A Luxembourg-ville, nombreux sont les commerces à souffrir de la crise du coronavirus. Le Chalon de thé, temple des félins, tente de s'en sortir en lançant une cagnotte en ligne.

"La faillite de Ladurée, ça a choqué tout le monde en ville". A Luxembourg, le coronavirus a eu raison de dizaine de boutiques en passe de mettre la clé sous la porte, dont parfois de célèbres et luxueuses enseignes. A quelques pas de là, c'est précisément ce que l'on veut éviter au Chalon de thé, qui a ouvert ses portes dans la capitale luxembourgeoise il y a un peu plus d'un an. "On veut tout tenter pour survivre mais oui, on est très inquiet. Notre Chalon de thé est en danger" lance Mehdi Mimèche, le gérant. Alors, depuis quelques jours, une cagnotte de solidarité en ligne a été créée sur Leetchi. Plus de 3.400€ ont été collectés jusqu'à présent; il reste une grosse vingtaine de jours avant que la cagnotte ne ferme. "Certain(e)s client(e)s ont un peu de mal avec internet et glissent un billet dans notre cagnotte au bar" souligne le gérant.

La carte du financement participatif a déjà été jouée à Metz par les associés du Chalons de Thé, d'abord afin d'en faciliter l'ouverture dans un contexte pré-covid beaucoup plus apaisé, ensuite en pleine crise du coronavirus. Cela a permis de récolter 6.000€ puis 4.000€. "Je suppose que les gens sont sensibles à notre Chalon car d'une certaine façon, il les aide à lutter contre le stress, l'insomnie ou l'anxiété. Nous accueillons par exemple des personnes âgées vivant seules, qui viennent passer du bon temps aux côtés de nos animaux."

Notre reportage au Chalon de Thé, à l'occasion de son ouverture au Luxembourg
Le premier bar à chats du Luxembourg

Les loyers étant plus élevés au Grand-Duché qu'en Moselle, la situation du Chalon dans la capitale luxembourgeoise y est un peu plus délicate... Fermé trois mois, entre mi-mars et le 6 juin (confinement oblige), il a ainsi perdu plus de 40.000€. Les associés se sont partagés les félins, qu'ils ont pris en charge à leur domicile et à leurs frais. "La période a été assez douloureuse, témoigne Mehdi Mimèche. Ce n'est pas facile de sortir trois mois de loyer en une fois, soit 18.000€, alors qu'on n'a pas eu de rentrée d'argent. A la réouverture, la fréquentation avait baissé de moitié. Là, en août, ça va un peu mieux, on voit un peu plus de touristes. Mais on peine à atteindre un chiffre d'affaire correct." Notons qu'à l'intérieur, des plaques de plexiglas ont été installées entre les tables et les clients doivent porter un masque lorsqu'ils circulent, comme cela est de rigueur dans les établissements de restauration.

Le Chalon a certes bénéficié d'aides de l'état luxembourgeois, soit deux versements de 5.000€, comme tous les établissement de l'Horesca, et de la mise en place du chômage partiel. Mais l'établissement dont on parle est un peu différent d'un bar classique... "Nous avons des frais fixes plus importants que les autres: puisque nous abritons des chats, nous devons aussi payer les vétérinaires, les croquettes, les litières, etc. Ces aides ne couvrent pas nos dépenses" explique le gérant.

Tout ne repose cependant pas sur cette cagnotte en ligne. Plusieurs événements vont être planifiés afin de "remonter le chiffre d'affaire". "Si la situation ne s'améliore pas, oui, on va fermer. Mais on se donne à 300% pour trouver des solutions" conclut Mehdi Mimèche.