La politique agricole de l'UE pour l'après 2027 est en cours d'élaboration et Bruxelles envisage d'abandonner le modèle traditionnel.

Le projet prévoit le renforcement des paiements directs aux agriculteurs et le soutien au développement rural. En juillet, la proposition de la Commission a été vivement critiquée à l'échelle européenne. Au Luxembourg, la ministre de l'Agriculture, Martine Hansen, s'est également montrée sceptique. Sur le papier, il semblerait que les agriculteurs luxembourgeois perdent de l'argent, mais ce ne serait pas le cas.

C'est ce qu'a laissé entendre le Commissaire européen à l'Agriculture, Christophe Hansen, lundi après-midi à la Chambre : il faut considérer la question dans son ensemble. Il a expliqué aux commissions parlementaires compétentes la future politique agricole européenne. Celle-ci se veut moins bureaucratique et plus flexible, avec une plus grande participation des États membres:

"Pour le Luxembourg, il semble effectivement sur le papier, que c'est comme si la politique agricole perdait un peu plus de 20%, mais ces 20% restent obligatoires. Et nous disposons également de 200 millions dans l'enveloppe luxembourgeoise pour y parvenir. Si nous en consacrons seulement la moitié au développement rural, qui est également bénéfique à l'agriculture, nous dépassons le niveau actuel."

À l'échelle européenne, 300 sur les 386 milliards du pot sont déjà sécurisés, soit 80%, selon le Commissaire:

"Les autres 20 % restent toujours obligatoires. Et dans ce PNRP, nous avons 453 milliards qui restent à allouer. Imaginez maintenant que seul un quart de ces 453 milliards soit utilisé pour les programmes obligatoires, nous serions déjà au-dessus du niveau actuel."
 
Le député LSAP Yves Cruchten n'arrive pas à comprendre complètement le calcul de Bruxelles:

"Monsieur Hansen est donc membre d'une Commission qui va retirer 90 milliards d'euros aux agriculteurs européens. Il nous dit, souhaitant rassurer les agriculteurs, qu'ils peuvent voir qu'une partie de cette somme peut également être versée via des fonds nationaux. Or, il faut savoir que plusieurs autres politiques sont également financées par ces fonds nationaux. Et il n'est absolument pas garanti que les États-nations réunissent vraiment cet argent pour compenser cela."

Autre critique à l'encontre de la prochaine PAC : la dégressivité des primes à l'hectare et le plafond de 100.000 euros. Christophe Hansen souligne que les pertes pourront être compensées, par exemple, par des mesures environnementales ou innovatrices.

A propos d'environnement, pour la députée verte Joëlle Welfring, les efforts ne sont pas suffisants en ce domaine:

"Actuellement, la PAC a des effets néfastes sur les agriculteurs, sur leur planification stratégique, mais aussi sur l'environnement, ce qui revient en fait au même, car leur avenir est également en jeu. Notre question est donc la suivante : comment améliorer cela à l'avenir ? Nous recevons presque systématiquement une mauvaise note de l'Agence européenne pour l'environnement, indiquant qu'un pourcentage important de la pollution provient d'autres sources, mais aussi de l'agriculture. La question est donc : comment gérer ce problème ? Ma question au Commissaire : que compte-t-il faire pour y remédier ? Il n'y a pas eu grand-chose de concret dans sa réponse jusqu'à présent."

Un autre sujet abordé en commission concernait l'accord Mercosur, entre l'UE et des pays d'Amérique du Sud. Il y aurait des secteurs sensibles et des secteurs plus offensifs. Le Commissaire européen y voit un fort potentiel, par exemple dans les secteurs du vin, des spiritueux, des produits laitiers, du jambon, du fromage et des olives. Les secteurs du sucre, du poulet et du bœuf seraient plus défensifs, selon Christophe Hansen.
 
Dans le cadre de l'accord Mercosur, Christophe Hansen s'envolera mardi pour le Brésil avec une délégation de 80 entreprises européennes - dont deux sociétés luxembourgeoises.

RTL

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