
Elle s’est poursuivie au rythme d’événements qui ont médusé le pays : une série d’attentats meurtriers, la rupture d’un pacte politique isolant l’extrême droite, un retournement d’alliance de la part du traditionnel partenaire américain.
Le 16 décembre, un vote de défiance des députés allemands scelle le sort de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz, incapable de surmonter les dissensions internes.
Cinq jours plus tard, un homme au volant d’un puissant SUV commet une attaque meurtrière en fonçant sur la foule déambulant dans un marché de Noël de Magdebourg, à l’est du pays. Six personnes sont tuées et des centaines d’autres blessées.

La police arrête sur place un Saoudien avec le statut de réfugié, souffrant de problèmes psychiatriques, sous l’influence d’idées d’extrême droite et hostiles à l’islam, selon les enquêteurs.
Début janvier, c’est au sud du pays, à Aschaffenbourg, qu’un assaillant armé d’un couteau de cuisine attaque un groupe d’élèves de maternelle, tuant un garçon de deux ans et un homme qui tentait de protéger les enfants.
L’arrestation d’un suspect afghan de 28 ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, dans le sillage de Magdebourg, enflamme le débat sur l’immigration, sujet déjà au coeur de la campagne.
Dix jours avant les élections, c’est un nouvel attentat à la voiture bélier, dans le centre de Munich, qui secoue le pays. Une fillette de deux ans et sa mère ont été tuées par l’assaillant présumé, un Afghan de 24 ans arrivé dans le pays à l’adolescence, qui dit avoir agi par “motivation religieuse”.
Dans ce climat pesant, un tabou tombe en Allemagne lorsque les conservateurs allemands et l’extrême droite allient pour la première fois leurs voix pour faire adopter, fin janvier à la chambre des députés, un texte visant à durcir la politique migratoire du pays.
La motion non contraignante exigeant de refouler aux frontières tous les étrangers sans papier, y compris les demandeurs d’asile a reçu le soutien de l’AfD, marquant une césure dans la vie politique du pays.

Depuis la Deuxième guerre mondiale, les partis modérés traditionnels ont toujours exclu une coopération avec l’extrême droite au niveau fédéral, maintenant ce qu’ils qualifient de “cordon sanitaire” ou “pare-feu”.
L’ex-chancelière démocrate-chrétienne allemande Angela Merkel sort de sa réserve, dénonçant “une erreur” de son successeur, Friedrich Merz, largement favori pour remporter les élections dimanche.
Dans les jours qui suivent, des centaines de milliers de personnes manifestent dans tout le pays contre l’initiative de Merz qui se défend de tout projet d’alliance avec l’AfD. Il assure vouloir au contraire enrayer la montée du parti en étant dur sur l’immigration.
Vivre sans “le grand frère” américain ? Impensable dans une Allemagne dont l’alliance avec les Etats-Unis a forgé l’identité du pays depuis 1945.

Mais le retour de Donald Trump au pouvoir, élu le jour où la coalition d’Olaf Scholz implosait, a marqué le début d’une offensive inédite de la part de l’entourage du président américain contre les dirigeants allemands.
La salve a commencé avec des insultes d’Elon Musk, conseiller de Donald Trump, contre le chef du gouvernement et le chef de l’Etat, respectivement traités d’”imbécile incompétent” et de “tyran”.
Le milliardaire a ensuite affiché à plusieurs reprises son soutien à l’AfD, invitant même leur cheffe de file à un dialogue virtuel sur sa plateforme X.
Déja sonnés, les responsable allemands ont ensuite dû encaisser les attaques du vice-président américain JD Vance devant le gotha international de la diplomatie réunis à Munich, à dix jours de l’élection.
L’envoyé de Donald Trump a lui aussi prôné un rapprochement avec l’AfD et a sermonné les Européens accusés de recul sur la liberté d’expression.
Un discours qui a signé, selon l’hebdomadaire der Spiegel, “la fin de l’amitié transatlantique” et une nouvelle ère pour l’Allemagne.