Le Luxembourg y participeLa mission "Hera" ambitionne d'empêcher les astéroïdes de percuter la Terre

Pierre Weimerskirch
La sonde Hera a décollé lundi pour étudier l'astéroïde Dimorphos, percuté il y a deux ans par un vaisseau de la Nasa pour dévier sa trajectoire lors d'un test inédit de "défense planétaire". Une technologie qui bénéficie du savoir-faire luxembourgeois.
© ESA

Nichée dans la coiffe d’un lanceur Falcon 9 de SpaceX, la sonde de l’ESA a décollé de Cap Canaveral, en Floride, à 10H52 locales (14H52 GMT).

Le voyage d’Hera va l’emmener à 11 millions de kilomètres de la Terre, dans la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. La sonde doit aller à la rencontre de Dimorphos, un petit corps de seulement 160 mètres de diamètre, qui est la Lune d’un astéroïde plus grand, Didymos.

Il y a deux ans, dans un scénario digne d’un roman de science-fiction, un vaisseau de la Nasa est allé délibérément s’écraser à sa surface. L’objectif de ce test inédit de “défense planétaire” était d’évaluer s’il était possible de dévier sa trajectoire et d’utiliser cette technique si, à l’avenir, un astéroïde menaçait de frapper la Terre.

Un risque naturel parmi les moins probables, mais qui a déjà provoqué des cataclysmes par le passé et est appelé à se reproduire sur le long terme. On estime en effet qu’un objet d’un kilomètre (déclenchant une catastrophe globale comme l’extinction des dinosaures) s’écrase sur la Terre tous les 500.000 ans, et un astéroïde de 140 m (le seuil d’une catastrophe régionale) tous les 20.000 ans.

Nanosatellites

Lors de la mission Dart (Double Asteroid Redirection Test), l’appareil de la Nasa, de la taille d’un gros réfrigérateur, est parvenu à déplacer Dimorphos en réduisant son orbite de 33 minutes. Mais on ne sait pas quels effets l’impact a eu sur le petit astéroïde, ni même quelle était sa structure interne avant celui-ci.

C’est la mission d’Hera. D’un coût de 363 millions d’euros et équipée de 12 instruments, la sonde va embarquer avec elle deux nanosatellites, Juventas et Milani, qui vont essayer de se poser à sa surface.
Le premier est équipé d’un radar basse fréquence et d’un gravimètre pour sonder la structure de l’astéroïde et mesurer son champ de gravité. Le deuxième étudiera la composition de Dimorphos à l’aide d’une caméra multispectrale et d’un détecteur de poussières.

Les simulations numériques laissent à penser que Dimorphos est un agglomérat de roches liées entre elles par la gravité, un corps ayant très peu de résistance dans lequel “on s’enfonce comme dans un sable sans cohésion”, a expliqué lors d’un point presse en amont du lancement Patrick Michel, responsable scientifique de la mission Hera à l’ESA.

“La conséquence, c’est qu’au lieu de faire un cratère”, Dart aurait “complètement déformé” Dimorphos, a-t-il ajouté. Mais il y a “d’autres possibilités”, les scientifiques ayant encore du mal à comprendre ces corps à la très faible gravité, “dont le comportement défie l’intuition”, selon M. Michel. Après un survol de Mars l’année prochaine, Hera arrivera près de Dimorphos en décembre 2026, pour une durée initiale de six mois.

La technologie et le savoir-faire luxembourgeois au rendez-vous

La sonde renferme également deux “CubeSats” (nanosatellites en forme de cube), destinés à collecter d’autres données scientifiques et à soutenir ainsi l’opération. L’un d’eux est le “Juventas CubeSat”, qui mesure 37 x 23 x 10 centimètres.

La société luxembourgeoise Gomspace a été chargée par l’ESA, l’Agence spatiale européenne, de s’occuper du développement. L’entreprise est spécialisée dans les “CubeSats”. L’intégration dans la sonde spatiale a été réalisée au siège de GomSpace au Danemark.

Le nom romain “Juventas” a été choisi parce que c’était celui de la fille d’Héras. Il s’agit du plus petit système radar actuellement présent dans l’espace. Il a été développé par l’Institut français de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble, l’Université Grenoble Alpes et l’Université technique de Dresde. L’électronique provient de la société luxembourgeoise EmTroniX.

Juventas CubeSat
Juventas CubeSat
© ESA

Retrouvez tous les détails du projet sur le livestream de l’Agence spatiale européenne

Méi zu der Missioun fannt der hei: ESA-Sonde “Hera” prett fir Missioun zur Ofwier vun Asteroiden

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