
Ce dérapage s’explique notamment par des recettes qui “ralentissent nettement en 2023", en progression de 2,0% contre +7,4% en 2022, expose l’Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.
Elles ont été “pénalisées par le ralentissement de l’économie, des mesures nouvelles sur les prélèvements obligatoires, et un recul des transferts reçus”, précise l’institution, évoquant des impôts “quasi à l’arrêt”, augmentant “seulement de 0,3% (+2,8 milliards d’euros) après +7,9% en 2022". Les recettes de TVA, notamment, “ralentissent nettement à +2,8% après +7,6%".

Les dépenses ont elles aussi “un peu” ralenti: “elles augmentent de 3,7% après +4,0% en 2022", indique l’Insee. “En proportion du PIB, les dépenses continuent de reculer et s’établissent à 57,3% du PIB après 58,8% en 2022", précise-t-il, mais elles restent cependant “sensiblement supérieures à l’avant Covid (55,2% du PIB en 2019)”.
Les dépenses de fonctionnement (+6,0%) et les prestations sociales “accélèrent” (+3,3%, après +1,2% en 2022), portées “par la revalorisation des prestations indexées sur l’inflation”, indique l’institution.
“Les rémunérations versées accélèrent également: +4,6% après +4,4%, avec l’effet en année pleine de la revalorisation indiciaire de juillet 2022, la revalorisation de juillet 2023, et un emploi public plus dynamique que les années précédentes”, est-il précisé.
Le chiffre de l’Insee sur le déficit était particulièrement attendu car chaque décimale compte pour les finances publiques. “Pour faire simple, chaque 0,1 point” de PIB de déficit supplémentaire en 2023 “représente environ 3 milliards” d’euros manquant dans les caisses de l’Etat, a expliqué à l’AFP l’économiste Mathieu Plane.
Le gouvernement avait prévenu début mars que le déficit serait “significativement” plus élevé que les 4,9% initialement prévus et les spéculations allaient bon train depuis une semaine sur le chiffre exact, depuis notamment l’évocation par la presse d’un déficit à 5,6% du PIB.
La dette publique française atteint elle 110,6% du PIB fin 2023, a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques. C’est moins qu’en 2022, où elle s’affichait à 111,9%, mais presque un point de pourcentage au dessus de la prévision du gouvernement (109,7%).
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a assuré mardi de sa détermination “intacte” et “totale” à faire revenir le déficit public français sous les 3% en 2027, mais sans augmenter les impôts.
Les finances publiques “doivent être rétablies”, a observé M. Le Maire sur RTL, imputant principalement la situation officialisée mardi par l’Insee d’un déficit public à 5,5% du PIB au lieu de 4,9% espérés, à des recettes moindres que prévu.
Selon l’Insee en effet, les recettes publiques n’ont augmenté que de 2% en 2023 après 7,4% en 2022. Les seuls impôts (avant déduction des crédits d’impôt) ont même été “quasi à l’arrêt” selon l’Institut national de la statistique, augmentant de 0,3% après 7,9% en 2022.
“Nous avons peut-être sous-estimé le fait que l’inflation baisse plus vite que ce à quoi nous nous étions attendus: ça fait moins de recettes de TVA, moins de masse salariale, moins de recettes sur la masse salariale, moins d’impôt sur le revenu, moins d’impôt sur les sociétés”, a remarqué le ministre, avec “au total une perte de recettes de 21 milliards d’euros”.
Parallèlement, il a considéré que “la croissance a été au rendez-vous et que la dépense a été tenue” l’an dernier.
“Croyez-moi, ma détermination à repasser sous les 3% de déficit public en 2027 est intacte, je dirais même qu’elle est totale”, a-t-il assuré, soulignant que cela impliquerait “des efforts supplémentaires, plus de détermination, beaucoup de méthode et beaucoup de sang-froid”.
En revanche, le ministre s’est redit opposé aux augmentations d’impôts pour y parvenir, alors que certaines voix dans la majorité ont invité le gouvernement à envisager des hausses ciblées.
“On peut parfaitement faire des économies sur la dépense publique sans aller piocher dans les poches des Français et je reste totalement opposé à toute augmentation d’impôts sur nos compatriotes”, a-t-il dit, relevant que les entreprises aussi “payent des impôts”.
Il s’est uniquement montré ouvert à augmenter la contribution sur la “rente inframarginale” des énergéticiens, gonflée ces dernières années par la hausse des prix de l’énergie et qui n’a rapporté que 600 millions d’euros contre 3 milliards estimés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE): “si on veut combler ce trou sur la base du prélèvement sur une rente, ça ne me pose pas de difficulté”, a-t-il dit.
“Mais pour le reste, je refuse cette solution de facilité qu’on a depuis 30 ou 40 ans en France”, dire “les Français vont payer, dès que ça va mal sur les comptes publics”, a-t-il insisté.
Il a plutôt “appelé à une prise de conscience collective sur la nécessité de faire des choix dans toutes nos dépenses publiques” (Etat, dépenses sociales et dépenses des collectivités locales), et annoncé qu’il allait lui-même “écrire à tous les opérateurs de l’Etat - ça peut être le Centre national du cinéma, Business France, toutes les agences de l’Etat...”, dont “les trésoreries se portent bien”, pour leur dire “vous avez un mois pour me faire des propositions d’économies sur vos budgets, et si vous ne me faites pas de propositions, c’est nous qui déciderons à votre place”.