À bord de leurs Ford Crown Victoria, deux amis, un Français et un Luxembourgeois, sillonnent les routes du Luxembourg en tenues de SWAT. Une passion partagée pour les voitures américaines, qui intrigue autant qu’elle amuse les passants… et les véritables forces de l’ordre.
Dans les rues du Luxembourg, deux silhouettes attirent l’attention. Tenue du Swat, talkie-walkie grésillant à la ceinture et véhicules estampillés ”Interceptor”. À première vue, on croirait à une intervention policière importée des États-Unis. Mais derrière cette mise en scène, aucun badge officiel : seulement Patrick Sarti et Stéphane Collignon, deux passionnés, amis de longue date, liés par leur fascination commune pour l’univers policier américain.
Des Ford d’un autre continent
C’est Patrick, 63 ans, retraité de la Madeleine à Pétange, qui initie son complice à cette passion. L’homme a grandi dans les effluves d’essence et les chromes étincelants : son père collectionnait déjà les voitures Américaines, sa mère l’embarquait, enceinte, dans des road-trips transatlantiques. La Ford Crown Victoria Interceptor 7, modèle emblématique des forces de l’ordre américaines, il l’achète en 2020 à un ancien policier. Le véhicule, parfaitement conservé, dort dans un garage depuis son importation. ”Dès que je l’ai vue, j’en suis tombé amoureux”, raconte-t-il.
Stéphane, 57 ans, originaire de Mont-Saint-Martin en Meurthe-et-Moselle, se laisse vite convaincre. Lui aussi déniche un ancien modèle, acheté à un policier belge à la retraite. ”J’ai dû insister longtemps pour qu’il me la cède. Je l’ai un peu harcelé”, s’amuse le faux policier français.

© Anaïs Riffi
Entre réglementation et admiration
Si l’attirail intrigue, tout est fait dans le respect de la législation. Au Luxembourg, l’homologation s’est faite via un contrôle technique classique assorti d’un certificat TUV. Gyrophares et sirènes ne sont autorisés que sur terrain privé. En France, même chose : pas d’armes, même factices, et un usage strictement limité. ”La préfecture m’a donné une autorisation, mais uniquement pour des événements en circuit fermé”, précise Stéphane.
Les deux hommes prennent garde à ne jamais franchir la ligne. Et pourtant, l’uniforme interpelle. ”Des policiers nous arrêtent pour faire des photos. Une fois, on nous a demandé de simuler une interpellation pour un tournage amateur”, sourit Patrick. Le duo amuse plus qu’il n’inquiète.
Une passion à prix fort
Les véhicules ne sont pas donnés. Entre 15 000 et 25 000 euros selon les modèles, auxquels s’ajoutent les frais d’entretien, les équipements et parfois l’importation. ”C’est un plaisir onéreux, mais assumé”, affirment-ils. Stéphane, de son côté, collectionne aussi d’autres modèles d’époque : une Mustang de 1967, une R12TS de 1972 ou encore une BMW E10 de 1976. ”J’ai même contaminé ma compagne”, plaisante-t-il.
Sarti et Hutch
Loin de chercher la reconnaissance, les deux complices s’amusent de leur notoriété locale. Mariages, défilés, animations : ils sont régulièrement sollicités pour prêter leurs véhicules… (et leurs déguisements). ”Une fois, une femme nous a demandé de lui passer les menottes pour le fun. Une autre, on a joué les chauffeurs de la mariée”, se souvient Stéphane Collignon.
Et les enfants, eux, ne s’y trompent pas. Ils grimpent à l’arrière du véhicule, demandent la sirène et repartent des étoiles dans les yeux. ”Ce n’est pas un rôle, c’est une passion”, résume Patrick. Un remake grandeur nature de Starsky et Hutch, version luxembourgeoise.