
Le groupe français L'Impératrice sera en concert le 22 février à l'Atelier. Son fondateur, Charles de Boisseguin a répondu à nos questions.
Les adjectifs et comparaisons vont bon train quand il s'agit de parler de cette néo-pop française tout droit sortie d'une nostalgie des années quatre-vingt alors que la plupart de ces groupes sont trop jeunes pour les avoir vécues.
L'Impératrice fait partie de ceux-là, même si le groupe se démarque par des influences très instrumentales, puisées dans la musique de film des années 70, dans le disco. Si Charles de Boisseguin a commencé tout seul dans sa chambre en 2012, il a tout de suite voulu s'entourer de musiciens. Il nous raconte.
Vous avez commencé seul, il y huit ans. Comment avez-vous évolué vers un groupe de six?
"En effet, en 2012, j’étais critique musical et j'ai commencé à faire de la musique, seul dans ma chambre. J'avais un ami dans un label indépendant, et j'ai pu sortir mon premier EP. Je l'ai appelé L'Impératrice pour mette en évidence le côté indépendant et indomptable des femmes. Comme je n'avais pas envie de bidouiller sur des synthés et des boîtes à rythme, j'ai cherché des musiciens. Il y a d'abord eu Hagni Gwon qui m'a présenté un batteur, qui m'a présenté un guitariste... On a constitué le groupe comme ça. Finalement, on compose tous à certains degrés.
Et puis, il y a eu Flore?
"Oui. Au départ, on était un groupe instrumental. C'était ma volonté. Je me sentais proche des musiques de films, de cette émotion, de cette tension et je voulais proposer autre chose que la pop classique où la voix est en avant. Mais, j'ai rencontré Flore à un concert en 2015, on a fait des essais et on a décidé de continuer ensemble. L'idée était de traiter la voix comme un instrument. Progressivement, on est allé vers plus de chanson.
C'est différent la chanson?
"Oui, très. Ça nous a obligé à revoir nos compositions, à travailler les arrangements, les mélodies et surtout à écrire des textes. Je n'aime pas les chansons engagées, à messages, du moins ce n'est ce que je veux faire. C'est difficile de trouver une position entre l'amour de la belle note et la légèreté pour s'évader. Flore compose ses mélodies de voix et on écrit les paroles à deux.
On sent de nombreuses influences plutôt rétro dans votre musique. Quelles sont vos sources d'inspiration?
"J'ai une affection pour le côté chaleureux et artisanal de la musique des années 70. La musique de film de cette époque est certainement ce qui m'inspire le plus: Michel Legrand, Vladimir Cosma, François de Roubaix... J'admire aussi le travail d'un Quincy Jones qui a su rassembler les meilleurs musiciens pour produire les meilleurs albums. Aujourd'hui, je trouve la musique numérique froide, déshumanisée. Je cherche à apporter un côté organique, hédoniste à nos compositions.
Vous n'avez sorti qu'un album en 8 ans... Paresseux ou perfectionnistes?
"On a quand même sorti plusieurs EP! Mais, oui, on est perfectionnistes, on cultive le sens du détail, quitte à y passer des heures. Et vu le prix de location des studios, on ne peut pas abuser... Cela dit, un nouvel album devrait sortir au courant de l'année.
Dans la continuité de Matahari?
"Ce sera plus classiquement un album de studio, très peaufiné, dans la pure tradition des studios des 70's. Nous travaillons sur des morceaux originaux, y compris en anglais.
Vous êtes d'ailleurs à l'affiche du festival Coachella. C'est une grosse pression?
"C'est grisant car, à part Aya Nakamura, on est les seuls francophones. Mais c'est évidemment une pression vu l'importance de ce festival. Il y a une sorte de fascination mutuelle entre les Américains et les Français. Nous avons déjà tourné aux États-Unis et nous y avons un public qui n'est pas fait d'expats français. On a essayé de traduire nos chansons pour eux, mais ils veulent du français.
Luxembourg, c'est une première?
"Oui, ce sera la première fois qu'on se produit au Luxembourg. On est impatient. Plusieurs groupes que l'on connaît nous ont dit que le public n'était pas facile, mais que, une fois embarqués, ils étaient très enthousiastes et très remuant."
L'Impératrice sera à L'Atelier, ce samedi 22 février avec Yellow Straps en première partie.