Même s’il n’y a pas lieu de paniquer, l’apparition de la variole du singe en Europe et les Etats-Unis est devenu un sujet brûlant sur les réseaux sociaux. Avec plusieurs allégations fausses...

La méfiance envers les gouvernements, les grandes organisations et les médias, ainsi que la propagation de théories complotistes, devenus à la mode pendant la pandémie du Coronavirus, ont trouvé un nouveau prétexte pour se répandre sur les réseaux sociaux : la variole du singe.

Les uns affirment qu'il s'agit d'une maladie touchant uniquement les personnes homosexuelles, d’autres pensent que ce sont les personnes de couleur qui la transmettraient et encore d’autres affirment que la variole du singe serait un effet secondaire du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca.

Définition : c’est quoi la variole du singe ?

Le virus de la variole du singe est un virus ADN de la famille des orthopoxvirus. Il est très proche du virus de la variole. C’est l’agent pathogène de la variole, qui est considéré comme éradiqué depuis 1980 grâce à la vaccination.

Le virus de la variole du singe est endémique dans les régions de l’Afrique de l’Ouest et du Nord. Ce qui veut dire que le virus apparaît durablement dans une population ou une région spécifiques.

Le virus de la variole du singe est plutôt présent dans l’espèce animale. Néanmoins, une transmission de l’animal à l’homme est possible. Cela passe par un contact avec une peau infectée, du sang ou des excrétions de l’animal. Ainsi par exemple le virus de la variole du singe peut être transmis de l’animal à l’homme quand ce dernier manipule de la viande infectée.

Quelle est l’origine des varioles du singe ?

Une fois que l’homme est atteint du virus, la transmission se fait moins facilement qu’à l’époque pour le Variolavirus. Pour être contaminé il faut un contact ou une cohabitation très proches. Ainsi il est par exemple plus probable de se contaminer chez soi. La contagion du virus passe e.a. par les fluides corporels ou les croutes des marques. D’après les scientifiques c’est lors de relations sexuelles – où toutes les conditions sont rassemblées - que le risque est le plus grand de contracter le virus.

Au cours des dernières décennies il y a eu de manière récurrente des cas isolés de la variole du singe en dehors des zones endémiques. Ceci était notamment dû à des déplacements dans les régions concernées. D’autre part, il y a eu un court épisode d’apparition aux Etats-Unis en 2003. On avait pu remonter la chaîne de contamination sur des chiens de prairie, qui étaient tenus comme animaux domestiques. Ainsi furent répertoriés 47 cas avérés et probables du virus de la variole du singe en 2003.

Actuellement on compte quelques cas de variole du singe en Europe, Amérique du Nord et Australie qui se sont pas liés à des déplacements dans les régions endémiques. Actuellement 200 cas sont constatés, où viennent s’ajouter quelques cas de suspection de variole du singe. L’Allemagne en comptait neuf en date du 24 mai 2022.

Forme légère de la maladie, pas de panique

Parmi les premiers symptômes de la variole du singe on note de la fièvre, des maux de tête, des courbatures et des ganglions lymphatiques enflés. La maladie suit son cours par l’apparition de marques, vésicules voire des petits noeuds sur la peau. Une personne atteinte est contagieuse jusqu’à ce que les croutes soient entièrement guéries et recouvertes de nouvelle peau. Cela peut prendre quelques semaines.

Le nouveau virus échappé d’un laboratoire ?

C’est faux.

Après une petite accalmie après deux ans de pandémie due au Coronavirus, la variole du singe serait le nouveau virus mis en place par un gouvernement ou l’industrie pharmaceutique, suivant des allégations sur les réseaux sociaux.

Mais la variole du singe n’est pas un nouveau virus.

Il fut déjà détecté en 1958 auprès de singes vivant en captivité. Ce qui a donné le nom à cette variante de variole, alors qu’on trouve le virus plutôt auprès des rongeurs. En 1970 c’est dans la République démocratique du Congo que fut diagnostiqué un  premier cas de variole du singe auprès d’un humain. En l’occurrence il s’agissait d’un enfant de neuf ans.

La nouvelle pandémie préméditée ?

