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Les pensions luxembourgeoises font des envieux. Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne : avec 38%, le Luxembourg présente le troisième écart de retraite le plus élevé entre hommes et femmes dans l'UE.
Il n'y a que Malte et les Pays-Bas qui font pire : au Luxembourg, la différence entre les pensions perçues par les hommes et par les femmes est particulièrement élevée (38%), apprend-on dans le dernier rapport sur l’adéquation des retraites de la Commission européenne.
La différence concerne les retraités actuels, c'est-à-dire les générations durant lesquelles une partie significative des femmes ne travaillaient pas du tout ou à temps partiel pour s'occuper de leurs enfants. Elles n’ont donc pas eu une carrière en assurance aussi complète que les hommes. Résultat, en 2004, elles étaient en moyenne âgées de deux ans de plus que les hommes au moment de prendre leur retraite. L’écart se réduit cependant : en 2022, les femmes n’avaient que quelques mois de plus que les hommes au moment de leur entrée à la retraite.
Les personnes qui travaillent à temps partiel gagnent également moins, cotisent moins et reçoivent donc moins de pension. Tous ces facteurs font qu'environ 60% des femmes du régime général perçoivent une pension inférieure à 2.500 euros par mois. Environ 80% de ceux qui doivent percevoir un complément à la pension minimale sont des femmes.
Les enfants "pèsent" toujours sur la carrière des femmes
Bonne nouvelle, l'écart de pension entre hommes et femmes diminue effectivement - en 2019, il était encore de 46% au Luxembourg- mais la question est de savoir à quelle vitesse et jusqu'à quand. Selon l'IGSS, près d'un tiers des femmes salariées travaillent encore à temps partiel et cotisent donc moins. Pour les hommes, ce chiffre n'est que de 8%. De plus, encore aujourd’hui, les femmes s’occupent plus souvent des enfants que les hommes.
Cela signifie que lorsque les baby-years sont remis en question, comme le font les employeurs dans leur avis pour le Conseil économique et social , les femmes sont particulièrement impactées.
D'ailleurs, les périodes complémentaires telles que les années d'études ou les années pendant lesquelles on s'occupe des enfants jouent un rôle bien plus important dans le développement de la carrière des femmes que chez les hommes. Selon l'avis du CES sur le système des retraites, en 2012, les hommes comme les femmes disposaient d'une période complémentaire de 6,6 ans pour leur carrière. Mais pour les femmes, cela représentait un quart de l’ensemble de leur carrière, alors que pour les hommes, cela ne représentait que 16%. Si, comme le demandent les employeurs, ces périodes ne comptent plus pour la construction d'une carrière, on peut supposer que cela touchera aussi particulièrement les femmes.
Claudine Speltz, la présidente du Conseil national des femmes, estime donc que remettre en question de tels acquis serait un retour en arrière en matière d'égalité. Le Conseil des femmes plaide pour une individualisation complète, tant en matière d'impôts que de droits à pension. Cependant, à leur connaissance, le Conseil des femmes, contrairement à d'autres organisations, n'a pas encore été invité à participer à la consultation gouvernementale sur le système de retraite.
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