Le documentaire «Um Ball» raconte les difficultés rencontrées par le football féminin au Luxembourg pour être accepté puis valorisé.
Cinquante ans de football féminin au pays. Ou presque serait-on tenté d’ajouter. Car la ligne du temps n’est pas continue. Elle a connu des parenthèses. Tessy Troes et Sarah Muller le racontent très bien dans le documentaire "Um Ball" sorti il y a quinze jours. "C’était une réponse à un appel à projets de Esch2022. Ça tombait bien avec cet anniversaire", raconte Tessy Troes, ancienne joueuse et initiatrice de ce film qui dure un peu plus d’une heure.
Ce ne fut pas toujours l’amour foot entre ces dames venues braconner sur un terrain qui leur était hostile et des hommes parfois moqueurs, voire dédaigneux dans le chef de certains décideurs.
Qu’importe, les pionnières ignoraient le qu’en-dira-t-on. De Bissen à Niederkorn en passant par Mondercange, elles s’ébrouèrent dans des conditions parfois indignes et le racontent aujourd’hui avec beaucoup d’anecdotes plaisantes. Après six championnats, la compétition fut arrêtée une première fois. Puis une seconde fois en 1989 avant que les choses ne se structurent enfin en 1997.
"Ces difficultés ne m’ont pas surprise", raconte Sarah Muller qui s’est glissée dans les pas de Tessy Troes pour mener à bien ce projet. "J’ai davantage été étonnée par la teneur du discours de ces dames. Elles ne menaient pas de combat. Elles étaient là par amour du foot", poursuit la citoyenne de Saeul qui dessinait des maillots sur des tee-shirts blancs pendant les vacances de Pâques lorsqu’elle était gamine.
La diaspora portugaise a donné un fameux coup de main aux Luxembourgeoises à la fin des années 90 pour remettre l’ouvrage sur le métier et sensibiliser les autorités du foot au pays. Il n’était plus question pour un club de s’exiler dans un pays voisin comme l’avait fait le Progrès ou pour les meilleures joueuses de se rassembler sous une pseudo bannière pour passer la Manche et y défier l’Angleterre.
Le championnat a trouvé sa vitesse de croisière et l’équipe nationale a vu le jour au cœur des années 2000 avant de prendre part à des qualifications de tournois majeurs comme le Championnat d’Europe puis la Coupe du monde. De plus en plus mis sous les feux des projecteurs, le foot féminin s’est aussi invité au dernier Congrès de la FLF parmi les thèmes majeurs à défendre.
Une réforme est attendue très prochainement pour redonner de la crédibilité à une compétition composée d’équipes au niveau trop différent.
La matière était donc imposante pour un documentaire de cette taille. Il a fallu réduire 44 heures d’entretien en un peu moins d’une heure et trouver comment illustrer les 25 premières années sans matériel audiovisuel et avec assez peu d’archives trouvées au centre national de l’audiovisuel.
Fini quelques heures avant sa première diffusion à l’Aalt Stadhaus de Differdange le jeudi 20 octobre, le film doit désormais circuler à travers le pays. Cinémas et centres culturels devraient l’accueillir avant que peut-être une plate-forme ne s’en saisisse.
