
En octobre dernier, l‘association Que Choisir avait mis le doigt sur les dangers liés à certains produits Shein et Temu. Cet organisme indépendant avait acheté et testé des dizaines de chargeurs USB, jouets et bijoux en provenance des sites chinois d’e-commerce. Le constat ne laissait aucune place au doute : de vrais risques d’incendie pour les chargeurs USB (seuls 2 chargeurs sur 54 répondaient aux normes européennes!), des risques d’accidents avec les jouets (seul 1 jouet sur les 54 achetés respectait les normes européennes), plusieurs bijoux qui renfermaient des substances hautement toxiques...
Au final, “69 % des produits testés ne répondaient pas aux normes en vigueur dans l’Union européenne et 57 % faisaient courir un risque réel d’intoxication, d’allergie, d’étouffement, de brûlure ou d’incendie à leurs utilisateurs” résume Que Choisir.
Une réputation qui va être encore plus écornée suite à des contrôles réalisées en novembre dernier en France. Parmi ces irrégularités constatées lors de cette opération en grande pompe à l’aéroport Roissy-CDG, les Douanes évoquent des contrefaçons, des marquages ou notices absents sur les produits cosmétiques et appareils électriques, ou encore des normes non respectées pour certains jouets.

Ce bilan revoit à la baisse les chiffres précédemment annoncés par le gouvernement peu après cette opération. Il affirmait alors que sur 200.000 colis contrôlés, 80% étaient non conformes.
Du côté des produits textiles - coeur de métier de la plateforme Shein -, ils “ont laissé apparaître peu de non conformité”, rapportent les Douanes, qui imputent ce meilleur résultat à la fermeture de sa place de marché “quelques jours avant l’opération douanière.”
Cette dernière s’est tenue le 6 novembre, et Shein affirmait avoir temporairement fermé sa place de marché pour des vendeurs tiers en France le 5 novembre.
L’issue judiciaire de ces contrôles et le nombre d’éventuels procès-verbaux dressés n’ont pas été précisés.
L’opération de contrôle s’était déroulée au lendemain du lancement d’une procédure de suspension de la plateforme par le gouvernement après le tollé provoqué par la vente de poupées à caractère pédopornographique.
Le tribunal judiciaire de Paris a depuis rejeté cette demande de blocage provisoire, jugeant la mesure “disproportionnée” alors que Shein a retiré les produits illicites de la vente. Le gouvernement a fait appel.
La plateforme asiatique a également lancé un audit interne, et avait indiqué autoriser progressivement les vendeurs tiers européens qui auront passé ce contrôle interne à pouvoir vendre de nouveau sur leur place de marché.
En France, le nombre d’articles contenus dans les petits colis est passé de 170 millions en 2022 à 773 millions en 2024, selon les Douanes. Ces produits arrivent à 97% de Chine.
Une précédente opération ciblée en 2022 avait montré que 96% des articles étaient non conformes ou contrefaits, selon un rapport parlementaire en décembre.
Les Etats européens veulent imposer une taxation de 3 euros sur les petits colis à compter du 1er juillet 2026, qui pourrait même être portée à 5 euros en France selon l’issue de la loi de finances au Parlement.