
Des milliers de policiers et gendarmes portugais, “au bord du burnout collectif”, ont manifesté mercredi soir dans les rues de Lisbonne pour réclamer le versement d’une prime accordée uniquement aux inspecteurs de la police judiciaire.
Ils étaient environ 10.000, selon les syndicats, à défiler en direction du Parlement, en silence et vêtus en civil, derrière des banderoles clamant “policier unis”, “égalité, dignité” ou encore “nous ne sommes pas des policiers de seconde zone”.
Déclenchée par l’initiative d’un agent qui s’est mis à camper devant l’Assemblée nationale il y a plus de deux semaines, la mobilisation des forces de l’ordre n’a cessé de grandir, avec une multiplication des rassemblements et des veillées décrites comme “spontanées”.
Témoignant de l’élargissement du mouvement social, la manifestation de mercredi était soutenue par une dizaine de syndicats représentant les quelque 20.000 effectifs de la police nationale (PSP) et environ 22.000 membres de la gendarmerie (GNR).
Les protestataires réclament notamment l’équivalent de la prime de mission destinée à compenser des conditions de travail dangereuses et pénibles accordée en novembre aux agents de la Police judiciaire (PJ), et qui viendra ajouter jusqu’à plus de 600 euros à leur rémunération mensuelle.
L’absence de revalorisation des primes versées aux policiers et gendarmes a eu l’effet d’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour une classe professionnelle se trouvant déjà “au bord du burnout collectif” en raison des faibles revenus, du vieillissement des effectifs et de l’attribution de compétences supplémentaires, a affirmé à l’AFP le président du principal syndicat de la police nationale, Paulo Santos.
“L’accumulation de ces questions a rendu l’institution nerveuse et indignée”, a-t-il souligné, en précisant qu’un policier en début de carrière touchait un salaire mensuel de base de 960 euros sur 14 mois, et que celui d’un officier se situait entre 1.600 et 1.700 euros.

L’introduction d’une nouvelle prime aux inspecteurs de la police judiciaire a été promulguée fin décembre par le président Marcelo Rebelo de Sousa, qui avait alors prévenu que la mesure risquait de provoquer “une véritable vague d’insatisfaction et de contestation” chez les autres forces de l’ordre.
Le chef de l’État a depuis estimé que la question devait être réglée par le gouvernement qui sortira des élections législatives anticipées du 10 mars prochain.
Le Portugal a plongé dans une crise politique en novembre, lorsque le Premier ministre Antonio Costa, au pouvoir depuis fin 2015, a vu son nom impliqué dans une enquête pour trafic d’influence visant son chef de cabinet et un de ses ministres.
Pour exiger des mesures immédiates au gouvernement socialiste démissionnaire, mais aussi pour faire pression sur l’ensemble des partis politiques, les policiers ont déjà prévu de manifester à nouveau mercredi prochain à Porto (nord).