L'Ukraine a subi l'une des plus importantes attaques russes contre son réseau énergétique, plongeant vendredi dans le noir des centaines de milliers de foyers et causant la mort d'un enfant de sept ans.

La Russie multiplie depuis plusieurs semaines les frappes sur les infrastructures énergétiques et ferroviaires de l'Ukraine, à l'approche de l'hiver, faisant craindre que, comme les années précédentes, des millions de personnes ne se retrouvent sans chauffage.

Selon l'opérateur du réseau électrique ukrainien, Ukrenergo, les bombardements de la nuit ont privé de courant "un nombre significatif d'usagers" dans la capitale Kiev et neuf autres régions de l'est, du sud, du nord et du centre.

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Photo publiée par le Service d'urgence de l'État ukrainien, le 10 octobre 2025, de pompiers travaillant à éteindre un incendie dans un immeuble résidentiel après des frappes massives de drones et de missiles russes sur Kiev / © Service d'urgence de l'État ukrainien/AFP

Maksym Timtchenko, le PDG du principal acteur privé du secteur, DTEK, a estimé que cette attaque constituait "une grave escalade dans la campagne menée par la Russie contre le système énergétique ukrainien". Sa société a fait état de "centrales thermiques gravement endommagées".

Une source au sein du secteur ukrainien de l'énergie a expliqué qu'en raison du temps nuageux, de nombreux drones russes avaient "réussi à contourner la défense antiaérienne".

En début d'après-midi, le ministère de l'Energie a annoncé avoir rétabli l'électricité dans 270.000 foyers affectés à Kiev.

Selon les autorités, les frappes ont fait au moins un mort - un garçon de sept ans dans la région de Zaporijjia (sud) - et 33 blessés.

"Nuit terrible"

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Photo publiée par le Service d'urgence de l'État ukrainien, le 10 octobre 2025, montre des secouristes transportant une personne blessée après des frappes massives de drones et de missiles russes sur Kiev / © Service d'urgence de l'État ukrainien/AFP

"Depuis plusieurs semaines, les Russes font tout pour plonger le pays dans l'obscurité", a dénoncé le président Volodymyr Zelensky, qualifiant l'attaque de "cynique et calculée".

Il a une nouvelle fois plaidé pour une "action décisive" des Occidentaux qu'il exhorte à livrer des systèmes de défense antiaérienne supplémentaires.

L'armée russe a de son côté affirmé avoir visé des sites énergétiques alimentant "le complexe militaro-industriel" ukrainien.

"Ce fut une nuit terrible" avec "des explosions tout le temps", a témoigné auprès de l'AFP Valentyna, une habitante de la capitale.

Une autre, Olena, âgée de 39 ans, n'a plus d'électricité depuis trois heures du matin. Si elle a "mal dormi comme tout le monde", elle reste optimiste car des amis ont installé chez eux "de petites centrales électriques, des batteries externes qui tiennent longtemps".

Il s'agit de "l'une des plus importantes frappes concentrées spécifiquement sur des installations énergétiques", a déploré la Première ministre Ioulia Svyrydenko, soulignant que les infrastructures ont "subi des dommages importants".

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La capitale ukrainienne Kiev plongée dans le noir après une frappe de drones et de missiles russes, le 10 octobre 2025 au matin / © AFP

Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a envoyé 465 drones et tiré 32 missiles sur l'Ukraine, dont respectivement 405 et 15 ont été abattus.

Des journalistes de l'AFP à Kiev ont entendu dans la nuit plusieurs explosions ainsi que le vrombissement de drones d'attaque. Un reporter, vivant dans l'est de la capitale, a constaté l'absence de courant et d'eau potable et témoigné que cette partie de la ville se retrouvait dans une obscurité totale.

Selon le correspondant de guerre russe Alexandre Kots, deux centrales électriques ont été touchées à Kiev et au moins six autres à travers l'Ukraine.

"Semer le chaos"

M. Zelensky avait déjà dénoncé plus tôt cette semaine la multiplication des attaques contre des cibles énergétiques. Il a estimé que l'objectif de la Russie était de "semer le chaos" au sein de la population.

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Des pompiers ukrainiens dans un immeuble résidentiel endommagé par des frappes massives de drones et de missiles russesà Kiev, le 10 octobre 2025 / © AFP

Autre signe de la pression russe, les autorités ukrainiennes ont annoncé jeudi de nouvelles évacuations de civils à Kramatorsk et Sloviansk, dans l'est, où se déroule l'essentiel des combats.

Le secteur gazier ukrainien est aussi mis à rude épreuve par les frappes russes, ce qui pourrait pousser l'Ukraine à recourir à de coûteuses importations.

L'hiver dernier, les bombardements russes avaient déjà réduit de moitié la production nationale de gaz dans ce pays.

Et selon un décompte de l'ONU rendu public vendredi, le mois de septembre a été particulièrement meurtrier pour les civils ukrainiens, confirmant "la tendance inquiétante à la violence intense" cette année.

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Des policiers ukrainiens devant un immeuble résidentiel endommagé par des frappes massives de drones et de missiles russesà Kiev, le 10 octobre 2025 / © AFP

L'Ukraine vise elle aussi régulièrement la Russie, ciblant en particulier les raffineries, ce qui y a provoqué une hausse des prix du carburant depuis l'été.

M. Zelensky a estimé cette semaine que les pénuries de carburant en Russie se chiffraient "à hauteur de 20% des besoins".

L'Ukraine a aussi récemment bombardé une centrale électrique dans la région russe frontalière de Belgorod, y causant des coupures de courant.