
“L’URL d’un site “s’engager en Ukraine” qui reprend la charte graphique des sites gouvernementaux circule actuellement sur X”, indique le ministère. “Ce site est un faux site gouvernemental, relayé sur les réseaux sociaux par des comptes malveillants, pour une campagne de désinformation”.
Le site en question, inaccessible en fin de matinée, invitait les volontaires à laisser leurs coordonnées. “Les immigrés sont prioritaires”, précisait-il notamment, en proposant de discuter avec “Capitaine Paul, commandant d’unité”.
L’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, Viginum, a repéré le site mercredi en début d’après-midi.
Et si le ministère des Armées ne désignait officiellement jeudi aucune piste quant aux auteurs du faux, une source proche de l’exécutif a indiqué à l’AFP que les premiers indices pointaient les réseaux de communication de la galaxie du groupe de mercenaires russe Wagner, dirigé par feu Evguéni Prigojine, tué dans un mystérieux accident d’avion en août dernier.
Les “comptes utilisés, les données techniques qu’on retrouve derrière, ce sont des gens qu’on connait”, a assuré cette source. “Ces gens-là bougent encore et restent très centrés sur l’Ukraine. Le sujet de l’armée française est un truc qui les énerve beaucoup”.
Un autre haut responsable français a lui aussi évoqué “la marque d’un dispositif russe ou pro-russe, dans le cadre de la campagne de désinformation selon laquelle l’armée française se préparerait à envoyer des hommes en Ukraine” se battre contre la Russie.
“Tout converge: le narratif, la méthode. Il y a une manœuvre”, a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat, évoquant, entre autres exemples récents, des images de convois français circulant prétendument vers la frontière ukrainienne, diffusées récemment sur les réseaux sociaux.
Après être longtemps restées sur la défensive face aux assauts informationnels russes, les autorités françaises se sont lancées ces dernières semaines dans une dénonciation musclée et méthodique des tentatives de déstabilisation ciblant la France, téléguidées, selon elles, par Moscou pour saper le soutien de l’opinion publique à la cause ukrainienne.
Dans une interview au journal Le Figaro jeudi, le chef de Viginum, Marc-Antoine Brillant, révèle que l’organisme a identifié l’an passé près de 230 phénomènes inauthentiques sur les réseaux sociaux, dont une douzaine d’ingérences étrangères. “C’est 40% de plus qu’en 2022”, précise M. Brillant. “La Russie s’affirme comme l’acteur le plus agressif sur le champ informationnel”.
De fait, les attaques informationnelles russes semblent se multiplier contre la France alors que Paris a récemment conclu un accord sécuritaire bilatéral avec Kiev, Moscou dénonçant l’“implication croissante” de Paris dans le conflit.
Le président français Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué fin février l’éventualité d’un envoi de militaires occidentaux en Ukraine, créant une controverse jusqu’au sein du camp occidental.
Le message sur X du ministère des Armées précise que l’adresse http://sengager.fr est la seule valide pour s’engager dans l’armée de Terre.