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Après l'année Covid 2020 compliquée, l'équilibre est rétabli dans le système de sécurité sociale et la progression du nombre de frontaliers qui viennent travailler tous les jours, au Luxembourg a repris de plus belle.
Après un ralentissement de la hausse du nombre de frontaliers en 2020 à cause de la pandémie, une progression légèrement supérieure à la moyenne des années avant-Covid a été observée en 2021. Alors qu'au cours des six années passée (de 2005 à 2021) le nombre de frontaliers entrants au Luxembourg a augmenté en moyenne de 3,8% par an, il a grimpé de 3,9% l'an passé. C'est ce que révèle le Statec dans sa publication "Regards" datée de ce mercredi.

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Parmi les 212.288 frontaliers salariés au Luxembourg, la majorité provient de France. Les frontaliers français représentent 53% des frontaliers au Luxembourg en 2021 contre 51.7% en 2005.
La part des frontaliers en provenance d’Allemagne a également augmenté depuis 2005 pour atteindre 23,7% en 2021. En revanche, les Belges sont moins nombreux. Leur part relative a diminué depuis 2005 pour s’établir à 23,3% en 2021.
Qui gagne le mieux en venant au Luxembourg?
Les salaires annuels moyens (sans cotisations sociales à la charge des employeurs) varient nettement en fonction du pays d’origine. En 2021, les frontaliers français ont touché en moyenne environ 53.100 euros par an, soit 11.700 euros de moins que leurs homologues belges et 12.000 euros de moins que leurs homologues allemands.

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Cette disparité "s’explique par la "spécialisation" des frontaliers dans des secteurs se caractérisant par des différences en matière de salaire", explique le Statec. Par rapport aux frontaliers belges et allemands, les frontaliers français sont surreprésentés dans des activités moins bien rémunérées comme par exemple le secteur de l’Horeca, ou le commerce. De plus, "ils ont une structure d’âge plus jeune, ce qui peut également contribuer aux écarts constatés".
Impact dans la balance des paiements
En 2021, les rémunérations des salariés frontaliers entrants au Luxembourg s’élèvent à 14,1 milliards d'euros alors que les rémunérations reçues par les frontaliers sortants s’élèvent à 2 milliards d'euros entraînant ainsi un déficit de 12,1 milliards d'euros dans la balance des paiements, note le Statec.
Pour l’année 2021, les cotisations sociales reçues ont dépassé les prestations sociales payées aux non-résidents (excluant les indemnités chômage et les financières aux étudiants résidant à l’étranger) marquant ainsi un retour à la normale par rapport à l’année précédente.
Cette évolution témoigne de la reprise économique post-pandémique et l’équilibre rétabli dans le système de sécurité sociale.
Rappelons que l'année 2020 avait été marquée par une hausse importante des prestations sociales versées aux frontaliers due au régime du chômage partiel pour cas de force majeure liée à la pandémie.
Les indemnités chômage versées aux frontaliers se sont élevées à 23,9 millions d'euros en 2021 et les aides financières aux étudiants résidant à l’étranger de 34,7 millions d'euros.
Les frontaliers "sortants", peu nombreux en réalité
Le nombre de frontaliers entrants au Luxembourg (212.288 en 2021) est bien supérieur à celui des frontaliers sortants (13.762). Mais en réalité, seules 1.583 personnes traversent effectivement les frontières pour se rendre au travail en France, Belgique, ou en Allemagne, car la majorité des frontaliers sortants travaillent pour des institutions européennes ou des institutions internationales non européennes.
C'est une particularité du Luxembourg et de la Belgique. Les employés des institutions européennes sont considérés comme des frontaliers "sortants" car les institutions européennes (Commission européenne, Banque européenne d’investissement et la Cour de justice européenne) ne sont pas considérées comme faisant partie de l'économie nationale. Elles sont d'ailleurs généralement exemptées des lois ou règlements nationaux.