Indiscutable en sélection luxembourgeoise comme dans son club de la Royale Union Saint-Gilloise, Anthony Moris vit une deuxième partie de carrière rêvée. Rencontre en vidéo dans la banlieue bruxelloise...

Une carrière de sportif est souvent faite de hauts et de bas. Après des débuts très prometteurs, celle d'Anthony Moris aurait pu s'arrêter prématurément en raison de blessures à répétition. Mais à force de travail et de sacrifices, celui qui a été recruté à l'âge de 10 ans par le Standard de Liège pour intégrer le centre de formation, avant de connaître des épisodes difficiles, caracole aujourd'hui en tête de la Jupiler Pro League.

Non content de jouer le titre et la coupe d'Europe avec son club de la Royale Union Saint-Gilloise, le gardien est par ailleurs devenu une pièce maîtresse de la sélection nationale luxembourgeoise, nationalité que le jeune Belge a obtenue en 2014 grâce à son père luxembourgeois. Georges Moris, ancien footballeur et directeur de l'école Saint-Benoît à Habay-la-Neuve, située en Région wallonne dans la province de Luxembourg, a été déterminant dans la carrière de son fils. Le football, "c'est d'abord du plaisir familial, nous a confié Anthony. Mon papa était lui-même footballeur, en troisième et quatrième divisions en Belgique. Et mes frères jouaient au foot. J'ai deux frères beaucoup plus âgés que moi. Donc j'ai été baigné très vite dans le foot."

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Anthony Moris dans son premier club à à Habay-la-Neuve / © Archives familiales

"DISPUTER À 10 ANS DES STANDARD-ANDERLECHT, C'ÉTAIT DÉJÀ QUELQUE CHOSE D'ASSEZ FORT"

C'est peu de dire que le père d'Anthony Moris a cru en son fils. C'est lui qui emmène le jeune footballeur quasiment tous les jours d'Arlon à Liège pour les entraînements. "Je pense que derrière les espoirs qu'il mettait en moi, poursuit Anthony, il y avait une partie de rêve en lui-même qui permettait de tenir le cap. Et voilà, après, tu te prends au jeu. Disputer à 10 ans des Standard-Anderlecht, c'était déjà quelque chose d'assez fort, d'assez intense. C'était pas évident pour un gamin de 10, 11, 12 ans de devoir quitter l'école à 16h30, d'arriver à 17h30, s'entraîner, remonter dans la voiture. Au final, la voiture, c'était devenu ma maison quelque part parce que j'y mangeais, j'y dormais, j'y faisais mes devoirs et c'était répétitif, trois à quatre fois par semaine."

Le début de parcours du jeune gardien de but est plein de promesses. Anthony signe un premier contrat semi-professionnel à l'âge de 16 ans, puis effectue ses premiers matchs avec le Standard à 21 ans. Mais difficile de se faire une place dans le club mythique. Suivent des saisons compliquées: contrat cassé, passage au FC Malines où le gardien se blesse deux fois au niveau des ligaments croisés du genou, la blessure la plus préjudiciable pour un footballeur, en l'espace de deux ans.

"Très peu me donnaient encore la chance de devenir footballeur, se souvient le gardien, mais moi, j'ai toujours cru en moi. Je retiens aussi les matchs en troisième division belge avec Virton, où j'ai connu un peu la galère sur des terrains qui n'étaient pas top, l'éclairage, le peu de supporteurs autour du terrain... Voilà, j'ai connu tout ça et aujourd'hui je suis fier d'être vice-champion de Belgique et de pouvoir jouer l'Europa Ligue. C'est quand même assez fou quand je regarde dans le rétroviseur."

UN PORTIER LUXEMBOURGEOIS SUR LE TOIT DU FOOT BELGE

C'est le club de la Royale Union Saint-Gilloise qui lui permet de rebondir en 2020. Anthony apprécie les infrastructures et l'esprit familial qui y règne. La saison de son arrivée, le club est sacré champion en division 2 sous les ordres de l'entraîneur Felice Mazzù. L'Union retrouve la division 1 l'année suivante, et joue la Ligue Europa cette saison.

"Je pense que le secret, c'est qu'il n'y a pas de stars, affirme Anthony. Ici, ce sont des joueurs qui sont revanchards, qui ont faim, qui ont tout simplement envie de jouer au football pour les bons côtés du sport. Pas seulement pour les à-côtés, le côté bling-bling, le fait d'être vu, d'être reconnu. À l'Union, il n'y a pas tout ça, ce sont des joueurs qui sont contents d'être là, de jouer ensemble, qui prennent du plaisir. C'est ça le secret, tout simplement."

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© RUSG

Jusqu'en U21, Anthony a pris part aux matchs des équipes nationales de jeunes en Belgique. Il y a côtoyé De Bruyne, Hazard, Benteke ou Courtois. C'est à 24 ans qu'il obtient la nationalité luxembourgeoise sous l'impulsion de son père. La Fédération luxembourgeoise de football le contacte directement. En mars 2014, Anthony Moris effectue son premier stage avec les Lions Rouges, au Cap Vert.

"J'ai tout de suite accroché à l'ambiance qui régnait, avoue Anthony, à ce pays qui était en développement footballistique et je me disais que, pour moi, c'était aussi un challenge de participer à ça et d'essayer de faire grandir le Luxembourg. Ça a donné beaucoup d'envie et de désir à certains de voir que, même en temps que Luxembourgeois, il était possible de faire une belle carrière à l'étranger en jouant la Ligue des Champions, l'Europa Ligue, en gagnant des titres. Donc c'est une fierté pour moi d'avoir pu montrer ça et que c'était possible d'y arriver."

Évidemment, se qualifier avec la sélection pour un tournoi majeur est l'un des objectifs principaux de celui qui est devenu l'indiscutable numéro un de l'équipe de Luc Holtz. "Je crois en ce groupe, il y a vraiment aujourd’hui énormément de qualités pour y arriver", conclut Anthony Moris, pour qui "y croire" signifie beaucoup.