IsraëlNetanyahu demande une grâce présidentielle dans son procès pour corruption

AFP
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a officiellement demandé une grâce présidentielle dans son procès pour corruption, pour mettre fin, selon lui, aux divisions suscitées dans le pays par ses démêlés judiciaires, fort du soutien de Donald Trump qui avait demandé un tel geste à son homologue israélien.
(g-d) Sara Netanyahu, l'épouse du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président Isaac Herzog et la Première dame Michal Herzog assistent à une cérémonie commémorative en hommage aux Israéliens tués, le 27 octobre 2024, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem
(g-d) Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le président Isaac Herzog et la Première dame Michal Herzog assistent à une cérémonie commémorative en hommage aux Israéliens tués, le 27 octobre 2024, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem
© POOL/AFP/Archives

M. Netanyahu, qui nie toute faute dans ces affaires, est régulièrement entendu dans le cadre d’au moins trois procédures judiciaires, dans lesquelles aucun jugement n’a encore été rendu.

Les services du président israélien Isaac Herzog ont annoncé dimanche qu’il avait adressé au président “une demande de grâce exceptionnelle”. “Après réception de tous les avis”, M. Herzog “examinera la requête avec responsabilité et sérieux”.

Tout en affirmant vouloir mener le procès - qui a débuté il y a près de six ans - à terme pour prouver son innocence, le Premier ministre a ensuite justifié cette demande au nom de “l’intérêt public” dans une vidéo mettant en avant les “immenses défis” que le pays doit relever.


“La poursuite du procès nous déchire de l’intérieur, suscitant de vives divisions et intensifiant les fractures”
Benjamin Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, avait écrit à M. Herzog plus tôt ce mois-ci pour lui demander d’accorder une grâce à M. Netanyahu. “La poursuite du procès nous déchire de l’intérieur, suscitant de vives divisions et intensifiant les fractures”, a plaidé M. Netanyahu, sur fond de vives divisions politiques entre ses partisans et détracteurs. “Je suis certain (...) que la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale” du pays.

“Tenir bon”

Le ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé soutenir la demande de grâce pour “mettre fin à la déchirure profonde qui accompagne la société israélienne depuis une décennie”.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a lui demandé au président Herzog de ne “pas accorder une grâce à Netanyahu sans qu’il ne reconnaisse sa culpabilité, exprime des remords et se retire immédiatement de la vie politique”.

Une manifestante portant un masque à l'effigie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu participe à un rassemblement devant le domicile du président israélien Isaac Herzog à Tel Aviv, après que Netanyahu a demandé une grâce présidentielle, le 30 novembre 2025
Une manifestante portant un masque à l’effigie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu participe à un rassemblement devant le domicile du président israélien Isaac Herzog à Tel Aviv, après que Netanyahu a demandé une grâce présidentielle, le 30 novembre 2025
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En septembre, M. Herzog avait laissé entendre qu’il pourrait lui accorder une grâce, estimant que le procès du Premier ministre “pes(ait) lourdement sur la société israélienne”.

Des dizaines de personnes ont manifesté dimanche soir devant la résidence de M. Herzog, à Tel-Aviv (ouest), pour l’appeler à rejeter la demande de grâce.

“Nous sommes ici pour expliquer à (Isaac) Herzog que nous n’allons pas accepter cela (...) Il doit tenir bon pour nous, pour nos enfants et pour le cours de l’Histoire”, a plaidé Shikma Bressler, une des figures de l’opposition au gouvernement.

M. Netanyahu est accusé, ainsi que son épouse, Sara, d’avoir accepté des produits de luxe d’une valeur de plus de 260.000 dollars (environ 225.000 euros), tels que cigares, bijoux et champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques.

Dans deux autres affaires, il est accusé d’avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens.

“Plaider-coupable”?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assiste à son procès pour corruption au tribunal de Tel-Aviv, le 21 avril 2025
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assiste à son procès pour corruption au tribunal de Tel-Aviv, le 21 avril 2025
© POOL/AFP/Archives

A 76 ans, il est le Premier ministre israélien ayant passé le plus grand nombre d’années en exercice, avec plus de 18 ans à la tête d’Israël depuis 1996. Il a annoncé qu’il se présenterait aux prochaines élections fin 2026.

Au cours de son mandat actuel, qui a débuté fin 2022, son parti a proposé des réformes judiciaires de grande envergure qui, selon ses détracteurs, visaient à affaiblir les tribunaux.

Son projet a déclenché des manifestations massives qui n’ont pris fin qu’après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Selon Eli Salzberger, juriste et professeur de droit, une grâce est accordée à une personne déjà condamnée mais en 1986 le président Chaim Herzog, père de l’actuel président, avait gracié deux agents du Shin Beth (l’agence israélienne de la sécurité intérieure) avant qu’ils ne soient jugés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (d) et le président israélien Isaac herzog (g) accueillent le président américain Donald Trump (c) à son arrivée à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, le 13 octobre 2025
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (d) et le président israélien Isaac herzog (g) accueillent le président américain Donald Trump (c) à son arrivée à l’aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, le 13 octobre 2025
© AFP/Archives

M. Salzberger a précisé que M. Netanyahu n’avait pas reconnu sa culpabilité ni demandé pardon, ce qui est généralement une condition pour obtenir une grâce présidentielle.

Bien que s’y étant opposé dans le passé, M. Netanyahu “pourrait demander à la justice un accord de plaider-coupable en expliquant que les conditions ont changé” en cas de refus de M. Herzog de le gracier, affirme M. Salzberger, opposant farouche à la réforme judiciaire du gouvernement.

Benjamin Netanyahu est le premier chef de gouvernement en fonction de l’histoire d’Israël à être mis en examen pour corruption.

Dans le passé, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, interrogé par la police dans une présumée affaire de corruption, avait démissionné en 2009 avant d’être jugé et condamné à 27 mois de prison pour fraude.

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