Les enjeux d’une campagne continentale sont multiples et servent de baromètre à un football luxembourgeois en train de perdre certains bastions et qui a peut-être mangé son pain blanc dans le concert européen.

L’âge d’or du football luxembourgeois en clubs est-il derrière nous? C’est sans doute un peu téméraire de l’affirmer mais il sera difficile de répéter les fulgurances qui ont accompagné les meilleurs représentants durant les années 2010.

Le Luxembourg avait pris une fameuse épaisseur et fait de l’Europa League son terrain de jeu préféré.  Differdange avait recueilli les dividendes de sa régularité en sortant Utrecht en 2013 avant d’échouer aux portes du play-off face à Tromsö au terme d’une séance de tirs au but traumatisante. Niederkorn s’était fendu d’un coup d’éclat face aux Rangers en 2017, amorçant la pompe à quelques belles campagnes et permettant à plusieurs joueurs de s’envoler vers des carrières internationales. Dudelange s’était lui offert deux épopées mémorables en 2018 et 2019 avec deux phases de poules et quelques duels de prestige dont l’un dans le mythique Stade San Siro du Milan AC.

Dudelange en perte de vitesse

La barre placée à une telle hauteur, il allait être difficile de faire mieux. Certaines performances ont encore valu des émotions fortes aux amateurs de ballon rond au pays, mais la tendance est à un retour à la normale.

Plusieurs raisons expliquent cette rentrée dans le rang. Le pays perd des piliers au fil des années. Le Fola a brutalement chuté de son piédestal et n’a plus que pour seule boussole le maintien parmi les 16 meilleures équipes du pays. Le Racing a lui aussi mangé son pain blanc. Le club de la capitale s’était découvert de nouvelles ambitions lorsque Karine Reuter l’avait pris sous son aile pour tenter de renouer avec le glorieux passé de l’Union, mais le temps a fait son œuvre et les robinets sont désormais coupés au Verlorenkost.

Plus inquiétant, Dudelange, véritable force vive de ces 20 dernières années, envoie depuis quelques mois des signaux de détresse. Le club n’est pas du genre à pleurer sur son sort ni à se répandre dans les médias mais une politique de transferts trompe rarement. Le départ de joueurs encore sous contrat et les discussions avec d’autres à qui l’on demande de consentir quelques sacrifices financiers augurent généralement d’années plus difficiles.

Il n’y a pas de secret. La crise sanitaire et ses retombées économiques ont mis à mal le modèle des clubs au pays. Sans mécène, il faut agrandir à l’infini son cercle de partenaires pour avoir les reins assez solides pour exister. Sur le plan national, les rustines peuvent encore masquer l’usure mais dans le concert international, la mise à nu est implacable.

Hesperange part de loin

Aujourd’hui, seul Hesperange semble avoir la puissance de feu pour creuser son sillon. Mais le club part de loin. Il lui faudra se construire une identité et améliorer un indice européen qui le placera dans la vasque des têtes de série lors du tirage au sort. Pour ça, il faut gagner des matchs européens. Le cercle est vicieux et avec un peu de malchance, c’est un adversaire de la taille du Slovan Bratislava qui sort de l’urne. Dudelange ne s’est pas construit en une campagne. Ni en cinq. Patience donc au Holleschbierg!

Les deux clubs de la commune de Differdange, eux, ne boxent pas dans la même catégorie. Ils s’appuient toutefois sur un vécu qui pèse lourd. Le Progrès a retrouvé de la moëlle la saison dernière et dispose des meilleures chances sur le papier pour franchir l’écueil du premier tour face aux Kosovars du SC Gjilani. Differdange devra attendre pour connaître l’identité de son adversaire au deuxième tour de la Conference League.

Il se souviendra que les promesses de la saison dernière face à l’Olimpija Ljubljana furent ruinées par une fin de match aussi cruelle que mal négociée. Cette désillusion fut la source de bien de maux pour un club dont la saison allait être un long calvaire embelli par une victoire en Coupe de Luxembourg.

La réussite ou l’échec d’une campagne continentale est parfois un facteur déterminant pour la saison à venir. Ça peut influer sur le moral des troupes. Ça oblige aussi à reprendre le flambeau bien plus tôt. Les organismes sont sollicités et avec son effectif trop étriqué, on n’est pas à l’abri d’une baisse de régime à un moment ou l’autre de la saison. Dudelange l’a mesuré à ses dépens il y a quelques semaines.