A Rafah, dans le sud du territoire palestinien, des combattants masqués et armés entourent un podium au moment où les deux premiers otages sont remis à la Croix-Rouge. L’un deux, Avera Mengistu, captif depuis plus de dix ans, marche avec une apparente difficulté.
Comme lors des précédentes libérations d’otages depuis le début de la trêve le 19 janvier dans la bande de Gaza après 15 mois de guerre, Tal Shoham et Avera Mengistu se voient remettre des “certificats de libération” en hébreu, accompagnés de leurs photos.
Tout autour de la place, des centaines de Gazaouis sont rassemblés pour assister à la cérémonie en ce matin d’hiver brumeux et pluvieux. Certains sont perchés sur des étages de béton, vestiges d’immeubles en grande partie détruits par les bombardements.
Un peu plus tard, à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, trois otages israéliens supplémentaires, Eliya Cohen, Omer Shem Tov et Omer Wenkert, sont libérés au cours d’une mise en scène identique.
Les trois hommes ont été enlevés sur les lieux du festival de musique Nova lors de l’attaque du Hamas dans le sud israélien du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Ils sont escortés sur scène par des hommes cagoulés, fusils en bandoulière. L’un des trois est tout sourire, lève le pouce, envoie un baiser à la foule où certains le saluent, et embrasse deux hommes armés sur le crâne, enveloppé dans un keffieh.
Un sixième otage, Hicham al-Sayed, Bédouin israélien otage à Gaza depuis plus de dix ans a été remis à la Croix-Rouge loin des caméras, sans cérémonie.
Après ces libération d’otages, dans le cadre du septième échange depuis le début de la trêve, Israël doit relâcher quelque 600 Palestiniens détenus.
A Rafah et Nousseirat, le Hamas a préparé tôt le matin ces mises en scène désormais bien rodées, dénoncées à plusieurs reprises par le CICR, l’ONU et Israël comme attentatoires à la dignité des otages.
Les podiums où défilent les otages sont surmontés de grandes affiches et panneaux vantant les actions du mouvement islamiste armé et faisant l’éloge de ses combattants tombés pendant la guerre.
Dans la foule à Rafah, des Gazaouis interrogés par l’AFP saluent le combat des Palestiniens contre l’occupation israélienne, et soulignent leur attachement à la bande de Gaza, en ruines, après les déclarations répétées du président américain, Donald Trump, proposant d’en déplacer les habitants vers l’Egypte et la Jordanie.
“Ici, Netanyahu verra avec Trump que (...) la résistance est inébranlable”, lâche Fidaa Awda, habitante de Rafah.
“Nous ne voulons pas être déplacés, c’est notre terre (...), nous restons inébranlables”, renchérit une autre Gazaouie, Oumm Nader Abou Charekh.
Dans une démonstration de force, des combattants du Hamas, cagoulés et portant des bandeaux vert du mouvement, ont brandi des kalachnikovs ou des lance-roquettes portatifs.
A l’issue de ces libérations à Rafah, 62 otages enlevés lors de l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël sont toujours retenus à Gaza, dont 35 sont morts, selon l’armée israélienne.
Dans le cadre de la première phase du cessez-le-feu à Gaza, qui doit s’achever le 1er mars, le Hamas et d’autres mouvements armés palestiniens à Gaza ont rendu 29 otages israéliens, incluant quatre corps.