En ce jour anniversaire de la terrible attaque d'Israël par le Hamas, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Xavier Bettel, était l'invité de la rédaction de RTL.

Il n’y a "pas de nouvelles tensions au Proche-Orient, mais" la situation dans son ensemble n’a cessé de se détériorer depuis un an, par "un effet boule de neige". La situation sur le terrain est très très dangereuse, compliquée et complètement inextricable. Il ne faut cependant "pas oublier le facteur déclencheur", la terrible attaque du Hamas il y a un an, a rappelé le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, lundi sur RTL.

La peur et la haine

Les Israéliens ont peur des attaques de leurs voisins. Et la population civile des pays voisins a peur des réactions israéliennes. Cela provoque toujours plus de haine. Et "la haine est le fonds de commerce de groupes tels que le Hamas et le Hezbollah." Car "s'il y avait la paix, ils n'auraient plus de raison d'exister."

"L'Iran est tellement étrange", dit Xavier Bettel. "Le pays est éloigné, mais Téhéran veut s'impliquer et constitue également un grand danger pour Israël." C’est précisément la raison pour laquelle la paix est si difficile à atteindre, car bien sûr, "à chaque attaque, il y a toujours une réaction de vengeance." "Un cessez-le-feu est la seule chose qui pourrait aider, suivi d’une solution à deux Etats." Une approche globale est nécessaire: en Palestine, le processus démocratique doit être relancé, par exemple avec des élections.

Pourquoi la situation a-t-elle pu dégénérer à ce point en un an? 

"Parce que nous n'avons aucun moyen", répond Xavier Bettel. "La communauté internationale" n'a aucune possibilité d'intervenir. "C'est un gros chien qui aboie mais ne peut pas mordre."

"On pourrait envoyer des troupes internationales sur le terrain, mais quand on voit combien d'employés de l'UNWRA", l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient, "sont déjà morts, on n'a pas envie".

"La proposition du Président français Emmanuel Macron" de cesser de livrer à Israël des armes destinées à être utilisées dans la bande de Gaza "n'est pas vraiment non plus une solution, car si Israël est ensuite battu parce que ses ennemis sont approvisionnés en armes, cela n'aidera personne", selon le ministre des Affaires étrangères.

Reconnaissance de la Palestine en tant qu'Etat 

La récente reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs pays de l’UE (Slovénie, Irlande, Norvège) "est peut-être symboliquement sympathique, mais n’a rien apporté non plus sur le terrain." "Des gens meurent toujours, en Palestine," estime le ministre des Affaires étrangères. Il est toutefois d'avis que "la reconnaissance doit s'inscrire dans un processus global, mais uniquement couplée à des négociations de paix. Il devrait s’agir d’une approche coordonnée avec la Palestine et liée à diverses conditions." Par exemple, la Palestine n'a plus connu d'élections depuis 18 ans. "La reconnaissance de la Palestine ne constituerait pas une défaite pour Israël."

Agir contre l'antisémitisme 

Il est important de faire la différence entre religion et politique. "Ce n’est pas parce que vous êtes musulman que vous trouvez bien tout ce que font le Hamas ou le Hezbollah, ou qu'en tant que juif, vous trouvez bien tout ce que fait Netanyahou." "Il ne faut pas importer en Europe le problème."

C'est pourquoi il est important d'en parler à l'école. Les réseaux sociaux et une presse libre ont également un rôle important à jouer dans l'éducation des jeunes et des adultes, estime Xavier Bettel.

Caritas: "le gouvernement n'est pas une assurance tous risques" 

La semaine dernière, le président du conseil d'administration de HUT avait reproché le fait que personne n'avait levé le petit doigt pour sauver le département international de Caritas. Ni le ministère des Affaires étrangères, ni l'évêché.

"Lever le doigt aurait signifié mettre 5 millions d'euros sur la table. Et ce n'est pas mon argent. C'est l'argent des contribuables", souligne Xavier Bettel. "Le gouvernement n'est pas une assurance tous risques."

"Nous avons été sollicités pour trouver des solutions pour au moins trois ONG qui risquent de ne pas survivre si elles ne reçoivent pas d'argent de Caritas." L'Etat va contribuer à hauteur de 200.000 euros. Pour le projet Caritas au Sud Soudan également, le ministère est en train d'examiner avec Caritas Pays-Bas les possibilités de le poursuivre, mais sur le budget de l'année prochaine.