C'est presque une anomalie en Ligue 1. Une femme assure la fonction de directrice générale du club du FC Metz. Mais Hélène Schrub est avant tout une enfant du pays et une fan de longue date des grenats.
Le parcours d’Hélène Schrub ressemble à un conte de Noël - référence un peu tardive question calendrier, je l’admets -.
Car devenir la “numéro deux” du club de son enfance constitue une aventure quasi romanesque. Directrice générale de ce FC Metz qui alimentait toutes les conversations dans la famille, en premier lieu avec un grand-père passionné qui n'osait pas emmener la petite Hélène au stade - “Je ne sais pas s’il pensait que c'était dangereux ou que ce n'était pas pour les filles” - et plus tard au lycée, à l’époque où Robert Pirès faisait les beaux jours des grenats.
En dépit de cet intérêt dévorant, ce n’est pas vers le sport que la jeune bachelière messine s’oriente à l’aube des années 2000 mais vers les sciences politiques. Sciences Po Nancy, puis une année en Allemagne. Le FC Metz semble loin. Pourtant, son club de cœur va refaire surface dans la vie d’Hélène Schrub. Grâce tout d’abord à l’ouverture de la section de métiers du sport à Sciences Po, se rappelle-t-elle : “J’ai été élevée au grain en disant : il faut que tu aies un beau métier, tu es une femme comme ça tu pourras être indépendante et tu feras ce que tu veux dans la vie. Et je n'avais jamais pensé que, dans le sport, on pouvait travailler, avoir un métier qui nous permette d'être, en tant que femme notamment, indépendante et autonome.”
C’est donc logiquement qu’Hélène sollicite le FC Metz pour son stage de fin d'études, au service communication dirigé par Jean-Marie Schiffmacher. C’est durant ces six mois que l’ancien joueur Philippe Gaillot va apprendre à la jeune stagiaire l’existence d’un master de droit et d'économie du sport à Limoges. Hélène va ainsi parfaire sa formation.
Et puis vient ce jour d’avril 2006 et ce coup de téléphone qui va tout changer, quand Jean-Marie Schiffmacher part en retraite. C’est la voix du président Carlo Molinari qui résonne dans l’appareil : “Écoute Hélène, Jean-Marie s'en va, est-ce que ça t'intéresse ? “
“Je travaillais à Paris à l'époque, se souvient Hélène. On a pris rendez-vous, il m’a invitée à dîner et il m'a proposé de le rejoindre. Là j'avoue, je n'ai pas réfléchi très longtemps [,,,] c'est le FC Metz, c'est mon club, c'est chez moi. Cette opportunité-là, je l'aurai qu'une seule fois dans ma vie.”
"On a des personnages hauts en couleur dans le football français"
Voilà Hélène Schrub responsable communication, poste qu’elle occupera jusqu’en 2012, quand le FC Metz sera relégué en National. Une réorganisation interne porte alors la jeune femme vers la fonction de secrétaire générale, avec deux directeurs généraux pour l’encadrer. En 2016, trop accaparé par ses activités d’homme d’affaires, l'actuel président Bernard Serin propose à Hélène de devenir directrice générale afin de pouvoir le représenter en son absence. À l’époque, Pauline Gamerre dirige le club du Red Star en Ligue 2, ouvrant la voie aux femmes dans les clubs de football, après tout des entreprises comme les autres.
“C'est vrai que lors des réunions, les autres présidents de Ligue 1 et de Ligue 2 étaient parfois un petit peu étonnés de voir que c'est moi qui représentais le FC Metz et aussi de voir que je pouvais prendre la parole sur les dossiers. On a des personnages hauts en couleur dans le football français. Donc il y en a qui parlent peut-être différemment de ce à quoi j'ai été habituée dans le monde professionnel, mais franchement je n'ai jamais eu affaire à un manque de respect de la part de l'un ou l'autre.”
Car Hélène connaît son affaire. La DG du FC Metz a même eu le temps de mener une honnête carrière de joueuse dans les clubs de Novéant-sur-Moselle et Amanvillers. Le football a donc rythmé sa vie depuis son enfance et la jeune femme inspire beaucoup de respect aux supporteurs des grenats, même s’ils ont pu éprouver pas mal de frustration depuis les glorieuses années 90.
“Le football a changé depuis la fin des années 90. Aujourd'hui, on est sur des budgets qui sont sans commune mesure avec ceux qui étaient les budgets des clubs à l'époque. Compte tenu de son emplacement géographique, on sait que le FC Metz peut avoir, à un moment ou un autre, quelques limites. On essaie depuis des années d'augmenter ce budget et le président a beaucoup fait pour ça, notamment en lançant des projets d'infrastructures pour aller chercher des revenus supplémentaires complémentaires.”
L’autre mission d’Hélène, c’est de conserver l’identité du club. Et cela passe par un travail de pédagogie auprès des joueurs et des membres du staff, dont certains ne font que passer. “La meilleure façon pour eux d'apprendre ce qu'est le FC Metz, conclut Hélène Schrub, c'est d'aller au contact des supporters, d'aller au contact des partenaires, d'aller au contact de nos collaborateurs qui, pour la plupart, sont issus du territoire, ont cet amour du FC Metz et cette identité du club chevillée au corps. Et je pense que c'est ça que, modestement mais en même temps avec beaucoup d'ambition, on essaie de faire au quotidien.”