
© Ubisoft Montpellier
"Prince of Persia: The Lost Crown" a reçu jeudi le prix du meilleur jeu vidéo de l'année lors de la 6e édition des Pégases, qui récompensent les meilleures créations françaises, au cours d'une cérémonie qui n'a pas ignoré les difficultés du secteur.
Développé par le studio du géant Ubisoft à Montpellier, "Prince of Persia: The Lost Crown" (que RTL Infos a testé, on vous en parle ici) est un jeu d'action-aventure inspiré des "Mille et une nuits".
Il ravive la flamme d'une saga créée il y a plus de 35 ans par l'Américain Jordan Mechner.
"Œuvrer sur un tel projet, sur une telle licence, après avoir passé autant d'heures (sur le jeu original) quand on était plus jeune est un si grand privilège et une chance inouïe", a témoigné sur scène Mounir Radi, le directeur du jeu.
"Prince of Persia: The Lost Crown" a connu un succès critique mais des ventes plus mitigées, malgré plus de 1,4 million d'exemplaires écoulés.
Disponible sur PC et consoles, le jeu a réalisé un sans-faute puisqu'il a remporté les trois autres prix pour lesquels il était nommé: "meilleur univers sonore", "meilleur game design" et "meilleure accessibilité".

© AFP
"Fier de faire des jeux "woke""
De quoi redonner le sourire à Ubisoft: le géant français des jeux vidéo a enchaîné les mauvaises nouvelles ces derniers mois avec plusieurs lancements en demi-teinte, l'arrêt de son jeu de tir XDefiant et la fermeture de plusieurs studios à l'étranger.
Il prépare le lancement le 20 mars de "Assassin's Creed Shadows", dernier opus de sa série phare, sur lequel il mise beaucoup pour se relancer.
Avec son univers chaud et coloré inspiré de la Provence, le jeu d'exploration "Caravan SandWitch" a, lui, décroché les titres de "meilleur premier jeu" et "meilleur jeu vidéo indépendant".
"On voulait faire un jeu qui portait des valeurs comme l'inclusivité, la solidarité" et "les droits LGBT", a déclaré sur scène l'équipe du petit studio montpelliérain Plane Toast.
"On est fier de faire des jeux +woke+ !", ont-ils lancé sous les applaudissements, un pied de nez à la frange la plus conservatrice des joueurs qui, sur les réseaux sociaux, s'en prend régulièrement aux studios et aux jeux qu'ils considèrent comme trop politiques.
Mais, cette année, la célébration de la création vidéoludique française avait surtout un goût amer: depuis deux ans, le secteur est secoué par une succession des fermetures de studios et des licenciements dans le monde.
Sourire de façade
"On garde le sourire en façade" mais "on est presque tous d'accord pour dire: ça va bof", a lancé la présentatrice de la soirée, Salomé Lagresle, en ouvrant la cérémonie à la Cigale, à Paris.
Le jeu vidéo "est bien plus qu'un divertissement, c'est un art, une industrie et un moteur d'innovation", a tenu à rappeler la ministre en charge du Numérique Clara Chappaz, venue remettre le trophée de la "personnalité de l'année".
Il a été décerné à Romain de Waubert, cofondateur du studio Amplitude en 2011 et spécialiste des jeux de stratégie dans l'espace avec la saga "Endless".
"Si on a réussi à avoir ce prix-là, c'est parce qu'on a repris notre indépendance" du géant japonais Sega en fin d'année, a-t-il souligné, ajoutant que "partir, c'était pas facile".
Fruit d'un projet lancé en solo, "The Operator" repart avec le prix de "l'excellence narrative" pour son enquête mêlant complotisme et fact-checking, inspirée de la série télévisée "X-Files".
Éditée par le Français Focus Entertainment, l'adaptation brutale et sanglante de l'univers de figurines "Warhammer 40.000: Space Marine II" a remporté le prix du "meilleur jeu vidéo étranger".
Figurant parmi les succès surprises de l'année, il s'est écoulé à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde.
Les jeux vidéo, première industrie culturelle française
Les Pégases, fondés par le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) qui réunit les professionnels français du secteur, sont attribués depuis 2020 à la suite d'un vote effectué en deux tours par plus de 3.000 professionnels et membres de l'Académie des arts et techniques du jeu vidéo.
Le jeu vidéo est la première industrie culturelle française en termes de chiffre d'affaires avec 6 milliards d'euros générés en 2023, selon le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell), qui publiera fin mars les chiffres pour 2024.