Le barrage se fissureSarkozy ne s'associerait pas à un "front républicain" contre le RN

AFP
Selon ses dires, Nicolas Sarkozy a assuré à Marine Le Pen qu'il ne s'associerait pas à un "front républicain" contre le RN lors de prochaines élections.
© Matthieu Mirville / DPPI via AFP

Nicolas Sarkozy a assuré à Marine Le Pen qu’il ne s’associerait pas à un éventuel “front républicain” contre le RN et plaidé pour un “rassemblement le plus large possible”, “sans anathème”, selon les extraits de son prochain livre publiés dimanche dans La Tribune.

Dans “Le Journal d’un prisonnier”, le livre consacré à ses 20 jours de détention, en librairie mercredi, l’ex-chef de l’Etat rapporte un échange téléphonique avec Mme Le Pen.

M. Sarkozy l’avait contactée après sa condamnation à cinq ans de prison au procès du financement libyen de sa campagne de 2007 pour la remercier d’avoir pris sa défense.

“Le chemin de reconstruction de la droite ne pourra passer que par l’esprit de rassemblement le plus large possible, sans exclusive et sans anathème.”
Nicolas Sarkozy, à propos d’un barrage républicain face au RN

Au cours de l’échange, rapporte-t-il dans son livre, Mme Le Pen lui aurait dit: ” Votre voix porte sur l’électorat populaire, vous associerez-vous à un quelconque front républicain “ lors de futures échéances électorales ? ” Ma réponse fut sans ambiguïté : “Non, et de surcroît je l’assumerai en prenant le moment venu une position publique sur le sujet"", écrit l’ancien président. Plus loin dans l’ouvrage, il juge que “le chemin de reconstruction de la droite ne pourra passer que par l’esprit de rassemblement le plus large possible, sans exclusive et sans anathème”.

Pour le député du RN Jean-Philippe Tanguy, “la position de Nicolas Sarkozy est intéressante”, car elle “démonte ce mythe du barrage républicain”, “un barrage d’appareil qui consiste à garder des sièges et empêcher le Rassemblement national d’assurer une rupture politique”, a-t-il dit dimanche au grand Jury RTL-Public Sénat-Le Figaro-M6.

Selon lui, l’ex-président de la République, qui “incarne une forme de rupture politique”, se souvient “qu’à l’époque, tous les coups étaient permis contre lui”, comme c’est le cas, pour M. Tanguy, aujourd’hui contre le RN.

“Guère envie d’une discussion amicale”

Le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a dit pour sa part préférer “les positions politiques de Nicolas Sarkozy de 2007 que (celles) en 2025", soulignant qu’à l’époque il “combattait le Rassemblement national, et par l’action et par des convictions, et par une fidélité (...) au mouvement de Jacques Chirac”, qui refusait toute collusion “avec les extrêmes”.

Par ailleurs, dans son livre, M. Sarkozy a des mots acerbes à l’égard du président Emmanuel Macron, qu’il a rencontré peu avant son incarcération, le 21 octobre: ” Je n’avais rien à lui dire et n’avais guère envie d’une discussion amicale avec lui”.

“Depuis la funeste décision de dissoudre l’Assemblée nationale, nos relations s’étaient distendues (...) La méfiance s’était même installée à la suite du retrait de ma Légion d’honneur. (...) J’avais décidé en conséquence de tourner la page de notre amitié sans pour autant entrer dans une opposition systématique à sa politique”, explique M. Sarkozy.

Au sujet de LR, l’ex-chef de l’État salue le caractère “courageux “ de Michel Barnier, le seul dirigeant de sa famille à avoir émis le souhait de lui rendre visite à la Santé. ” Bruno Retailleau m’appela régulièrement, mais n’en fit publiquement pas davantage ", note-t-il.

Le 25 septembre, l’ancien chef de l’État, aujourd’hui âgé de 70 ans, a été condamné en première instance à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs, et à une amende de 100.000 euros.

Il a aussitôt fait appel et sera jugé à nouveau du 16 mars au 3 juin par la cour d’appel de Paris.

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