Le géant japonais Sony lance le 2 octobre "Ghost of Yōtei", suite d'un très populaire jeu vidéo de samouraïs sorti en 2020 et l'un des blockbusters de la fin de l'année sur sa console.

Mais le titre est la cible d'une campagne de cyberharcèlement sur les réseaux sociaux pour des propos tenus par l'une des salariées de Sucker Punch, studio américain derrière le jeu, après la mort de l'influenceur pro-Trump Charlie Kirk.

Jeu exclusif à la PlayStation 5 - Sucker Punch appartenant à Sony - "Ghost of Yōtei" a mobilisé pendant près de cinq ans une équipe de 180 personnes.

Selon le studio, qui n'a pas donné de chiffre précis, son budget est "similaire" à celui de son prédécesseur "Ghost of Tsushima", estimé à 60 millions de dollars selon certains médias spécialisés.

Un montant plutôt modeste pour un jeu écoulé à plus de 13 millions d'exemplaires, comparé aux grosses productions du secteur, qui coûtent parfois plusieurs centaines de millions de dollars.
Ce nouvel opus met en scène la quête de vengeance de son héroïne, Atsu, dans le Japon du début du XVIIe siècle.

"Nos jeux s'inspirent des classiques des films de samouraïs", explique à l'AFP Nate Fox, 51 ans dont 27 passés dans le studio basé à Bellevue, dans l'Etat de Washington (Etats-Unis), où il est directeur créatif.
"Nous faisons de notre mieux pour rendre hommage à ce genre que nous adorons", poursuit-il, "un peu à la façon du western spaghetti".

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© SONY

Mythe japonais

Comme son prédécesseur, "Ghost of Yōtei" reproduit en jeu vidéo la mise en scène et la tension des duels des films de samouraïs.

Il propose d'ailleurs, sous forme d'option à activer, des styles graphiques allant du noir et blanc des films d'Akira Kurosawa aux effusions de sang des œuvres de Takashi Miike.

Moins gargantuesque dans son contenu que son concurrent "Assassin's Creed Shadows", titre d'Ubisoft sorti en mars, le monde ouvert de "Ghost of Yōtei" permet d'explorer librement plusieurs zones de l'île d'Hokkaido, au nord du Japon.

Selon Nate Fox, il est similaire à son prédécesseur "en termes de taille et de durée", et perpétue des mécaniques de jeu particulièrement appréciées des joueurs, comme l'utilisation du vent pour guider sa progression.

Pour reproduire cette période du Japon féodal, l'équipe s'est entourée d'historiens et de spécialistes de la culture aïnou (peuple autochtone du nord du Japon), tout en s'autorisant "certaines libertés" historiques.
"Ma principale préoccupation était de ne pas involontairement offenser les joueurs japonais", a assuré le directeur créatif américain.

L'héroïne du jeu, tout comme son titre, s'inspirent du mythe japonais du l'onryō, "ces fantômes - traditionnellement féminins - qui reviennent d'entre les morts pour se venger", explique Nate Fox.

Polémique

Il a également confié s'être senti "vraiment soulagé" du report à mai 2026 du lancement du mastodonte "Grand Theft Auto VI" (GTA VI), initialement prévu cet automne, qui lui promettait une concurrence féroce.
Mais une autre ombre est venue compliquer le lancement du jeu.

"Ghost of Yōtei" s'est retrouvé au cœur d'une campagne de dénigrement en ligne dans les jours qui ont suivi l'assassinat de l'influenceur pro-Trump Charlie Kirk, après un message de l'une de ses développeuses, Drew Harrison, posté sur le réseau social Bluesky.

"J'espère que le tireur s'appelle Mario pour que Luigi sache que son frère veille sur lui", a-t-elle écrit le 11 septembre, faisant référence au tueur présumé de Charlie Kirk et à Luigi Mangione, tueur présumé d'un patron d'assurances américain l'an dernier, ce qui a suscité une vague de messages haineux à son encontre et un appel au boycott du jeu.

Dans une interview au média spécialisé américain Game File, le directeur du studio Brian Fleming a confirmé depuis que Drew Harrison n'était plus salariée de Sucker Punch.
"Minimiser le meurtre d'une personne est pour nous inacceptable, et nous condamnons cela sans ambiguïté", a-t-il également déclaré à Game File.

Interrogé par l'AFP sur le sujet, le directeur créatif du jeu n'a pas souhaité commenter.