Des enfants harcelés, un "Gang 17" qui se croit tout permis, des institutions débordées et des parents pointés du doigt... Vous avez été nombreux à témoigner suite à notre article sur la violence des jeunes au Luxembourg.

Ce lundi, un adolescent a été violemment agressé à Esch-Belval. Il sortait de l'école lorsqu'il a été harcelé par trois élèves qui voulaient son sac et ses écouteurs sans fil. Comme il a refusé, les trois jeunes l'ont traîné sur le sol et roué de coups.

Un acte isolé? Pas vraiment. Ce genre d'histoire est beaucoup plus fréquente qu'on ne le croit. Mais parce qu'elles concernent les jeunes, ces agressions font rarement les gros titres dans les médias.

Il y a quelques jours, nous avons proposé à nos lecteurs de témoigner sur cette délinquance juvénile au Luxembourg. Nous avons reçu plus d'une quarantaine de témoignages. Souvent, il s'agit de parents exprimant leur inquiétude pour leurs enfants ou face à l'incivilité des jeunes. Mais beaucoup disent aussi leur colère contre une école et une justice débordées par cette violence, ou contre la responsabilité des parents dans cette dérive de leurs enfants...

Voici une sélection de vos témoignages (tous anonymes ou sous un pseudonyme). Demain, nous publierons un entretien avec une psychologue spécialisée dans l'aide aux mineurs, et qui dénonce un certain "retard du Luxembourg" sur la prévention et le traitement cette violence des jeunes.

VOS RÉCITS DE VIOLENCE DES JEUNES

Lena: "Je travaille dans un supermarché, et à la pause de midi on est envahi de jeunes du lycée d'à côté. Tous les jours on doit intervenir pour les petits vols, insultes, agressions verbales, etc... Quelques fois la police arrive à temps, d'autres fois c'est trop tard et ils s'enfuient..."

SR: "Je constate de la délinquance juvénile au Lycée Mathias Adam. Les jeunes se réunissent dans le tunnel de la gare de Lamadelaine - là où les ordures laissées par terre empêchent, presque, le passage - et s'attaquent par groupe aux plus petits. Ils se mettent en cercle et se jettent sur les enfants plus jeunes, les agressant physiquement et verbalement. Le lycée dit ne rien pouvoir faire car ce n'est pas dans l'enceinte du lycée que cela se passe. Où est la police? Les agents de sécurité? les parents de ces jeunes?"

MS: "Je pense que c’est aussi la faute du gouvernement, car par exemple les jeunes qui sont à Dreiborn (Note de la rédaction: la commune accueille un centre socio-éducatif destiné à incarcérer des jeunes délinquants) ils peuvent sortir tous les jours. Et à Wormeldange il y a toujours des incidents, comme par exemple du vandalisme ( voitures, magasins), encore hier soir ( NDLR: le 29 octobre dernier) on a appelé la police à cause d'eux".

Marko75: "Ils ont agressé mon fils de 14 ans au Lycée"

Sand: "Des jeunes m'ont insulté dans la zone piétonne quand j'ai fait les courses avec mon fils de 9 ans, ils m'ont bousculé en jouant au foot au plein milieu de la rue [...]. Je suis vite partie, par peur qu'ils aillent encore plus loin, d'autant plus que j'avais mon fils avec moi et que je voulais éviter qu'il voie ce genre de scène. Ils avaient entre 12 et 15 ans, un parmi eux fumait, et rien que le fait de les regarder semblait déjà les provoquer."

Injustice sociale: "Oui, j'ai été provoqué et menacé avec une bouteille d'alcool par des jeunes âgés environ de 17 ans. La raison? Aucune, ils se sont dirigés vers moi sans aucune raison. En parlant calmement et en leur disant que je savais leur briser la figure avant que le coup ne m'atteigne, ils sont enfin partis. J'évite la violence et je dialogue, mais si le coup part, je règle le problème sans compter sur notre gouvernement qui parle, mais ne fait rien, sauf emmerder les victimes, qui n'ont aucun droit. Mais pas tout le monde sait rester calme et maîtriser une attaque et riposter là où ça fait très mal, mais sans briser et sans tuer. Se défendre est toujours légitime, n'en déplaise à nos illuminés au pouvoir. Ce qui est inacceptable, c'est l'absence de police dans les rues et sur les routes. C'est aussi inacceptable d'emmerder la victime qui s'est défendue. À quoi bon faire des enquêtes si les lois restent en faveur des bons à rien !"

