La maîtrise parfaite du français, de l'allemand et du luxembourgeois est-elle exigée pour accéder à la si convoitée fonction publique au Luxembourg ? "La réponse est non", explique le portail GovJobs. En particulier dans certains secteurs.

En 1984, 18.6% des offres d'emploi (tout secteur confondu) au Luxembourg exigeaient la connaissance de la langue luxembourgeoise.

Quarante ans plus tard, ce chiffre... n'a pas tant évolué que ça ! Dans son dernier rapport, l'Adem rapporte que 24% des offres d'emplois en 2023 demandaient la maîtrise du luxembourgeois. Suit l'allemand (exigé pour 31% des offres d'emploi), l'anglais (58%), et le français qui caracole en tête (72%).

Mais il existe un secteur qui garde la réputation d'être particulièrement exigeant au sujet de la maîtrise des trois langues administratives : la fonction publique. "Pendant longtemps, je n’osais pas postuler aux emplois de la fonction publique, car je jugeais que mon luxembourgeois n’était pas assez bon et que je manquais de pratique en allemand" témoigne par exemple Virginie Poncin, une fonctionnaire citée par GovJobs, le portail de la fonction publique au Luxembourg.

Des langues à maîtriser... jusqu'à un certain niveau

Cette experte en communication au Centre de gestion du personnel et de l'organisation de l'État (CGPO) a découvert, comme beaucoup, que parler parfaitement les trois langues officielles n'est pas obligatoire pour travailler dans la Fonction publique, "même s’il est important de les maîtriser tout de même jusqu’à un certain niveau" nuance GovJobs. Par exemple, "si vous êtes un francophone (luxembourgeois ou non) ayant encore un peu de difficultés avec l’allemand ou le luxembourgeois, armez-vous d’une volonté d’apprendre, et vous mettrez les chances de votre côté pour intégrer la Fonction publique."

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L'étape du recrutement permet de vérifier le niveau dans les trois langues administratives, sachant que les exigences peuvent grandement varier selon les carrières visées. Par exemple, pour les carrières supérieures, un règlement grand-ducal "établit que le postulant doit atteindre le niveau C1 pour sa première langue, le niveau B2 pour sa deuxième langue et le niveau B1 pour sa troisième langue. Le niveau B1, qui est un niveau moyen mais pas parfait, est donc parfois suffisant ! Les exigences varient également pour les carrières moyennes et inférieures".

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Et le parcours professionnel peut aussi faire gagner du temps. Par exemple, "si le postulant a passé sept années dans l’enseignement public luxembourgeois, il est dispensé des épreuves de langues".

Quels sont les secteurs "plus souples" avec les non-trilingues?

L'informatique est notamment un domaine où l'administration publique fait preuve de plus de "souplesse" avec les langues. "Les développeurs, les data analysts, les business analysts, les experts en organisation et les chefs de projets sont souvent recrutés sans maîtriser et parfaitement les trois langues administratives". C'est même souvent l'anglais qui est réclamé en priorité.

De même, dans l'enseignement, "les lycées qui appliquent un système international embauchent des enseignants francophones ou anglophones qui ne maîtrisent pas toujours parfaitement l’allemand et le luxembourgeois."

Des dérogations peuvent aussi être accordées à "des agents hautement spécialisés qui n'ont pas de base sur une ou deux des trois langues administratives. Leurs compétences uniques justifient alors cette mesure d’exception."

Quels sont les secteurs qui, à l'inverse, sont plus exigeants avec les langues?

Au sein de l’État luxembourgeois, certains postes exigent donc une maîtrise absolument parfaite des trois langues, y compris par écrit. "Il s’agit la plupart du temps de métiers où l’agent est en contact avec les citoyens". L'époque où le luxembourgeois était une langue surtout parlée est bien finie : "la compétence de la rédaction en luxembourgeois occupe une place de plus en plus prépondérante" prévient GovJobs.

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Mettre en place des "tandems linguistiques" avec des collègues qui pratiquent d'autres langues est une bonne manière de progresser. / © Envato

Mais heureusement, les cours et formations de langues sont légions au Luxembourg. Ceux qui veulent se perfectionner peuvent notamment s'adresser à l'Institut national d’administration publique (INAP), à l'Institut nationale des langues, ou à des prestataires privés.

Une bonne façon de se perfectionner est aussi de participer à des "tandems linguistiques" au travail. "Lors de mon arrivée au CGPO, j’ai manifesté l’envie de m’améliorer en luxembourgeois à mes collègues. Ils m’ont invitée à prendre part à un tandem pour me perfectionner. J’aime beaucoup l’idée, car outre les progrès linguistiques que je peux réaliser grâce à cette expérience, j’ai aussi l’opportunité d’apprendre à connaître mes nouveaux collègues et de tisser des liens avec eux" raconte Virginie.

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