Mort d'Emilie DequenneLes cancers frappent de plus en plus les jeunes

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La mort de l'actrice Emilie Dequenne, à 43 ans, rappelle que les jeunes adultes sont de plus en plus frappés par des cancers. Ce phénomène, pour lequel différentes hypothèses sont avancées, doit toutefois être nuancé face à certaines affirmations alarmistes.
© AFP

Il y a “de plus en plus de preuves que le risque de cancer augmente chez les jeunes générations, concluait en 2024 une vaste étude menée aux Etats-Unis et publiée dans le Lancet Public Health.

La mort dimanche d’Emilie Dequenne, âgée de 43 ans et atteinte d’un cancer de la glande surrénale, rappelle ce constat, même s’il serait hasardeux d’en faire un cas d’école.

Le cancer de l’actrice était en effet extrêmement rare et connu pour frapper les jeunes. Mais d’autres actualités attirent régulièrement l’attention sur l’apparition de cancers chez les moins de 50 ans.

L’acteur américain Chadwick Boseman, star de Black Panther, est mort en 2020, au même âge que Mme Dequenne, d’un cancer colorectal. Et, au Royaume-Uni, la princesse Kate avait dit en 2024 être atteinte d’un cancer non spécifié, dont elle vient d’annoncer la rémission en ce début d’année.

Derrière ces cas médiatiques, y a-t-il une réelle tendance ? Oui, dans une certaine mesure, selon de multiples travaux récents.

L’étude du Lancet Public Health montre ainsi que sur une trentaine de cancers, la moitié ont augmenté chez les personnes nées en 1990 par rapport aux générations précédentes.

Et une étude très relayée, publiée en 2023 dans le BMJ Oncology, attestait que la hausse des cancers dits précoces - dont le seuil d’âge varie selon la pathologie mais s’établit généralement à moins de 50 ans - “continue à s’accentuer dans le monde entier”.

Une “épidémie” de cancers chez les jeunes

Un chiffre impressionnant, tiré de cette étude, avait marqué les esprits: entre 1990 et 2019, le nombre de ces cancers a augmenté de presque 80%. Ce bond a conduit nombre de cancérologues à évoquer une “épidémie” chez les jeunes.

Le terme est néanmoins contesté car l’ampleur du phénomène doit être relativisée. Si les cancers précoces ont presque doublé sur la période, c’est surtout car la population a aussi augmenté. Et les plus âgés restent très largement en tête parmi les patients atteints de cancers.

Pour autant, certains cancers voient bien leur fréquence augmenter chez les jeunes. C’est le cas pour nombre de cancers du système digestif: intestin grêle, pancréas... Ou, comme dans le cas de M. Boseman, des cancers colorectaux.

Sans céder à l’alarmisme - d’autant que la progression des cas ne donne pas forcément lieu à des décès plus fréquents -, le phénomène préoccupe les cancérologues et les spécialistes de la santé publique.

Or “il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour mieux comprendre les causes”, admettait en janvier le cancérologue Fabrice Barlesi, directeur général de l’institut français Gustave Roussy, où était d’ailleurs soignée Mme Dequenne.

Les pistes qui expliquent ces cancers précoces

Les chercheurs privilégient plutôt deux grandes pistes:

  • soit les générations récentes ont été plus exposées que leurs prédécesseurs à des facteurs de risques bien connus,
  • soit de nouveaux risques sont apparus.

La première catégorie d’hypothèses est notamment alimentée par un constat: comparés aux générations précédentes, les quadragénaires actuels étaient plus jeunes quand ils ont fait l’expérience du tabagisme ou de l’obésité.

Ce dernier point retient particulièrement l’attention des chercheurs, car l’obésité constitue un problème de santé publique dont l’ampleur ne cesse d’augmenter. Selon une étude récente du Lancet, elle touchera un enfant ou adolescent sur trois d’ici à 2050.

Reste l’autre grande hypothèse: l’apparition de nouveaux cancérogènes. Les théories sont multiples - produits chimiques, microplastiques, nouvelles drogues...- mais restent spéculatives.

En attendant de mieux connaître les facteurs de prévention, certaines autorités sanitaires misent sur le dépistage, même s’il fait régulièrement l’objet de controverses quant au risque de surdiagnostic.

Les Etats-Unis ont, ainsi, abaissé en 2021 à 45 ans l’âge auquel il est recommandé de se faire dépister pour les cancers colorectaux. En France, le ministère de la Santé réfléchit à une mesure semblable pour le cancer du sein, pour lequel le dépistage généralisé est actuellement organisé à partir de 50 ans.

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