© AFP
"Je me déteste tous les jours". Ingride Jesus Van Der Kellen, jugée pour avoir tué ses deux jeunes enfants, reste très fragile psychologiquement et n'a pas vraiment su expliquer son geste, mercredi devant les assises à Nancy.
"J'avais qu'une idée en tête, me suicider", déclare-t-elle rapidement après avoir démarré son récit de ce 15 février 2022.
Le matin, elle s'est disputée violemment avec son conjoint qui voulait la quitter et emmener les enfants, lui mettant même un coup de marteau. Un épisode dont elle ne se souvient pas: "Le trou noir".
Ensuite, elle ira chercher ses enfants de deux ans et demi et neuf mois à la crèche à la mi-journée et les étranglera dans sa voiture.
Son témoignage est entrecoupé de sanglots et de longs silences. Elle donne cependant très peu d'éléments sur la manière dont elle a procédé. "Je suis désolée de ne pas pouvoir apporter plus de réponses. Je ne me souviens pas".
Elle ajoute qu'elle aimerait comprendre, qu'elle est rongée par les remords. "J'aimerais me suicider, c'est tout". "Quand j'ai compris ce que j'avais fait, c'était trop tard. C'était trop tard... Je suis vraiment désolée de ce que j'ai fait. Je me déteste tous les jours".
"Rien ne justifie ce que j'ai fait ! J'ai toujours aimé mes enfants plus que tout au monde. Je n'ai pas compris pourquoi j'ai fait ça", poursuit-elle, tentant parfois maladroitement de rejeter une partie de la faute sur son ancien compagnon, qu'elle soupçonnait de l'avoir trompée. Ce qu'il a formellement nié la veille.
"J'aurais dû me séparer, c'est tout. Avec le recul, je sais, mais j'étais prise dans une parano..."
Ingride Jesus Van Der Kellen relate aussi le rendez-vous chez le psychiatre qu'elle n'avait pas réussi à avoir assez rapidement. Elle ne prenait pas les anti-dépresseurs qui lui avaient été prescrits car elle allaitait son bébé. "Tous ces gens auraient dû m'interner parce que je n'allais pas bien".
L'avocat général insiste : elle ne voulait pas abandonner ses enfants, "mais les seuls qui sont morts, ce sont eux". Elle éclate en sanglots, son avocate demande une suspension de 10 minutes.
À la reprise, l'avocat général lit une lettre de pardon envoyée par l'accusée à son ex-compagnon. Puis l'avocate de la défense demande une nouvelle suspension : l'état de sa cliente ne permet pas de continuer. Des soignants viennent lui redonner un traitement.