
© Ahed Kiwan
Ahed Kiwan, violoniste, vit au Luxembourg depuis 2022, après avoir fui le régime criminel syrien. La chute de Bachar Al-Assad lui inspire beaucoup d’espoir, en dépit des ambiguïtés latentes.
Son amour de l’harmonie, Ahed Kiwan n’a pu l’assouvir qu’à travers la pratique du violon. Car dans sa ville natale de Damas et en particulier dans le quartier de Tadamon, c’est au son des armes qu’il a dû se plier. Sans cesse menacé, il est contraint de rejoindre la ville de Soueïda en 2012, notamment en raison des nombreux massacres perpétrés.

Le quartier de Tadamon à Damas / © Ahed Kiwan
“Si j’avais choisi de terminer mes études universitaires à Soueïda, nous a expliqué Ahed, à la fin j’aurais été obligé de faire le service militaire pour, à terme, combattre mes frères syriens. C’était absolument inacceptable par rapport à mes principes, humains, moraux et musicaux. Parce que j’estime qu’il est de mon devoir de répandre la paix et l'amour à travers mon instrument de musique - le violon -. J'ai donc décidé de m'enfuir vers l'Europe en 2018. Je n’ai pu le faire qu'en 2022 après avoir payé une grosse somme d'argent.”

Ahed pratique le violon depuis l'enfance / © Ahed Kiwan
“J'espère que ce sera le premier pas vers la construction d'un État démocratique”
Ahed se rappelle qu’à l'université, lui et ses camarades ont été soumis au chantage de l'Union des étudiants pour participer à des marches pro-régime et menacés d'expulsion s’ils ne le faisaient pas. C’est donc avec de l’espoir qu’il a assisté à la chute du régime de Bachar Al-Assad ces derniers jours : “Je suis très heureux de la fin de ce régime criminel et j'espère, malgré l'ambiguïté de la situation ou de l'avenir, si je puis dire, que ce sera le premier pas vers la construction d'un État démocratique avec une justice sociale qui préserve les droits du peuple syrien. Et que cet État sera moderne et capable de suivre le rythme des autres pays développés, loin de l'extrémisme politique ou religieux, et que ce sera le début de la paix en Syrie et le maintien de l'arrêt de l'effusion de sang syrien.”
Ahed a par ailleurs trouvé une vraie famille au Luxembourg, notamment grâce à la musique. Il fait partie de l’orchestre amateur Place de l’Europe, où des musiciens de tous horizons jouent côte à côte (RTL Infos était allé à sa rencontre en 2023) : “Je suis reconnaissant à l'État luxembourgeois pour son hospitalité, affirme le violoniste, et pour son soutien aux réfugiés, sous toutes ses formes, en particulier le soutien culturel et psychologique pour vivre une vie meilleure et réussir l'intégration dans la société luxembourgeoise.”
Bien sûr, son pays natal occupe beaucoup ses pensées ces dernières heures : “La Syrie renaîtra de ses cendres, tel le Phénix, la formule a beaucoup de sens pour les Syriens. Elle est le pays de la culture, des arts, des civilisations à travers les siècles, elle restera forte avec la volonté et la détermination de son peuple.”