Une étude de l'Insee parue ce jeudi 28 novembre montre que les trajets des frontaliers français dépassent largement ceux du reste de la population. En la matière, les moins bien lotis sont ceux qui vont... au Luxembourg !

Plus de kilomètres et plus de pollution. C'est le constat fait par l'Insee concernant les trajets domicile-travail des frontaliers. Une étude réalisée avec des données de 2021, auprès de ceux qui parcourent moins de 150 km pour arriver au travail. Soit, pour le Luxembourg, environ 103.000 frontaliers français à l'époque.

Les frontaliers du Luxembourg viennent de loin

Alors qu'un habitant lambda de la région Grand Est parcourt, en moyenne, 15 km pour se rendre à son travail, un frontalier fera plutôt 38 km. Et même 42 km pour les frontaliers du Luxembourg, les plus mal lotis en la matière.

Une moyenne qui cache des écarts parfois grands : la majorité des Français se rendant au Luxembourg parcourt moins de 40 km pour arriver au travail.

Mais un frontalier sur quatre se rendant au Luxembourg dépasse déjà les 50 km de trajet aller. Et leur nombre augmente plus rapidement que le nombre total de frontaliers, signe qu'ils sont de plus en plus nombreux à venir de loin. Probablement pour fuir les zones frontalières, où l'immobilier coûte plus cher.

"Parmi les frontaliers comme parmi les non-frontaliers, les cadres parcourent en moyenne des distances plus longues pour aller au travail, tandis que les employés ont les trajets les plus courts" a remarqué l'Insee.

La nationalité a également un impact : les frontaliers de nationalité française font plus de kilomètres que les frontaliers étrangers. Car ces derniers sont "probablement venus s’installer en France pour raison familiale ou financière, tout en conservant leur emploi dans leur pays d’origine".

C'est le cas de Lawrence et Anne, ancien résidents du Luxembourg ayant déménagé en France. Nous les avions rencontrés récemment dans le cadre de notre nouvelle série "Moi, frontalier".

Quitter le Luxembourg, le choix gagnant de ce jeune couple
Un choix économique, mais pas seulement ! Depuis deux ans, Anne et Lawrence ont décidé de s'installer à Rédange après avoir vécu au Luxembourg.

L'Insee estime que 2% des frontaliers vivant en France et se rendant au Luxembourg... sont Luxembourgeois.

Voiture et transport en commun : les indispensables des frontaliers

Pour parcourir leurs trajets, les frontaliers privilégient la voiture. Mais les frontaliers du Luxembourg se distinguent par rapport au reste des frontaliers de la région. Près de 82% d'entre eux se déplacent en voiture et 17% en transport en commun (contre 87% et 12% en moyenne pour tous les frontaliers).

La ligne ferroviaire Metz-Thionville-Luxembourg est déjà une des plus fréquentées du pays, et doit encore être renforcée dans les années à venir par l'ajout de plusieurs trains durant les heures de pointe.

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17% des frontaliers français se rendent au Luxembourg grâce aux transports en commun. C'est plus que la moyenne de 12% des "autres" frontaliers. / © Maxime Gonzales / RTL

Compte tenu du changement de pays à réaliser chaque jour, la marche, la trottinette ou le vélo sont évidemment quasi-inexistants, remarque l'Insee.

Du fait de ces longues distances à parcourir, et d'un usage plus fréquent de la voiture, les frontaliers ont aussi un bilan carbone plus élevé : "les déplacements domicile-travail d’un frontalier génèrent en moyenne 2,4 fois plus de gaz à effet de serre que ceux d’un travailleur non frontalier" écrit l'Insee.

En clair : dans la région, les frontaliers sont responsables de 25% de la pollution due aux déplacements domicile-travail, alors qu'ils ne représentent que 12% de la population. Soit 1,7 tonne de CO2 par an (en moyenne) pour un frontalier se rendant au Luxembourg. Presque autant que les deux tonnes de CO2 qu'il faudrait, selon le GIEC, se contenter d'émettre par personne d'ici 2050 pour limiter le changement climatique. Autant dire que pour les frontaliers, ce n'est pas gagné.