Après l'attentat sur le marché de Noël de Magdebourg, le nombre de morts est passé à cinq, selon les autorités régionales. Le chancelier Olaf Scholz a parlé d'un "acte terrible" et "fou" en se recueillant dans la ville traumatisée.

Au moins cinq personnes ont été tuées lors de l'attentat présumé sur le marché de Noël de Magdebourg. Plus de 200 autres personnes ont été blessées, a déclaré samedi le ministre-président de Saxe-Anhalt Reiner Haseloff (CDU) après s'être rendu sur les lieux.

Le dernier bilan de la course folle du véhicule BMW renversant sur 400 m la foule du marché de Noël, n'est encore que provisoire. Parmi les blessés, une quarantaine le sont très grièvement, au point qu'il y a lieu "de s'inquiéter" pour eux, a dit le chancelier Olaf Scholz qui s'est rendu sur le lieu de l'attentat.

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Un médecin saoudien de 50 ans, qui vivait en Allemagne depuis 2006, a été arrêté comme auteur présumé.

"Il semble que le crime pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l'égard de la manière dont les réfugiés d'Arabie saoudite sont traités en Allemagne", a déclaré à la presse le procureur local Horst Walter Nopens.

Taleb Jawad al-Abdulmohsen, exerçant comme psychiatre dans la région, reprochait aux autorités allemandes de ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour des raisons religieuses ou politiques, et de se montrer à l'inverse généreuses à l'égard de réfugiés musulmans venus du Moyen-Orient.

Polémique politique

Venu samedi à Magdebourg dans l'est du pays pour réconforter les habitants, Olaf Scholz a lancé un appel à la cohésion nationale, promettant "d'agir contre ceux qui veulent semer la haine".

Il a appelé les Allemands à se "serrer les coudes", alors que l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est déjà saisie de l'attaque pour dénoncer l'accueil de centaines de milliers de réfugiés dans le pays ces dernières années.

"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20%, en vue d'élections législatives anticipées fin février.
Plusieurs habitants de Magdebourg ont exprimé leur colère, l'un d'eux appelant bruyamment le chancelier lors de sa visite à "parler avec l'AfD" sur l'accueil des réfugiés.

"Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a jugé un autre passant, Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans.

La ville de Magdebourg est sous le choc des images de l'attentat à la voiture-bélier. Parmi les cinq morts figurent un enfant de 9 ans et quatre adultes. Les blessés ont été répartis dans quinze hôpitaux différents.

Vêtu de noir, M. Scholz a déposé samedi des fleurs sur le parvis de l'église, face au lieu du drame. De nombreux anonymes l'ont précédé, déposant bouquets et bougies, pour témoigner de l'effroi qui a figé le pays à quelques jours de Noël et en pleine campagne électorale.

"Le monde est malade"

"Ce qui s'est passé aujourd'hui affecte beaucoup de personnes, ça nous touche beaucoup", dit à l'AFP Fael Kelion, un Camerounais de 27 ans, installé dans la ville.

"Nous avons vu le toit de la voiture, puis ça s'est passé. Tout le monde était ensuite allongé sur le sol, des enfants, des hommes, des blessés avec fractures ouvertes, c'est inimaginable", a raconté un témoin à la chaîne de télévision Welt TV.

"C'est terrible, il y avait un cadavre à côté de moi pendant tout ce temps. Je pensais que j'allais juste au marché de Noël et une telle chose arrive. Le monde est malade", a ajouté sa compagne.

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L'attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin, alors que l'Allemagne, en pleine campagne électorale, est en état d'alerte contre le risque d'attentats.

"Arraché à moi"

Une victime de 32 ans, Nadine, se trouvait bras dessus bras dessous avec son petit ami Marco, 39 ans, lorsque la voiture l'a happé.

"Il a été traîné et arraché à moi, c'était terrible", a-t-elle raconté. "Personne n'a crié, nous n'avons pas entendu la voiture", a-t-elle raconté au journal Bild.

Elle a précisé que son compagnon avait été blessé à la jambe et à la tête et qu'elle ne savait pas dans quel hôpital il avait été transporté, décrivant une "incertitude insupportable".

Il était environ 19h00 locales (18h00 GMT), dans la cité des bord de l'Elbe, à quelque 160 kilomètres de Berlin, lorsqu'un puissant véhicule noir a franchi l'enceinte de la fête, slalomant dans les allées "sur plus de 400 mètres", selon la police.

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Une des deux victimes mortellement touchées est un jeune enfant. Plus de 60 personnes ont été blessées.

Lorsque la nouvelle de l'attentat s'est propagée, un lourd silence est tombé dans les travées du stade de Magdebourg où le club de football de la ville affrontait le Fortuna Düsseldorf.

Luxembourg-Ville solidaire 

La bourgmestre de Luxembourg-Ville, Lydie Polfer a adressé ce samedi une lettre de condoléances à Mme Simone Borris, maire de la ville de Magdeburg.

On peut y lire que "c'est avec une grande tristesse et un grand choc que nous apprenons la tragique attaque sur le marché de Noël de Magdebourg".

Au nom du Conseil échevinal de la Ville de Luxembourg, Lydie Polfer a exprimé "ses vœux de condoléances les plus sincères. Nos pensées vont à tous les habitants de Magdebourg".

Avant de souhaiter "aux blessés et aux personnes endeuillées beaucoup de force et de réconfort en ces temps difficiles".

Joe Biden a qualifié samedi d'"abject et sombre" l'attaque survenue au marché de Noël de Magdebourg. "Aucune population - ni aucune famille - ne devrait endurer un tel évènement abject et sombre, en particulier quelques jours avant un jour de joie et de paix", a déclaré le président américain dans un communiqué, adressant les "condoléances sincères" des Etats-Unis "pour le peuple allemand en deuil après cette terrible attaque".