L'Okaju, le défenseur des droits des enfants et des jeunes, a présenté son rapport annuel lundi à la Chambre des députés.

"L’industrie pornographique devrait être bien davantage tenue responsable, car il y a trop de failles dans le système à l'échelle mondiale", a dit mardi sur RTL Charel Schmit, le défenseur des droits des enfants et des jeunes, au lendemain de la présentation de son rapport annuel.

De nombreux jeunes consomment des contenus pornographiques beaucoup trop tôt, sur des plateformes qui ne contrôlent pas suffisamment leurs contenus. Il s’agit d’entreprises "pas très propres", rappelle Charel Schmit, "qui se sont implantées au Luxembourg dans le cadre de leur architecture financière". En vertu de la législation sur les chaînes d’approvisionnement, elles auraient pu être classées comme secteur à haut risque. Mais les directives européennes “Omnibus” ont été rejetées la semaine dernière par le Parlement européen, ce qui constitue "un échec et une grande déception pour tous les défenseurs des droits humains et des droits des enfants". Il est très clair qu’"il ne faut pas compter sur un engagement volontaire" : “Raison de plus pour que le législateur national luxembourgeois s'en saisisse et définisse ce secteur comme secteur à haut risque et le tienne responsable, afin de nettoyer ses plateformes et d’en bloquer l’accès aux mineurs.”

Une approche plus stricte des pédophiles et des pédo-criminels est nécessaire

Charel Schmit plaide également pour une approche plus stricte des pédophiles et des pédo-criminels présumés. Interrogé sur le cas d'un pédophile qui a fait grand bruit en début d'année, l'OKAJU a déclaré "ne pas aborder les cas individuels ni commenter les décisions de justice". Le pédo-criminel en question avait pris des photos de sa propre fille et les avait partagées sur Internet, avec ses fantasmes. Selon les informations dont dispose RTL, la jeune fille habite toujours avec son père. "Le problème réside dans l'évaluation des risques liés à la consommation, la possession, voire la production de matériel pédopornographique". "Ce phénomène est souvent minimisé" et qualifié de "consommation passive".  C'est pourquoi le défenseur des droits a publié "une note pour déconstruire ce mythe". "Ces personnes représentent un réel danger pour leur entourage familial, social et professionnel." Selon Charel Schmit, la loi devrait prévoir "une analyse de risques immédiate si l'adresse IP utilisée pour accéder à ce type de contenu a pu être attribuée à une personne physique". Cette personne ne devrait alors plus entrer en contact avec des enfants, affirme l'OKAJU.

"Le contrôle parental est un échec"

Charel Schmit est clairement favorable à une interdiction des écrans pour les enfants de moins de 3 ans. Le Luxembourg devrait également "fixer une limite d’âge pour certains contenus", par exemple un âge minimum de 15 ans pour les réseaux sociaux. "Il s’agit d’une proposition de discussion", souligne l’Okaju. "Il ne s’agit pas d’envoyer la police ou le parquet dans les salles de jeux ou les chambres". Cependant, "aujourd’hui, circulent dans les chambres d’enfants, via les réseaux sociaux, des contenus que personne ne souhaite voir dans le salon familial". Ne rien faire n’est donc pas une option, ajoute Charel Schmit.

Un enfant sur quatre vit dans la précarité

Le défenseur des droits Charel Schmit considère la pauvreté infantile comme un grand danger pour les enfants : un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg, et 8% souffrent d’un manque matériel. Le logement est souvent un problème qui impacte particulièrement les enfants. "Le Luxembourg est également le triste leader en Europe en matière de travailleurs pauvres". "11,5% des ménages dépendent de l’allocation de vie chère, et 7% des enfants de ce groupe d’âge, soit un enfant sur 14, ont des parents bénéficiaires du Revis. Cela signifie qu’il y a dans chaque classe des enfants qui dépendent de l’aide sociale", explique Charel Schmit. Les familles monoparentales sont naturellement particulièrement concernées.
C’est pourquoi "il faudrait inverser la logique de la pension alimentaire". Il ne devrait pas incomber à la mère ou au père de devoir faire tellement d'efforts pour prouver que l’autre parent ne respecte pas ses obligations :

C’est le rôle de l’État, et non celui d’une personne seule, de recouvrer la pension alimentaire auprès de ceux qui se soustraient à leurs responsabilités, et non la charge du parent monoparental de le faire.”

Charel Schmit plaide également pour que les enfants aient un accès plus rapide à une assistance juridique. Il estime qu'un enfant devrait pouvoir bénéficier d’un avocat spécialisé sans décision préalable d’un juge.