecine ambulatoire qui présente de nombreux avantages:les patients ayant moins de trajet à parcourir et devant attendre moins longtemps, ils ont un meilleur accès aux services médicaux, a fortiori en milieu rural. Par la même occasion, les hôpitaux sont déchargés et ils peuvent se concentrer sur les missions principales qui sont les leurs en cas d’urgences vitales et de tableaux cliniques complexes.

Au sujet des IRM, les Verts promettent par exemple “d’évaluer le projet pilote sur l’extension des horaires d’ouverture de l’IRM hospitalière et, le cas échéant, l’étendre à d’autres matériels de diagnostic comme la mammographie”. Le CSV, lui, veutsoutenir la création de plus de cabinets médicaux extrahospitaliers équipés d‘appareils médicaux sophistiqués (IRM, etc.)” et “développer massivement la médecine ambulatoire”.

La décentralisation et l’augmentation des infrastructures

La kannerklinik est surchargée à cause du manque d'infrastructures pédiatriques dans le reste du pays.
La kannerklinik est surchargée à cause du manque d’infrastructures pédiatriques dans le reste du pays.
© Archives RTL
Le secteur de la santé au Luxembourg “doit être modernisé de fond en comble” et il faut étoffer l’offre de soins, clame l’ADR. Et il n’est pas le seul : tous les programmes électoraux reprennent cette litanie en coeur.

Le LSAP évoque notamment le manque de pédiatres :

“Nous allons développer davantage les capacités des maisons médicales pédiatriques au nord et étudier possibilité de créer une maison médicale pédiatrique au sud du pays. Nous allons agrandir la Clinique pédiatrique «Kannerklinik» pour accroître ses capacités d’accueil”.

Dans le même ordre d’idée, Volt dénonce la centralisation médicale:

“Les grands hôpitaux comme celui du Kirchberg ou le CHL rattachent les gens à la capitale. Les cliniques pédiatriques, les maternités, les urgences le week-end et la nuit - tout cela fait défaut en dehors de la capitale. Nous demandons donc qu’au moins un grand hôpital central soit construit dans le nord/est du pays, afin que tous les habitants ne soient pas obligés de se rendre en permanence dans la capitale”.

Le KPL plaide pourle maintien et l’extension des hôpitaux régionaux de médecine générale existants à Niederkorn et Wiltz, ainsi que la création d’un hôpital régional à Grevenmacher et d’une polyclinique dans le canton de Redingen”, et également pour davantage de maisons pédiatriques dans le pays.

Rendre les métiers de la santé plus attractifs

Malgré des salaires plus élevés que chez nos voisins, le Luxembourg peine à attirer certains professionnels de la santé.
Malgré des salaires plus élevés que chez nos voisins, le Luxembourg peine à attirer certains professionnels de la santé.
© Unsplash

Même dans une société prospère comme le Luxembourg, il suffit parfois d’un grain de sable pour que le système menace de s’effondrer. La pandémie a notamment “mis le doigt sur les faiblesses structurelles, notamment la forte dépendance vis-à-vis de la main d’œuvre transfrontalière. Lorsque la France a fermé ses frontières, le risque d’effondrement du système de santé était réel” rappelle ainsi le LSAP, qui veut mettre en place une stratégie de recrutement pour “disposer des meilleurs professionnels.”

Et pour cela, abonde Déi Gréng, il faut “améliorer l’attractivité financière de la médecine hospitalière”, en particulier en améliorant la rémunération, mais aussi en “modernisant les conditions de travail (plus favorables aux familles, meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée)” et aussi prendre une série de mesures visant à améliorer les études et formations proposées au Luxembourg.

Pour le CSV, il faut une véritable “stratégie nationale de recrutement” pour rendre le Luxembourg plus attractif. Il faut notamment soutenir l’activité privée, en offrant “plus de liberté pour les médecins libéraux.” Il faut aussi renforcer le rôle du médecin généraliste”.

Le DP propose aussi de créer des résidences pour les employés du secteur hospitalier “qui sont encore en formation ou qui effectuent un stage en clinique pour une durée limitée. Il doit aussi servir aux employés qui doivent temporairement faire de longs ou fatigants trajets pour se rendre sur leur lieu de travail”, problème récurrent au Luxembourg.
Déi Lénk, en revanche, veut miser avant tout sur le service public:Nous viserons un personnel entièrement salarié de l’État dans les établissements hospitaliers publics, les maisons médicales, les maisons de santé pluridisciplinaires et les antennes hospitalières.” Pour revaloriser les salaires, la Gauche propose l’introduction d’un coefficient dans la tarification des actes qui tient compte de la complexité et de la pénibilité du travail médical en milieu hospitalier. Quant à la pénurie de personnel, elle préconise notamment de réduire la charge administrative du personnel soignant.

L’ADR reprend les principales revendications visant à améliorer l’attractivité de la médecine au Luxembourg. En revanche, elle se distingue par sa position sur la crise sanitaire, rappelant qu’elle “s’exprime très clairement contre une obligation de vaccination contre le Covid et exige que là où elle a été introduite, elle soit à nouveau supprimée”, notamment vis-à-vis du personnel soignant qui a pu “subir des désavantages professionnels du fait de leur non-vaccination”.

Les Pirates, comme Fokus et d’autres, plaident pour la création “d’un hôpital universitaire où les étudiants pourront se former et où le patient bénéficiera de la meilleur offre de soin.

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