Le Dr. Grégoire Danoy a invité RTL dans son labo à Esch-Belval afin de nous faire vivre les dernières évolutions des recherches en matière de drones au Luxembourg.

L'utilisation des drones devient de plus en plus variée, afin de réaliser des prises de vue, des vidéos, mais aussi dans le monde de l'agriculture, des transports de colis ou encore dans le domaine militaire.

Les recherches sur les drones vont bon train à l'Université de Luxembourg. À Belval, une équipe d'informaticiens évolue autour de Grégoire Danoy, ensemble ils sont spécialisés dans la recherche sur l'intelligence artificielle.

Dans la cave de la Maison du Nombre, les chercheurs nous expliquent comment les drones peuvent voler en formation de manière autonome. Par exemple, on nous montre comment un drone civil, qui a pénétré la zone interdite de survol d'un aéroport, est intercepté par un essaim de drones Nano.

Grégoire Danoy précise que "toute la problématique, c'est justement d'être capable de créer, de designer des méthodes d'intelligence artificielle qui font ce contrôle local des drones et qui vont permettre quand même d'avoir un comportement global de notre essain qui est efficace et qui va être capable d'effectuer une mission donnée."

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© Emile Mentz

De nos jours, un drone est généralement utilisé seul, mais cela pourrait changer à l'avenir puisque des essaims entiers pourront ainsi être déployés. L'inspiration derrière cette méthode vient du monde animal, des modèles mathématiques ont réussi à importer le comporter des fourmis ou des abeilles dans l'intelligence artificielle.

Les chercheurs utilisent ce qui fonctionne donc déjà dans la nature: "chaque animal ou chaque insecte va prendre sa propre décision sur base de ce qu'il voit et des informations qu'il reçoit. Et en fait, c'est ce genre de comportement-là qu'on essaie de répliquer dans nos algorithmes d'intelligence artificielle."

Inspection de bâtiments ou détection de feux de forêt

Grâce aux recherches de l'Université de Luxembourg à Esch-Belval, des drones pourront bientôt inspecter des bâtiments entiers, survoler des zones afin de détecter des pollutions ou des feux de forêt ou de végétation.

"On va être capable d'effectuer des missions de façon beaucoup plus rapide et efficace. Mais en plus, on sera aussi beaucoup plus fiables parce que justement, on a cette intelligence qui est complètement distribuée. On n'a pas de point de contrôle central, si jamais un des drones ou même plusieurs drones de l'essaim viennent à manquer pour une raison technique ou autre, ce n'est pas grave, nos drones vont justement, grâce à cette intelligence, être capables de se réorganiser et de continuer à effectuer leur mission."

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© Emile Mentz

À l'avenir, chaque drone n'aura plus besoin d'un pilote dédié, mais une personne pourra s'occuper de tout un ensemble de dispositifs, afin de remplacer les batteries, entre autres. Grégoire Danoy précise que les spectacles de drones qui remplacent de plus en plus les feux d'artifice ne fonctionnent pas de la même manière, ils font partie d'une programmation en amont, et suivent un déroulé bien précis et ne sont pas dirigés en temps réel par une intelligence artificielle. Lorsqu'une IA est impliquée, les objets volants peuvent réagir à certaines situations et même prendre des décisions. En pleine mission, ils peuvent encore apprendre et adapter leur comportement.

Sauver des vies

Le chercheur de l'Uni.lu nous donne un autre exemple concret. Lorsqu'il faut lancer des recherches sur une importante superficie, en mer ou dans une forêt, afin de retrouver une personne disparue, on pourra désormais utiliser des drones Nano. Grâce à l'intelligence artificielle le survol d'une zone pourra se faire de manière optimale.

La recherche dans ce domaine existe depuis 10 ans au Luxembourg. L'une des plus grandes difficultés à laquelle se heurtent les chercheurs reste la batterie qui a une durée de fonctionnement limitée et qui limite donc encore fortement l'utilisation de drones. La situation au Luxembourg ne simplifie pas les tests à l'extérieur car la législation en vigueur prévoit encore un pilote pour chaque drone.

L'IA est-elle parfaite ?

Grégoire Danoy doit réfléchir quelques secondes avant de répondre à la question si l'intelligence artificielle pourrait encore faire des erreurs. Alors que de nombreuses personnes utilisent déjà Chat GPT, beaucoup auront remarqué une clause de non-responsabilité sur ces modèles d'IA qui précise bien que les résultats peuvent contenir des fautes. "Mais ce n'est pas vraiment différent de l'homme", souligne Grégoire Danoy qui est responsable du PCOG (Parallel Compzting and Optimisation Group).

Des drones à l'armée

Depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine, le monde a découvert l'utilisation de drones par les forces militaires. Lorsqu'un objet peut être utilisé en même temps en faveur des civils et dans un but militaire, on parle d'"utilisation double".

C'est également le cas des drones, et le chercheur confirme que l'Université de Luxembourg fait ses recherches sur le plan théorique: "nos recherches dans ce contexte sont dans tous les cas limitées à des contributions théoriques sur la mobilité des essaims de drones et sont intégralement dans le domaine public, à travers des publications scientifiques."