
La Caisse nationale de Santé a enregistré un déficit de 25 millions d'euros en 2024, un déficit qui devrait encore se creuser et entamer davantage les réserves.
Tel était le constat alarmant du comité quadripartite réuni ce printemps, sous la présidence de la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, en collaboration avec le ministre des Finances, Gilles Roth, pour examiner la situation financière de l'assurance maladie-maternité pour l’année 2024 et les prévisions pour 2025. Pour rappel, le comité quadripartite réunit toutes les parties impliquées dans la gestion et le fonctionnement de l'assurance maladie maternité, c'est-à-dire les représentants du gouvernement, des syndicats et des organisations patronales, ainsi que des prestataires de soins de santé. Depuis, les acteurs concernés se réunissent régulièrement en groupes de travail pour faire le point.
Une réunion préparatoire a ainsi eu lieu vendredi en prévision de la prochaine quadripartite programmée dans un mois. Il y a notamment été question de mesures pour rétablir la situation financière de l'assurance maladie maternité et de la problématique de l'absentéisme.
Pour freiner les dépenses, l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) et les syndicats ont déjà rédigé un document au printemps, attirant l'attention sur le fait que l'assurance maladie finance des dépenses qui ne relèvent pas de la politique de santé. Pour les syndicats, la volonté politique pour modifier cet état de fait est cependant absente.
Pour le syndicat LCGB, il y a deux lignes rouges à ne pas franchir: pas question que ce soient les assurés qui payent et pas de détérioration des prestations. Le LCGB exige en outre que des engagements soient pris au niveau des prestations en matière de soins dentaires et d'aides visuelles, selon Christophe Knebeler, membre du comité de direction du LCGB.
Le patronat s'oppose à toute augmentation des cotisations. Le LCGB plaide en tout cas pour le déplafonnement de ces cotisations.
"Le fait est qu'aujourd'hui, on paie jusqu'à cinq fois le salaire minimum. Et nous pensons que ce plafond doit être levé. Car avec cela, nous pourrions, comme cela a été calculé pour 2024, faire rentrer 300 millions d'euros supplémentaires dans les caisses. Et là, ce serait les plus favorisés qui seraient sollicités".
Le gouvernement souhaiterait ficeler rapidement un paquet global, mais Christophe Knebeler ne se montre pas aussi optimiste et ne croit pas que la prochaine réunion quadripartite fournira des solutions concrètes.
"Nous n'en sommes pas encore au point de dire que nous aurons la solution lors de cette quadripartite. Nous allons poursuivre nos démarches pour pouvoir obtenir des réponses à ce que nous avons demandé ou peut-être même obtenir un compromis du gouvernement sur l'une ou l'autre mesures, qui va dans le sens de ce que nous avons demandé et discuté l'an dernier. C'est le sentiment que nous avons plutôt à présent, en disant que nous tentons encore d'aller dans cette direction. Et si cela ne va pas, nous en ferons le constat ensemble et déciderons d'une réaction. Je crois donc qu'il sera difficile de trouver un accord."
Les représentants du patronat parlent d'une réunion intéressante et constructive. Selon eux, le dialogue social a fonctionné et plusieurs pistes différentes ont été discutées.
Pour freiner les dépenses, l'UEL et les syndicats ont déjà rédigé au printemps le document susmentionné, auquel le directeur de l'Union des entreprises, Marc Wagener, se réfère également:
"Nous considérons effectivement que l'Etat a une obligation de nous faire une concession en reprenant certaines dépenses qui ne relèvent en fait pas de la politique de santé. Je pense que les deux ministres ont montré une certaine ouverture. Bien sûr, tout comme les syndicats et le patronat, ils doivent à présent rendre compte à leurs instances respectives".
L‘UEL rejette toutefois toute hausse des cotisations. Après les retraites, pas question d'une nouvelle augmentation des cotisations, cette fois pour l'assurance maladie.
" [... ] si les cotisations pour l'assurance maladie maternité augmentaient aussi l'an prochain, ce serait un signal très négatif aussi bien pour les dépenses publiques que pour la compétitivité, l'attractivité et aussi pour la force de travail des salariés, qui paient également des cotisations via leur salaire. Ce serait vraiment un message très négatif compte tenu de la situation difficile de l'économie et du marché de l'emploi."
La prochaine réunion du comité quadripartite est programmée le 13 octobre.