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Marc Lavoine revient au Luxembourg, à la Rockhal, jeudi soir (20h30), pour y donner cette fois un concert avec l’orchestre symphonique de Thionville-Moselle. Le chanteur français y célèbre les 40 ans de son tube "Elle a les yeux revolver". Il s'est confié à RTL Infos.
Qu'est-ce que cela représente pour vous de revisiter votre répertoire avec un orchestre symphonique ?
Marc Lavoine: "D'abord, c'est un long travail qui a été fait depuis l'album (Revolver, 2024). C'est offrir les meilleures séquences de ma carrière, les plus belles chansons. Essayer de réunir tout ça ensemble avec un son, avec un esprit. Travailler avec 85 musiciens, ça a été absolument incroyable. Sur scène, il y en aura 45. Ça va être fantastique."
Comment avez-vous sélectionné les chansons pour ce concert symphonique ?
"C'est surtout en fonction des textes et des ambiances musicales. "Le Pont Mirabeau", "Le Parking des anges", "C'est ça la France", "Paris", "Qu'est-ce que t'es belle"... Ce sont les chansons les plus emblématiques de mon travail."
Comment s'est faite la rencontre avec l'orchestre de Thionville-Moselle ?
"Pour l'instant, je ne les ai pas rencontrés. On a enregistré avec l'orchestre de Sofia. Après, on a distribué les partitions à des orchestres symphoniques de régions différentes. Ce ne sont pas les mêmes orchestres qui vont jouer à Marseille ou à Paris. Donc les répétitions, c'est moi à Paris, eux sur place. Ensuite, on commence à répéter avec l'orchestre et la section électro. La dernière étape, c'est de se retrouver sur scène pour une grande répétition avant de jouer le spectacle."
Est-ce que ça change votre façon d'interpréter vos chansons, de jouer avec un orchestre symphonique ?
"Évidemment, ça porte différemment. C'est comme si on passait du Super 8 au grand format au cinéma. C'est une dimension supplémentaire, émotionnellement. L'arrangement est fait en sorte que chaque instrument puisse raconter une variation sentimentale. Et donc, ça donne à mon interprétation, j'imagine, plus de sensibilité."
Mais est-ce que vous-même, vous vous préparez différemment vocalement ?
"Non, non, non. Je travaille comme d'habitude."
Est-ce qu'il y a une chanson qui prend vraiment une toute autre dimension quand elle est interprétée avec un orchestre ?
"Toutes les chansons deviennent absolument différentes. Mais "Elle a les yeux revolver" est peut-être la plus fidèle à l'originale. Des chansons comme "Paris", "C'est ça à France", "Qu'est-ce que t'es belle", prennent une dimension différente. Elles ne sont pas "mieux" que l'originale", mais disons qu'il y a une sorte de "westernisation". Ça devient comme des musiques de films, un peu comme dans les westerns ou les films d'aventure. Ça devient cinématographique, comme une épopée. C'est plus "ample"."

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Votre chanson "Elle a les yeux revolver" fête ses 40 ans. Quel est votre premier souvenir lié à cette chanson ?
"Ma mère. C'est pour elle que je l'ai écrite. Les premiers émois de cette chanson, les premières vibrations, les premiers passages à la radio... Quand on a senti que ça devenait un succès, c'était un bonheur familial. Et c'est vrai que ma mère était très heureuse. C'est ce qui me vient tout de suite en tête."
Comment cette chanson a t-elle aussi changé votre vie ? Ça a été l'un de vos tous premiers succès après "Pour une biguine avec toi".
"Elle a fixé une réalité. Je me suis rendu compte que c'était difficile d'avoir un succès et d'en faire un deuxième, un troisième et un quatrième, de s'inscrire dans la durée. Je me suis vite rendu compte que c'était un vrai travail. Je suis passé de l'inspiration pure de "Elle a les yeux revolver" à la prise de conscience que c'était un travail, qu'il fallait vraiment que je bosse pour que chaque texte soit à la hauteur et que je puisse faire encore des succès, comme "Le Train" ou les nouvelles chansons que j'ai faites. Ce n'était pas évident d'imaginer que je traverserai 40 ans de vie en chantant et en ayant des chansons qui passent à la radio."
