"Aux heures de pointe, il n'y a que le train qui peut absorber le trafic", assure Rémy Dick, président de TeMo. Pour rendre crédible l'offre de transport public localement et vers le Luxembourg, le syndicat des transports du Nord de la Moselle va réaménager trois gares, lancer des cars express pour rallier ces gares et mettre le BHNS au service des frontaliers.
À l'heure où l'A3, principal axe autoroutier du Luxembourg, réserve aux bus et au covoiturage sa toute nouvelle 3e voie et où la future ligne Luxembourg-Bettembourg se dessine toujours plus concrètement le long de l'A3, une petite révolution est en cours dans le vaste territoire mosellan qui longe la frontière. Les réflexions portent sur la meilleure façon d'encourager les frontaliers à préférer les transports en commun à leur voiture. Un "plan de bataille" est sur les rails. Et une première solution changera la donne avant la fin de l'été.
"Au 1er septembre au plus tard" le nouveau pont Konrad Adenauer qui enjambe les voies ferrées à Thionville et le pont Alcide de Gasperi qui passe au-dessus de la Moselle, 800 mètres plus bas, vont tous deux "permettre aux bus de contourner le trafic routier sur le pont des Alliés totalement saturé aux heures de pointe", explique Rémy Dick. La gare de Thionville sera alors la première a être "totalement sécurisée dans son accès pour la mobilité collective", souligne le président de TeMo.

Le nouveau pont Alcide de Gasperi permettra au BHNS de desservir directement la gare de Thionville depuis Yutz et Basse-Ham dès septembre. / © Maurice Fick / RTL
C'est le nouveau nom du syndicat de transport qui gère la mobilité sur le nord de la Moselle qui s'étend de Guénange à la frontière luxembourgeoise. Le périmètre limité jusqu'ici au Thionvillois et à la Vallée de la Fensch s'est agrandi au 1er janvier 2025 avec l'arrivée de tout le pays de Cattenom et toute la région frontalière d'Esch-sur-Alzette, incluant Audun-le-Tiche et Aumetz notamment. Soit 54 communes. Le territoire devrait encore s'agrandir pour "créer l'identité d'un bloc "frontière luxembourgeoise" et organiser les mobilités le long de la frontière", explique Rémy Dick. Des discussions sont en cours avec les élus du Bouzonvillois et de l'Arc mosellan.
La mise en circulation des deux nouveaux ponts signifie que l'accès à la gare de Thionville sera beaucoup plus facile. Les frontaliers auront alors "la certitude de pouvoir prendre le bus pour aller à la gare de Thionville le matin et le soir. Avec une ligne directement de Yutz, Basse-Ham, Thionville, Terville, de la Fensch. Ils pourront se rendre à la gare sans être dans les bouchons", résume Rémy Dick.
Un changement de taille pour les usagers et une pierre angulaire dans le vaste plan de restructuration des mobilités que TeMo veut mettre en musique sur son territoire. Après l'aménagement aux abords immédiats de la gare de Thionville, les gares d'Uckange et d'Hettange-Grande suivront. Ces trois gares sont amenées à devenir des pôles multimodaux pour le transport de travail. Pour y parvenir "on a un travail de fourmi à réaliser avec les territoires", concède Rémy Dick.

© Maurice Fick / RTL
Des travaux vont être réalisés rapidement à Uckange pour assurer l'accès à la gare. Si actuellement les bus ne peuvent pas aller à la gare d'Uckange, "à partir de septembre-octobre ce sera possible", assure Rémy Dick. À Hettange-Grande "on est entrain de travailler avec la Ville et la Communauté de communes de Cattenom et environs pour un aménagement d'un transport en site propre" qui serait "un contournement d'Hettange-Grande pour avoir un accès à la gare en bus, le matin et le soir".
Le BHNS au service des frontaliers
L'idée est de relier ces trois futurs pôles multimodaux par un Bus à haut niveau de services (BHNS) dans le but de rendre la mobilité attractive pour ceux qui vont au travail. "On a besoin d'un BHNS qui a une prévisibilité horaire. Les frontaliers en ont besoin pour aller prendre leur train, accéder à une gare, une halte ferroviaire et ensuite aller à Luxembourg ou à Metz. Car quasiment autant de personnes vont vers la frontière luxembourgeoise que du côté de Metz ou Nancy", explique le président de TeMo.
Le BHNS va voir le jour "progressivement jusqu'en 2028-2029". Le BHNS, passera dès septembre via les deux nouveaux pont à Thionville. Il fera ensuite le lien entre Hayange, Serémange-Erzange et Florange qui sera réalisé "entre cette année et l'année prochaine". L'accès à la gare d'Uckange doit se faire "en 2026-2027".
Des cars express pour assurer " le dernier kilomètre entre la gare et chez soi"
Vu les flux aux heures de pointe vers le Luxembourg, mais aussi vers Nancy-Metz, "il n'y a que le train qui peut absorber le trafic", martèle Rémy Dick. L'enjeu principal "c'est le dernier kilomètre entre la gare et chez soi. C'est de faire en sorte que les gens se disent "je vais aller à pied jusqu'à l'arrêt de bus". De là je vais à la gare et jusqu'à une autre gare à Luxembourg. Là je prends le tram et je vais à mon travail".
Pour transporter les salariés vers la gare la plus proche de chez eux, sans qu'ils attendent dans des bouchons ou se tracassent pour garer leur voiture, TeMo prévoit une nouvelle offre dédiée aux frontaliers avec des car express. L'accès facile aux gares depuis la plupart des villes du territoire pourrait se faire dans les "cinq - six ans", estime-t-il.
La seconde offre à développer est le transport du quotidien qui se fait autour de la Santé et des lieux de consommation que sont Bel-Air, le Linkling, Metzange-kinépolis et le centre-ville de Thionville. Ces quatre points de convergence seront reliés par une ligne commune.

© Maurice Fick / RTL
Le but de TeMo est de "faire en sorte que, peu importe d'où on vient dans le réseau, on puisse en maximum une correspondance a voir accès à l'un des ces points de convergence le plus vite possible".
Et la Région a décidé de discuter autour de la réouverture de nouvelles gares, de nouvelles haltes ferroviaires. Il s'agit '"d'ouvrir une gare à Florange, optimiser la gare d'Hayange, ouvrir une gare à Fontoy, à Audun-le-Tiche et pourquoi par un travail autour de Yutz, Bouzonville , Metzervisse et Kédange-sur-Canner. C'est un nouveau tissu de haltes ferroviaires qui pourraient émerger dans les dix prochaines années", explique Rémy Dick.
Deux études Urbanloop dans les tuyaux
Il reconnaît avoir commandé "deux études" à la société nancéenne Urbanloop. Ses capsules sur rails transportent de deux à six passagers sur un circuit en boucle en consommant très peu d'énergie au kilomètre. Urbanloop avait même décroché le record du monde en mai 2021.
"Une étude qui va vers Audun-le-Tiche et qui concerne le bassin de la Vallée de la Fensch et du bassin sidérurgique. Et une autre qui concerne la rive droite, côté Thionville, Yutz, Kuntzig et quasiment vers le Bouzonvillois. Ces deux études permettent d'intellectualiser une offre de mobilité alternative en milieu urbain et qui pourrait être une expérimentation à cinq ans. On essaye d'étudier un système de semi-tram, un tram léger qui pourrait s'installer en milieu très urbain", révèle le président de TeMo.
À lire également:
Tout près du Luxembourg: Thionville et la Fensch se marient pour avoir "les reins plus solides"
Parking, nouveaux logements... Thionville fait le point sur son futur quartier de la gare