RTL

LES GANGS DE JEUNES

Dans notre précédent article, nous parlions des gangs de jeunes qui existent  au Luxembourg, notamment un certain "bloc dix-sept", particulièrement violent et qui compterait une quarantaine de membres. Les autorités comptent au moins 6 grands gangs, qui recrutent des mineurs et sont notamment responsables d'actes très graves sur d'autres enfants (persécutions, rançons, violences physiques et psychologiques). Hélas, les informations manquent sur ces gangs. Aussi, si vous souhaitez témoigner comme les deux personnes ci-dessous, n'hésitez pas à nous contacter via le formulaire en bas de l'article.
(Anonyme): "Je connais les gens qui y sont. Il y a aussi un membre bien plus âgé je crois qu’il a 18 ans ou plus il est le soi-disant chef de groupe."

(Anonyme): "Il y a un gang dont un certain "X" (NDLR: nous avons enlevé le nom) fait partie, ils ont racketté mon beau-frère, donc il a été porté plainte, mais ça traîne toujours. Résultat, sa mère a été carrément obligée de l’envoyer au Portugal."

LES CRITIQUES CONTRE LE MILIEU SCOLAIRE

HH13: "Malheureusement cela commence dès le fondamental ! Malgré plusieurs plaintes auprès du corps enseignant / la direction régionale du Ministère de l'éducation nationale ou même la commune… des faits répétés et avérés, cela n’est JAMAIS pris au sérieux !!! On vous conseille "juste" de mettre votre enfant dans le privé… Les racailles elles restent… En toute impunité !"

Anonyme: "Bonjour, vous parlez de délinquance juvénile, mais il serait également très important de parler de harcèlement des enseignants du fondamental envers les enfants, où les moyens de recours sont très limités pour les parents. Les enseignants ne sont aucunement sanctionnés et les enfants subissent de très violentes humiliations. Les enseignants qui harcèlent les enfants sont souvent connus du ministère de l’Enseignement, du bourgmestre, des autres enseignants, et personne ne bouge!"

Fluppes: "Les enseignants en maternelle et en primaire ne font rien si un enfant se fait maltraiter. On dit aux parents d'envoyer leur enfant dans une école à l'étranger."

Cool: "Mon enfant quand il était en primaire, il a dû faire face à énormément de harcèlement moral, par des enfants qui le poussait et le tapait. Cela se déroulait pendant les cours quand l’enseignante ne s’en rendait pas compte, ou bien au moment de la sortie de classe. J’ai dû appeler la police qui a été au domicile de ce jeune ( le “chef” de cet groupe)"

LA VIOLENCE DES ENFANTS, LA FAUTE DES PARENTS?

Ecureuil: "Il faut absolument que les parents, surtout ceux qui en ont la garde, soient sanctionnés de façon très sévère".

(Anonyme): "Si on ne peut pas punir les enfants, il faut à tout prix leur faire la morale et condamner les parents qui en ont la garde (chercher dans ce cas des moyens efficaces, notamment financiers, et pour les non-Luxembourgeois, si récidives, il y a interdiction du territoire). On ne va pas attendre que cela devienne encore plus grave. Il faut des mesures fortes".

Marcopolo: "Pour ma part les parents sont essentiellement responsables de leurs enfants et je connais certains parents qui ont peur de leurs enfants!"

APPEL À TÉMOIGNAGE

Vous pouvez réagir à ces témoignages en publiant un commentaire, ou bien en remplissant le formulaire ci-dessous, qui vous permettra de laisser un contact (mail, numéro de GSM) si vous souhaitez être contacté par notre journaliste. Votre anonymat est garanti.