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Le patron de la place boursière Euronext, Stéphane Boujnah, a appelé samedi la France à suivre la trajectoire budgétaire du Portugal, de l'Italie, de la Grèce et de l'Espagne, baptisés "PIGS" car fortement endettés il y a 15 ans.
"Ces pays-là étaient les parias", a rappelé M. Boujnah interrogé sur France Inter.
"Quinze ans après", a-t-il souligné, "tous ces pays ont réduit massivement leurs dettes" et trois d'entre eux sont "en excédent budgétaire primaire", c'est-à-dire qu'ils collectent plus d'impôts qu'ils ne réalisent de dépenses publiques avant de payer les intérêts de la dette.
Pour en arriver là, il y a "trois ou quatre choses" que "tous" ces pays "ont fait de la même manière. La retraite est passée à 65 puis 67 ans. La TVA a dépassé 20%. Les dépenses publiques ont été réduites. Vous avez 300 communes au Portugal et 300 communes en Grèce. Et les dépenses de santé se sont concentrées sur ce qui n'est pas de la dépense de confort", a énuméré M. Boujnah.
"Et vous avez eu un effort pour allonger la durée du travail, le quantité de travail pour augmenter la croissance", a aussi relevé le patron d'Euronext.
"Dans ces pays, ces programmes d'ajustement ont été faits par des gouvernements de gauche puis de droite ou de droite puis de gauche", et "un consensus national s'est constitué pour dire +plus jamais la dérive des déficits, plus jamais le traumatisme des ajustements de la dette+", a déclaré M. Boujnah, pour qui "une génération est ruinée quand on retarde ce redressement".
Selon le patron d'Euronext, les anciens PIGS "ne comprennent pas pourquoi nous vivons dans une île. Ils ne comprennent pas pourquoi nous avons des difficultés à faire ce qu'eux ont fait, alors qu'on est confrontés à peu près aux mêmes équilibres et aux mêmes nombres".
Or en France, "le problème auquel nous sommes confrontés, c'est soit le redressement choisi maintenant, soit l'austérité subie plus tard", a-t-il dit.
De plus, "si la France, qui porte une partie de l'ambition européenne, est très affaiblie, c'est un problème pas seulement pour la France mais pour le reste de l'Europe", a-t-il ajouté.