
L’image est stupéfiante. L’Airbus A321 a sur son “nez” une profonde bosse ainsi qu’une perforation massive exposant une partie de l’intérieur de l’appareil.
Comme le rapportent plusieurs médias , https://asn.flightsafety.org/wikibase/479194cet incident s’est déroulé ce jeudi 20 février, lorsqu’un Airbus A321 de la compagnie Latam Airlines Brasil est entré en collision avec un oiseau. Selon le site Aviation Safety Network, l’impact s’est déroulé au décollage de la piste 10 de l’aéroport de Rio de Janeiro/Galeão (GIG). L’avion a dû faire demi-tour. Heureusement, il a pu se poser sans encombre et aucun passager n’a été blessé.
Un accident qui aurait pu être dramatique. Le PDG de la compagnie Latam Brasil, Jerome Cadier, a rapidement réagi et publié sur Linkedin une photo, évoquant bien l’impact avec “un oiseau”. Il déplore cet accident qui “a perturbé la vie des passagers”.
Ce n’est pas la première fois que la compagnie brésilienne est victime d’un tel incident. Selon AirJournal, “l’incident du vol LA3367 s’est produit quelques jours seulement après qu’un autre vol de Latam, LA3319, au départ de Fortaleza à destination de São Paulo, a également percuté des oiseaux quelques minutes seulement après son décollage et a dû faire demi-tour.”
Suite au buzz provoqué par sa publication, Jerome Cadier s’est fendu d’un nouveau post dès le lendemain, dans lequel il apporte plusieurs précisions. Il affirme d’abord que “Les collisions avec les oiseaux ne sont pas rares.” En 2024, pour Latam Brasil, “il y a eu 562 événements (1,5 événement par jour), certains plus graves et d’autres plus légers”, mais se concluant toujours par le retour sain et sauf des passagers, affirme-t-il.
“Dans tous les cas, nous analysons la gravité et les réparations nécessaires. Au total, les avions concernés ont été arrêtés pendant plus de 750 heures et nous avons impacté plus de 30.000 passagers avec des annulations et des retards” écrit Jerome Cadier.
Avant d’ajouter : “Ma colère est due au fait que beaucoup de ces événements sont évitables. Les aéroports et les communes sont responsables de la gestion de la faune. C’est un travail important qui protège les oiseaux et les avions. Sans investissement cohérent et pertinent, le coût total est beaucoup plus élevé.”
Qui paie ce coût ? “Les passagers ! Les réparations d’un avion ont un coût qui est incorporé dans le prix du billet [...] Il s’agit d’un impact énorme, qui pourrait être considérablement réduit avec une bonne gestion de la faune” plaide Jerome Cadier.
Concernant les éventuelles poursuites judiciaires, il rappelle que “la compagnie aérienne n’est pas responsable de la gestion de la faune, tout comme elle n’est pas responsable du mauvais temps qui rend impossible le décollage ou l’atterrissage en toute sécurité.” Il termine en affirmant qu’”il y a quelque chose qui ne va pas” dans le secteur de l’aviation au Brésil, un pays qui serait selon lui très fréquemment la cible de plaintes et de procès dans ce domaine.
Les collisions avec des oiseaux sont à l’origine de nombreux accidents aériens dans le monde. Si la plupart des accidents ne sont que mineurs, le risque n’est pas à prendre à la légère. Selon le site Ça m’intéresse, ces accidents “représentent un risque grave pour les personnels du trafic aérien, au point qu’il porte même un nom : le risque aviaire ou péril aviaire (ou bird strike en anglais).” Ce serait notamment ce risque aviaire qui aurait été à l’origine du crash du Boeing 737 à l’aéroport de Muan en Corée du Sud le 29 décembre 2024, provoquant la mort de 179 passagers et membres d’équipage.
La plupart du temps, “la collision entre un avion et un oiseau s’opère au niveau du fuselage, qui peut parfaitement encaisser le choc. La collision devient dangereuse quand l’oiseau percute une partie plus fragile de l’appareil : le pare-brise, les ailes, et surtout les réacteurs”, ces derniers pouvant être détruits s’ils aspirent l’oiseau. Une collision peut provoquer une dépressurisation de l’appareil, des pertes de puissance et surtout des pannes moteur qui vont déséquilibrer l’avion et nécessiter un atterrissage d’urgence.
Reste la question de la puissance de l’impact d’un oiseau. Toujours selon Ça m’intéresse, “Au décollage, quand l’avion atteint la vitesse de 300 kilomètres par heure, l’impact d’un oiseau de 5 kilogrammes équivaut à l’impact d’une masse de 400 kilogrammes lâchée depuis une hauteur de 3 mètres.”
Or, pour revenir à l’Airbus A321 de Latam, il faut savoir que le nez de l’avion est un élément sensible de l’appareil. Car cette partie bombée située tout à l’avant abrite le radar de l’avion, c’est pourquoi on appelle ce nez “radôme”. Si ce dernier est renforcé pour pouvoir affronter la grêle ou les oiseaux, il n’est pas invulnérable, comme ce nouvel incident aviaire l’a hélas illustré.

Ce type d’accident est de plus en plus fréquent alors que le trafic aérien ne cesse de progresser. En France métropolitaine, la Direction générale de l’aviation civile en recense 600 chaque année lors de vols commerciaux.
Ces collisions se produisent la plupart du temps lors des décollages et atterrissages, à des altitudes assez basses, comprises entre 0 et 50 pieds (15 mètres). Les collisions en vol sont beaucoup plus rares. Les risques augmentent en fonction de la taille des oiseaux et de leur nombre, notamment en période migratoire. Les collisions ont aussi un coût faramineux : elles causent tous les ans 1,2 milliard de dollars de dommages aux avions, selon l’Australian Aviation Wildlife Hazard Group (AAWHG).
Pour se prémunir face aux risques liés aux oiseaux, les constructeurs d’avions et les aéroports ont mis en place une série de mesures. Elles vont de tests de résistance des réacteurs au moyen de projection de poulets morts sur ces derniers jusqu’à des mesures d’effarouchement autour des aéroports telles que la diffusion de cris de détresse de volatiles ou des tirs en l’air préventifs pour éloigner les oiseaux.