Une panne qui peut coûter cherVous avez des volets électriques ? Méfiez-vous de cette arnaque

Romain Van Dyck
Une panne au niveau d'un volet roulant électrique aurait dû me coûter 700 euros, à en croire un artisan. J'ai pourtant réussi à diviser la facture par 100. Eh si on arrêtait de se faire plumer?
Vous voyez ce petit bidule ? Si vous passez par un artisan malhonnête, son remplacement peut vous coûter plusieurs centaines d'euros. Mais il coûte en réalité moins de 10 euros !
Vous voyez ce petit bidule ? Si vous passez par un artisan malhonnête, son remplacement peut vous coûter plusieurs centaines d’euros. Mais il coûte en réalité moins de 10 euros !
© Romain Van Dyck

Un volet roulant motorisé est tombé en panne, comme ça, du jour au lendemain. Une panne trop prématurée pour être honnête. Il n’était pourtant pas vieux ce volet, quelques années à peine. Mais on n’est pas réparateurs de volets, donc comme tout le monde, on a fait appel à un spécialiste. On contacte donc un artisan dépanneur “qualifié”. En croisant les doigts pour la facture.

Au téléphone, avant même de poser un pied chez nous, il était déjà fataliste: “Ok, je vais venir prendre des mesures pour changer le moteur”. Traduction: “Inutile de vous acharner Dr House, ce patient est déjà condamné”.

Foutu condensateur

On l’accueille quelques jours plus tard. Il appuie sur le bouton, le volet ne monte pas, c’est donc foutu. Pas la peine de jeter un œil sur le moteur, “je vous envoie le devis”. Le devis tombe: près de 700 eurosTTC. Ok : si on signe, on va y perdre des plumes, car on est officiellement des pigeons.

Car pas besoin de chercher longtemps pour comprendre que le devis est à la fois bâclé et gonflé. Mais, heureuse coïncidence, on connait quelqu’un qui a eu exactement la même panne. Déjà, un réparateur lui avait fait un devis moitié moins cher (mais lui habitait dans une autre région, il n’était pas soumis au supplément “proche du Luxembourg” dont abusent certains). Et surtout, cette personne est votre cauchemar: c’est un vrai bricoleur. Lui, il l’a envoyé balader, le réparateur, et il l’a réparé son volet, lui-même. Et pour pratiquement rien.

Le coupable s’appelle un “condensateur” m’explique-t-il. Son rôle, si j’ai bien compris, est d’emmagasiner de l’électricité pour faciliter le fonctionnement du moteur, en gros comme un “boost” (mes excuses aux pros). Ce que j’ai bien compris par contre, c’est que ce condensateur est le meilleur ami des artisans malhonnêtes.

De 700 euros à ... 6,5 euros

Après s’être renseigné sur notre volet et avoir acheté un nouveau condensateur (6,5 euros exactement), ce proche débarque chez nous. La réparation prend deux ou trois heures, le temps de se familiariser avec le volet. Et ça marche. Plusieurs mois après, le volet refonctionne toujours parfaitement.

Peu de temps après, je me suis rendu dans un Repair Café. Le concept de ces cafés est génial: des pros et d’excellents bricoleurs mettent leurs compétences au service des gens, souvent gratuitement ou pour une bouchée de pain.

Simon, 28 ans, est l’un de ces généreux bricoleurs. Il fait de la maintenance technique dans une institution européenne au Luxembourg. En écoutant mon histoire de volet, il a sourit: “Ça ne m’étonne pas. Le condensateur a tendance à s’user et à lâcher avant le moteur. Donc on a souvent ce genre de soucis sur des volets escamotables, des portes...” Sans vouloir généraliser, il précise ceci: “Il faut quand même avouer que si le constructeur est malveillant, cela fait partie des composants tout indiqués pour faire de l’obsolescenceprogrammée...”.

Les pigeons peuvent aussi apprendre à voler de leurs propres ailes

Cher artisan au devis bâclé, vous pourrez rétorquer que notre proche bricoleur n’est pas un réparateuragréé et qu’il a pu commettre des erreurs. Je vous donne totalement raison sur ces deux points: rien ne peut remplacer un technicien qui connaît son métier. Mais cela n’excuse pas le fait que la source de la panne est une pièce qui coûte le prix d’un kebab, que vous avez pourtant facturé au prix d’un triple étoilé Michelin.

Alors oui, j’imagine, cher réparateur, vous vous foutez certainement de ce coup de gueule. Pourquoi s’inquiéter? La société d’hyperconsommation est de votre côté, comme les nouvelles technologies qui rendent les objets du quotidien toujours plus complexes, fragiles, jetables, et leur réparation est souvent trop coûteuse pour valoir le coup. Le consommateur n’a pas d’autres choix que d’acheter et racheter sans cesse.

Enfin, presque. Aujourd’hui, les pigeons ont aussi les moyens de voler de leurs propres ailes. Les Repair Café, les forums internet, les imprimantes 3D, le succès des cours de bricolage et de couture, le “do it yourself”... Sans oublier ceux qui abandonnent les produits hi-tech et décident de ressortir les bons vieux appareils plus rustiques, mais qui durent des années.

Faites un tour sur les réseaux sociaux, vous serez surpris par le nombre de jeunes qui bricolent mieux que leurs grands-pères, parce qu’ils en ont marre de cette obsolescence artificielle, et qu’ils veulent se réapproprier ces objets qui nous entourent. Plus durement frappés par l’inflation que leurs aînés ne l’ont jamais été, ils n’ont pas peur du “retour en arrière” tant qu’il leur permet de regagner en indépendance. Quitte, par exemple, à réinstaller des volets roulants manuels, comme ça ils ne seront jamais en panne d’huile de coude !

Méfiez-vous de ces consommateurs-là, car ils ont les moyens de vous rendre obsolète, à votre tour...

Article initialement publié en 2021.

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