À l’heure où les États-Unis snobent la COP30 au Brésil, le Luxembourg vient de créer un centre axé sur les recherches socio-environnementales qui pourrait séduire les scientifiques américains déçus de leur administration.
Chaque année, l’université de Luxembourg gagne en reconnaissance et en prestige. Sa décision de créer le “Luxembourg Centre for Socio-Environmental System” devrait faire gravir un échelon à l’Uni, tant ce projet est ambitieux comme nous l’a expliqué son directeur, l’Allemand Ralf Seppelt : “Le souhait de construire ce centre est quelque chose que l’administration de l’université a expliqué. Elle voulait investir dans le troisième pilier de la stratégie du développement durable et de la science environnementale.”
Après le lancement d’une compétition, le projet proposé par Ralf Seppelt d’un centre dédié aux sciences socio-environnementales séduit : “Une chose qu’il faut savoir à propos du centre, c’est qu’on y fait de la recherche sur les changements globaux. On essaie de comprendre comment les humains utilisent les ressources à une échelle globale. Ce qui est assez unique pour le Luxembourg parce que même s’il y a ici de la recherche environnementale, il n’y en a pas à cette échelle et pas aussi complète.”
Le centre se destine à devenir un point de contact international pour certains comités travaillant sur la recherche environnementale. Il est d’ailleurs partenaire du GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, une fierté pour Simone Niclou, vice-rectrice à la recherche :”Un centre dédié aux sciences socio-environnementales, c’est quelque chose qui n’est pas encore établi au Luxembourg, une thématique de recherche qui manquait. En tant qu’université ouverte sur le monde, on est toujours intéressé par les profils de partout dans le monde. Et bien sûr aussi des États-Unis. Mais c’est clair que la thématique est particulièrement sensible aujourd’hui et il y a en effet un intérêt particulier des chercheurs des États-Unis.”
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Car les États-Unis ont un président climato-sceptique, un fait qui change la donne pour nombre de scientifiques américains qui songent à l’exil. En France, l’université d’Aix-Marseille a accueilli 31 chercheurs américains, menacés dans leur liberté académique par la politique de Donald Trump, à la rentrée dernière dans le cadre de son programme Safe Place for Science (« un lieu sûr pour la science »). Simone Niclou s’en désole : “Sincèrement, j’espère que ça ne va pas changer et que les États-Unis vont rester le pôle d’excellence dans la recherche.”
“J’ai le job de mes rêves ici”
Lindsay Flynn est américaine et installée au Luxembourg depuis 2021. La chercheuse, désormais directrice de l'Institut des sciences politiques, se sent parfaitement épanouie au Grand-Duché : “La vie en tant que chercheuse américaine au Luxembourg est super, en tout cas pour moi. J’ai le job de mes rêves ici. J’ai reçu une subvention conséquente du Fonds National de la Recherche, ce qui m’a permis de monter un programme de recherche et une équipe de chercheurs. C’est très motivant et énergisant. Je travaille avec de nombreux formidables jeunes universitaires, c’est très agréable. J’aime la façon d’aborder la recherche et son environnement ici, c’est très dynamique.”
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La taille du pays est un autre élément séduisant pour un scientifique habitué à évoluer dans une grande nation. Lindsay Flynn poursuit : “J’ai eu récemment l’opportunité de présenter certains de mes résultats à la Chambre des députés. Et c’est un autre atout du Luxembourg, le nombre de points de connexions entre les chercheurs, la société civile et les décideurs politiques est élevé, c’est très appréciable ici.”
Le directeur du centre, qui est en phase de recrutement, est bien sûr heureux à l’idée de pouvoir attirer des talents du monde entier et en particulier d’outre-Atlantique :”On a bien sûr beaucoup de candidatures venant des États-Unis. Quand on parle à ces personnes, on constate beaucoup de restrictions de liberté. Par exemple, des collègues de Boulder dans le Colorado qui travaillent habituellement sur la biodiversité, la richesse des espèces. Mais ils ne sont pas autorisés à le faire parce qu’il y a le mot ‘diversité’ dans le sujet. Pourtant ça n’a aucun rapport avec l’égalité des chances. Ils se posent la question suivante : Est-ce que je veux quitter mon pays ou alors rester ici et me battre pour la démocratie, la liberté de parole et une science libre ? Jusqu’ici, les gens avec lesquels je travaille, ils ont décidé de rester sur place, de ne pas la fermer et même de donner de la voix.”
En ce qui concerne Lindsay Finn, pas question de retourner aux États-Unis : “Tous ceux à qui j’ai parlé du Luxembourg - et ça fait des années que j’en parle - je pense que tous viendraient au Luxembourg s’ils le pouvaient. “
La vice-rectrice à la recherche Simone Niclou concède humblement que le Luxembourg pourrait être une destination séduisante pour des chercheurs américains :”On a des attraits très intéressants. On vise aussi l’excellence, on a l’excellence dans certains domaines. Et on est dans un pays très ouvert et multiculturel.”