Votre dernier album Revolver est sorti en octobre 2024. Est-ce aussi une façon pour vous de faire le point sur 40 ans de carrière, justement ?
"Non, non. C'est un travail qui m'a été proposé par mon manager. Il m'a dit que ça serait vraiment bien que je fasse des chansons avec un orchestre symphonique. Je n'avais pas tellement envie de le faire. Et puis, le côté électro-symphonique m'a plu parce que ça lie la tradition et la modernité. J'aime bien travailler dans ces deux axes-là. Travailler avec des rappeurs, avec Catherine Ringer, travailler sur des registres différents... J'ai envisagé ça comme une évolution. Mais pas pour faire le point, non. Ce n'est pas mon genre de regarder ma vie dans le rétroviseur. Je regarde toujours devant, je me projette sur le concert de demain. Pour moi, les choses qui sont faites, sont faites. Il me reste des choses à prouver, des choses à accomplir, du théâtre. J'ai envie de faire un film, d'écrire un livre. Je vis dans le moment, dans l'instant. Je n'ai pas de photos de moi chez moi, je n'ai pas de disques d'or. Tout ça, pour moi, c'est flou. Ça n'a pas beaucoup d'intérêt. L'intérêt, c'est de construire aujourd'hui."
Considérez-vous qu'il est plus difficile de chanter l'amour qu'avant ? On a l'impression que chaque mot est scruté, aujourd'hui.
"Non. Je pense que l'amour est la chose la plus importante au monde. Il faut se méfier des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont constitués d'une minorité de gens qui nous accrochent, qui nous font mal mais ils ne disent pas la vérité. Ce sont des trolls qui s'amusent à faire du buzz avec des centaines d'ordinateurs qui s'allument et qui balancent. Honnêtement, ça n'a pas d'intérêt. Ce qui est intéressant, ce sont les gens qu'on croise, les gens qu'on voit dans la rue, les gens qui nous interpellent, les gens qui nous parlent, les chauffeurs de taxi, les marchands de journaux, les ouvriers, les serveurs de café, tous ces gens-là. Ils ont besoin d'être aimés, qu'on leur dise "je t'aime", qu'on leur parle, ils n'ont pas besoin qu'on les insulte ou qu'on les ignore. Il faut les regarder dans les yeux et leur dire qu'on les aime. Je pense que les gens ont besoin de ça."
Ces derniers mois, on vous voit souvent dans la presse people ou sur internet, par rapport à la relation que vous entretenez avec Adriana Karembeu. Comment vivez-vous cette exposition ?
"Je ne le vois pas. Ce qui m'intéresse, c'est de vivre. Être amoureux, c'est important. C'est important pour les gens. S'ils sont amoureux, tant mieux. Mais la presse people comme internet, ce n'est pas mon affaire."
Ce n'est pas la première fois que vous venez au Luxembourg, vous étiez déjà venu en 2019 à Mondorf au Casino 2000 et à l'Atelier en 2023 pour présenter votre album Adulte Jamais. Gardez-vous des souvenirs du Luxembourg ou connaissez-vous un peu ce pays en dehors des concerts que vous donnez ?
"Non, je le connais peu mais je connais Stéphane Bern, qui est luxembourgeois! J'ai en tête des sourires, des gens très gentils, des gens qui sont attentifs. Je me souviens d'avoir visité une école avec "Mon cartable connecté" à Luxembourg (ndlr: il s'agit d'un outil numérique qui permet à un enfant hospitalisé de suivre et de participer à un cours à distance). Je me souviens de gens qui sont paisibles, honnêtes et joyeux."