Les autorités sanitaires luxembourgeoises font l'objet de vives critiques de la part des pharmaciens pour avoir recommandé un nouveau vaccin contre la grippe qui n'est pas encore disponible au Luxembourg, semant la confusion à quelques jours du début de la campagne annuelle de vaccination.

La Direction nationale de la santé recommande un nouveau vaccin contre la grippe à forte dose pour les personnes âgées de plus de 65 ans avant la campagne de vaccination de cette année. Cependant, un problème d'approvisionnement important est apparu, les pharmaciens signalant que le vaccin recommandé n'est pas encore disponible dans le pays.

La campagne annuelle de vaccination automnale, qui débute officiellement le 15 octobre, cible principalement les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies chroniques telles que les maladies cardiaques ou pulmonaires, l'obésité et le diabète.

La recommandation concernant le nouveau vaccin, appelé Efluelda, a été communiquée aux médecins et aux pharmaciens dans une circulaire conjointe de la Direction de la santé et de la Caisse nationale de santé (CNS) le 22 septembre. Selon Alain de Bourcy, président de l'association des pharmaciens, la formulation à forte dose est conçue pour créer une réponse immunitaire plus forte chez les personnes âgées, dont le système immunitaire peut ne pas réagir suffisamment aux vaccins standard. Il a précisé que la dose plus forte n'est pas recommandée pour les populations plus jeunes, qui n'en ont pas besoin et pourraient subir des effets secondaires plus prononcés.

Un nouveau vaccin

Le problème central est celui de la disponibilité. Efluelda étant nouveau sur le marché luxembourgeois, les grossistes pharmaceutiques ne l'ont actuellement pas en stock. Bien qu'une commande ait été passée, les pharmaciens ne s'attendent pas à ce que le vaccin arrive dans les pharmacies avant la deuxième semaine d'octobre au plus tôt.

Ce goulot d'étranglement dans l'approvisionnement provoque des perturbations, inquiète les patients et oblige les médecins généralistes à reprogrammer éventuellement les rendez-vous de vaccination. De plus, les pharmaciens risquent de se retrouver avec un stock excédentaire du vaccin antigrippal classique qu'ils ont commandé sur la base des directives précédentes.

Critiques à la direction de la Santé

Alain de Bourcy a critiqué le timing de la nouvelle recommandation, affirmant que les pharmaciens passent généralement leurs commandes de vaccins au printemps et les confirment pendant l'été. L'association soutient que la Direction nationale de la santé a agi trop tard en convoquant le Conseil supérieur des maladies infectieuses à une date insuffisamment précoce pour évaluer le nouveau vaccin.

Exprimant sa frustration au nom de la profession, M. de Bourcy a qualifié la situation de "pure négligence" et a déclaré que les responsables avaient "dormi au volant". Il a précisé que sa critique ne visait pas personnellement la ministre de la Santé, Martine Deprez, mais plutôt la direction de la Direction nationale de la santé. "Ce sont ces personnes qui, sur le plan technocratique et technique, doivent veiller à ce que cela fonctionne, et rien n'a été fait", a-t-il déclaré.

Le président de l'association des pharmaciens a souligné que la planification était plus avancée à l'étranger, citant l'exemple de l'Allemagne où le Comité permanent de vaccination (STIKO) avait déjà approuvé le vaccin Efluelda en octobre 2024 pour la saison suivante.

Contacté par nos soins, le Dr Jean-Claude Schmit, directeur de la Direction nationale de la santé, a refusé de répondre directement aux accusations spécifiques, soulignant que la ministre Martine Deprez devait d'abord répondre à une question parlementaire officielle sur le sujet. Dans une interview accordée à nos collègues de RTL Télé, il a fait un commentaire général sur la disponibilité des vaccins, déclarant que "les vaccins conventionnels sont déjà là. Le nouveau vaccin, qui constitue désormais une option supplémentaire, arrivera dans les prochains jours. Il devrait donc y avoir suffisamment de vaccins pour tout le monde".

Environ 80.000 à 90.000 personnes se font vacciner contre la grippe chaque année au Luxembourg, un taux dont les autorités sanitaires se disent insatisfaites.