L’eau tiède qui coule à la Fédération Luxembourgeoise de Football est soudain devenue un peu plus chaude à l’approche d’un congrès ordinaire à l’allure extraordinaire.

Ça s’agite sur les réseaux sociaux. Chaque camp jette ses dernières forces dans la bataille. Depuis douze ans qu’ils attendent un duel pour la présidence, les 112 clubs ont eu le temps de fourbir leurs armes et de prendre parti.

Paul Philipp était tellement bien installé dans son fauteuil de président de la plus grande fédération sportive du pays depuis 2004 qu’on voyait mal quelqu’un vouloir venir l’en déloger avant que le principal intéressé ne fasse un pas de côté de sa propre volonté.

LA COMMUNICATION COMME CAILLOU

Claude Kremer a pourtant bravé l’interdit. Ce chef comptable de 45 ans est sorti des rangs pour défier son patron. Car l’ancien arbitre faisait partie du conseil d’administration depuis 18 ans. Il est passé d’une commission à l’autre, prenant le pouls d’un football grand-ducal à l’état de santé variable. Les réformes lancées au compte-gouttes par l’équipe Philipp depuis des années n’allaient pas assez vite au goût du challenger poussé sur le ring par des dizaines de soutien.

Et ce samedi matin, au centre culturel Paul Barblé de Strassen, Kremer aura bien besoin d’un socle de fidèles pour faire vaciller le patron du football luxembourgeois. Philipp a bien profité du centre national de Mondercange pour défendre son bilan. Comment ne pas reconnaître l’évolution des résultats dans toutes les catégories d’âge des sélections FLF ces dix dernières années? A qui en attribuer le mérite est un autre débat.

Philipp et son équipe s’appuient sur cette vitrine internationale pour revendiquer le droit de poursuivre leur mission. Et sur un stade flambant neuf qui invite davantage à venir soutenir les Lions Rouges. L’état-major actuel est appuyé par des finances saines et des subsides européens et mondiaux qu’il s’agit de distribuer à bon escient. Notamment à des clubs qui font face aux soucis du quotidien. Pêle-mêle, on citera le manque de bénévoles, un football féminin qui a brisé sa coquille mais qui peine à trouver son format idéal au pays, une section futsal en manque de considération aux yeux de certains, un arbitrage à l’agonie et une communication d’un autre temps.

C’est là le caillou principal dans la chaussure de Paul Philipp. La FLF n’a pas pris le train du digital à temps et a bien du mal à sauter dans le bon wagon. Claude Kremer tente d’exploiter ce filon au maximum et veut non seulement développer la façon de communiquer mais aussi réussir à mieux vendre un football à plusieurs vitesses. C’est sans doute là que réside l’un des nœuds du problème. Comment satisfaire la base et le sommet de la pyramide en même temps?

737 VOIX

Derrière ce duel se joue aussi une autre pièce. Celle du conseil d’administration à renouveler en partie. Cinq nouveaux mandats sont à pourvoir. Quatre membres sortants dont trois sont des soutiens indéfectibles de Paul Philipp se représentent. D’autres ont tissé des alliances et porté la bonne nouvelle aux clubs qu’ils ont tenté de séduire.

737 voix sont à distribuer si tout le monde répond présent. La BGL Ligue et la Promotion d’Honneur disposent de près de la moitié de ce paquet en raison notamment du nombre d’équipes qu’ils alignent dans les différentes catégories.

Une fois les urnes dépouillées, un nouveau conseil d’administration devra relancer la machine. S’il ressemble au précédent, il devra rapidement tenir compte des griefs formulés à droite et à gauche pour éviter une inertie qui lui a trop souvent collé à la peau ces dernières années.