Sauver la trêveIsraël attend du Hamas qu'il libère samedi trois otages vivants

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Israël a déclaré jeudi attendre du Hamas qu'il libère trois otages "vivants" samedi pour garantir la poursuite du cessez-le-feu à Gaza, après que le mouvement islamiste palestinien s'est dit prêt à respecter ce calendrier convenu dans l'accord de trêve.
Un affiche représentant les otages enlevés à Gaza lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 dans les rues de Jérusalem, le 15 janvier 2025
Un affiche représentant les otages enlevés à Gaza lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 dans les rues de Jérusalem, le 15 janvier 2025
© AFP

Après plusieurs jours d’incertitude, l’annonce du Hamas disant être prêt à appliquer l’accord de trêve et libérer des otages israéliens “selon le calendrier”, laisse présager un nouvel échange d’otages contre des prisonniers palestiniens samedi.

Le cadre de l’accord “stipule clairement que trois otages vivants doivent être relâchés samedi par les terroristes du Hamas”, a déclaré David Mencer, porte-parole du gouvernement israélien.

Si le Hamas ne respecte pas l’accord [...] s’ils violent l’accord et ne libèrent pas nos otages [...] nous avons déjà amassé des forces à l’intérieur et autour de Gaza, donc si ces trois-là ne sont pas relâchés, si le Hamas ne rend pas nos otages, d’ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin”, a-t-il ajouté.

Selon la télévision Extra News, proche de l’Etat égyptien, une médiation menée par l’Egypte et le Qatar a permis de “surmonter les obstacles” qui mettaient en danger le cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois de guerre dévastatrice à Gaza entre Israël et le Hamas.

Des camions transportant de l'aide de l'Organisation mondiale de la santé attendent à un poste de contrôle à al-Mughraqa, dans le centre de la bande de Gaza, de pouvoir avancer vers le nord, le 13 février 2025
Des camions transportant de l’aide de l’Organisation mondiale de la santé attendent à un poste de contrôle à al-Mughraqa, dans le centre de la bande de Gaza, de pouvoir avancer vers le nord, le 13 février 2025
© AFP

La trêve a été mise à rude épreuve ces derniers jours et mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait averti que la guerre pourrait reprendre si les otages n’étaient pas libérés samedi.

Sa menace faisait écho à celle du président américain Donald Trump, qui avait déclaré que “l’enfer” se déchaînerait si le Hamas ne libérait pas “tous” les otages israéliens d’ici samedi.

Des proches d'otages retenus à Gaza manifestent sur l'autoroute Ayalon à Tel-Aviv, le 13 février 2025
Des proches d’otages retenus à Gaza manifestent sur l’autoroute Ayalon à Tel-Aviv, le 13 février 2025
© AFP

Le Hamas avait menacé de bloquer ces libérations en accusant Israël de plusieurs violations de l’accord, notamment d’entraver l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien en ruines.

Selon des sources palestiniennes, les médiateurs ont obtenu une “promesse israélienne de mettre en oeuvre les dispositions du protocole humanitaire” de l’accord, ce qui devrait permettre l’entrée à Gaza “de pré-fabriqués, tentes, carburant, équipement lourd, médicaments, et matériaux de rénovation des hôpitaux”.

Selon des images de l’AFP, des dizaines d’engins de chantier et de semi-remorques transportant des préfabriqués attendent au poste-frontière de Rafah de pouvoir entrer à Gaza depuis l’Egypte.

Israël a cependant affirmé qu’aucun “équipement lourd” n’était autorisé à traverser ce passage, réservé aux évacuations médicales selon l’accord de cessez-le-feu, tandis que l’aide humanitaire transite par le poste de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza.

La première phase de la trêve, pour une durée initiale de 42 jours, a permis jusqu’à présent cinq échanges d’otages contre des prisonniers palestiniens.

Char israélien sur une colline surplombant le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
Char israélien sur une colline surplombant le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
© AFP

Les otages ont été enlevés durant l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza. Sur 251 personnes enlevées ce jour là, 73 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 35 sont mortes, selon l’armée.

Mais la suite de l’accord de trêve reste incertaine, alors que les négociations sur la deuxième phase, censée prendre effet début mars, n’ont toujours pas commencé.

“Enfer insoutenable”

Dans les ruines de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
Dans les ruines de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
© AFP

Au pied de squelettes d’immeubles, entre les débris de munitions et les flaques d’eau boueuse, des habitants de Gaza veulent croire au maintien de la trêve.

A mon avis, la guerre ne va pas reprendre, car personne n’y a intérêt”, a affirmé à l’AFP Abdel Nasser Abou al-Omrain, estimant que les menaces du Hamas n’étaient “qu’une manoeuvre pour faire pression sur Israël afin de permettre l’entrée d’aide, de carburant et de tentes”.

Des centaines de milliers de déplacés ont déjà pu regagner le nord du territoire palestinien, une région très densément peuplée avant la guerre où les combats ont été les plus destructeurs, pour retrouver leurs maisons en ruines.

Mais pour M. Abou al-Omrain, “Gaza est devenu un enfer insupportable, et nous ne pouvons pas y vivre”.

Manifestation sur l'autoroute Ayalon de Tel-Aviv pour réclamer le retour des otages retenus à Gaza, le 13 février 2025
Manifestation sur l’autoroute Ayalon de Tel-Aviv pour réclamer le retour des otages retenus à Gaza, le 13 février 2025
© AFP

Donald Trump avait soulevé la semaine dernière un tollé international, en annonçant un plan prévoyant de placer Gaza sous contrôle américain et de déplacer ses 2,4 millions d’habitants vers l’Egypte ou la Jordanie, afin de reconstruire le territoire.

Le Hamas a appelé à des “marches de solidarité” dans le monde en fin de semaine pour protester contre ce projet, salué par Israël.

Depuis le 19 janvier, 16 otages israéliens et 765 prisonniers palestiniens ont été libérés, sur un total de 33 otages et 1.900 détenus devant l’être durant la première phase de l’accord.

Des Palestiniens tentent de se réchauffer autour d'un feu à Beit Hanou, dans le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
Des Palestiniens tentent de se réchauffer autour d’un feu à Beit Hanou, dans le nord de la bande de Gaza, le 12 février 2025
© AFP

Le 8 février, les circonstances de la libération de trois otages au visage émacié, très éprouvés physiquement, contraints de saluer la foule lors d’une mise en scène orchestrée par le Hamas, avaient provoqué la colère d’Israël.

La deuxième phase de la trêve est censée permettre la libération de tous les otages et la fin définitive de la guerre, avant la dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier chiffré par l’ONU à plus de 53 milliards de dollars.

Les débris dans la bande de Gaza
Les débris dans la bande de Gaza
© AFP

L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

L’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait au moins 48.222 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

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