"Je ne sais toujours pas aujourd'hui ce que j'aurais dû faire" pour éviter le drame : aux assises de Nancy, un père a confié mardi son accablement, près de trois ans après le meurtre de ses deux enfants dont son ex-compagne est accusée.

Dans le box des accusés, son ex-compagne, Ingride Jesus Van Der Kellen, est jugée pour ce crime qu'elle a reconnu dès sa garde à vue, et à nouveau devant la cour d'assises. Elle n'a pas de réaction particulière, ses yeux sont rivés au sol.

Son ex-conjoint, 32 ans, ne la regarde pas davantage lors de sa déposition, où il insiste sur ce questionnement: qu'aurait-il pu faire pour éviter le drame ?

Le 15 février 2022, son ex-compagne avait été interpellée au volant par les gendarmes, alors qu'elle venait d'étrangler ses deux enfants de 9 mois et deux ans et demi, récupérés à la mi-journée à la garderie.

Auparavant, elle avait essayé d'assommer son conjoint avec un marteau, après qu'il lui eut annoncé son intention de quitter le domicile familial avec les enfants en raison de l'alcoolisme de la mère de famille.

Bouffi, les traits marqués, l'homme tremble parfois dans ses déclarations, lorsqu'il parle de ses enfants, ou des efforts qu'il a pu faire pour son ex-compagne, rencontrée alors qu'elle était chercheuse à l'Université de Lorraine, où il préparait une thèse.

Depuis février 2022, il a perdu 15 kilos, abandonné sa thèse, n'a plus la force de travailler.

Devant la cour, il dit déplorer "tout le temps perdu" le jour du drame avant que les gendarmes ne recherchent la mère de famille et les enfants, pointant du doigt "la défaillance du système policier".

Auparavant, la directrice de la crèche où étaient gardés les enfants a aussi déposé à la barre, décrivant une famille heureuse et aimante, dressant le portrait de l'accusée comme étant "une maman remplie d'amour".

Elle décrit les enfants, le matin du drame: "Emma, une petite fille coquine, attachante. On ne pouvait pas résister à son charme", et elle dépeint le petit garçon "comme un beau petit poupon".

L'accusée, qui encourt la perpétuité, avait admis un tempérament jaloux, devenu maladif et paranoïaque après avoir découvert l'infidélité de son compagnon. Ce dernier réfute et assure ne l'avoir "jamais trompée physiquement" en "quatre ans et demi".

"Mes enfants me manquent, tous les jours", conclut le père, abattu.

Le verdict est attendu vendredi.