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Les audiences de la Commission spéciale Caritas ont débuté mercredi avec les représentants des autorités judiciaires.
Les députés ont entendu des représentants du parquet et de la cellule de renseignement financier. Aucune déclaration n'a porté sur l'enquête elle-même qui est soumise au secret de l'instruction. En revanche, les membres de la Commission spéciale se sont fait expliquer dans le détail le fonctionnement de la fraude dite "au président". Quelle que soit leur couleur politique, les députés sont d'accord sur le constat: la justice manque de moyens et de personnel.
Le parquet a assuré que l'affaire Caritas était une priorité absolue. Les députés ont été informés de manière générale des pratiques criminelles modernes, notamment via les arnaques au président. 13 nouveaux cas ont été répertoriés cette année. Tout ce qui est techniquement et technologiquement réalisable aujourd'hui suscite de nombreuses inquiétudes chez certains députés. Sven Clement des Piraten: "Par exemple, qu'aujourd'hui nous ne pouvons plus être sûrs que si LU figure devant un numéro de compte, l'argent atterrira effectivement au Luxembourg."
C'est pareil pour les numéros de téléphone luxembourgeois. Le tableau qui a été dressé, est celui d'une enquête difficile. C'est particulièrement compliqué si les malfaiteurs opèrent en dehors de l’UE.
Dans les couloirs de la Chambre, le constat essentiel était certainement que le parquet manque de personnel.
Marc Baum, élu de déi Lénk, a abordé la communication de la justice dans le dossier Caritas: "Qu'il y a un très, très grave manque d'enquêteurs. Cela signifie que Madame Solovieff a expressément déclaré que le nombre d'enquêteurs dans ce domaine devrait en fait être doublé."
Les moyens sont une chose, les procédures en sont une autre: "Et il y a aussi un grand besoin, ont-ils dit, de revoir les procédures, car dans le cas d'un tel acte criminel, pour lequel un virement passe en 24 heures, il faut dix à douze ans avant qu'une enquête soit clôturée", selon la présidente du groupe parlementaire LSAP Taina Bofferding.
La présidente de la Commission spéciale, Stéphanie Weydert (CSV) a interrogé le parquet sur les moyens dont disposent les entreprises pour se protéger: "Lorsqu'une telle fraude au président est planifiée, un nouveau compte bancaire entre à chaque fois en jeu. Cela signifie que si soudain vous remarquez qu'il y a un nouveau compte en banque, il faut vérifier et appeler quelqu'un pour lui demander: pourquoi ce compte est-il nécessaire?"
La commission parlementaire spéciale n'a pas pour objet de mener une enquête parallèle, mais d'examiner comment le cadre législatif peut être adapté.
La prochaine séance est prévue mercredi prochain. Les représentants des ministères qui avaient des conventions avec Caritas et qui en ont avec HUT, seront entendus. Ensuite ce sera au tour des représentants de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) le 8 janvier.