Lors de la conférence de sécurité à Munich en mars 2021, fut simulé un scénario d’une pandémie de variole du singe qui causerait la mort de millions de personnes. Dans le scénario les scientifiques admettaient le mois de mai 2022 comme date de début de la pandémie. Que maintenant au mois de mai 2022 une centaine de vrais cas de variole du singe soient constatés aux Etats-Unis, en Europe et en Australie, est pour un certain nombre de personnes actives sur les réseaux sociaux la preuve que cette maladie est préméditée par en haut et que c’est la nouvelle pandémie. Sur le net on parle aussi de « plandémie », c.à d. d’une pandémie planifiée.

Il est incontestable que lors de la conférence de sécurité à Munich fut simulé – en collaboration avec l’organisatiion « Nuclear Threat Initiative » (NTI) – un scénario de pandémie avec la variole du singe. Il s’agissait d’une fiction afin d’analyser le risque de menaces biologiques. Le but de la NTI était de démontrer les lacunes dans les vérifications et contrôles de la biotechnologie. Le choix de la variole du singe pour le scénario et l’apparition réelle de cas maintenant est un pur hasard. Le scénario complet de la NTI est disponible ici (LINK )

Ce n’est pas la première fois que de réels virus ou maladies soient choisis pour ce genre d’exercice de scénarios. « Nous avions choisi un agent pathogène qui s’intégrait bien dans notre scénario fictif » explique Jaime Yassif, Vice-présidente du NTI dans une interview avec nos collègues allemands de la Tagesschau. Parmi un nombre d’options, c’est le virus de la variole du singe qui fut retenu, puisqu’il collait le mieux avec le scénario.

Il y a quelques jours seulement, les Ministres de santé des pays du G-7 ont imaginé un scénario similaire de pandémie fictive. Dans cet exercice on supposait une pandémie de variole partant d’une morsure de léopard. Ce genre d’exercice se fait de manière régulière.

Un virus, venant des personnes de couleur  ?

C’est faux.

La plupart des photos sur Internet montrent des personnes de couleur atteintes de la variole du singe. Ce qui a donné lieu à des commentaires racistes sur les réseaux sociaux. Les personnes de couleur ne sont pas davantage susceptibles de contracter la variole du singe.

On sait que le virus de la variole du singe est présent dans des régions de l’Afrique Centrale et de l’Ouest, où vivent pour la plupart des personnes de couleur. Par conséquent il est logique que la plupart des photos illustrant les infections de la variole du singe, montrent des personnes de couleur.

Un virus qui concerne uniquement des hommes homosexuels ?

C’est faux.

Il est vrai qu’un nombre important d’infections à la variole du singe a été constaté auprès d’hommes homo- ou bisexuels qui ont eu des relatiions sexuelles avec d’autres hommes. Parmi eux quelques cas détectés dans des cliniques spécialisées à la santé sexuelle. Néanmoins l’OMS et l’organisation UNAIDS insistent sur le fait que tout un chacun peut contracter la variole du singe. L’infection ne se limite pas aux hommes qui ont des relations avec des hommes.

Actuellement des recherches sont en cours pour comprendre la raison du nombre si important de cas répertoriés auprès d’hommes homo- ou bisexuels. En Belgique on présume qu’une partie des cas seraient liés à un festival Fetisch. En Espagne par contre des recherches sont en cours par rapport à un sauna pour homosexuels à Madrid. D’autre part les autorités espagnoles supposent que le Festival « Maspalomas Pride », très fréquenté par des hommes homosexuels, ait pu être un hotspot pour la variole du singe.

Ce qui donne lieu à supposer qu’il s’agit plutôt d’une coïncidence actuelle que le nombre de contaminations soit si important auprès d’hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes.

Un effet secondaire du vaccin AstraZeneca ?

Il ressort des commentaires que le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca serait la cause de l’apparition de la variole du singe. Cette théorie se base sur le fait qu’AstraZeneca aurait utilisé un adénovirus de chimpanzé lors du développement du vaccin. Il en est d’ailleurs fait mention sur la description du produit.

Cet adénovirus est un virus de refroidissement, génétiquement transformé, afin de stimuler la protection du corps contre le coronavirus. En l’occurrence l’adénovirus sert de vecteur, ce qui veut dire que les informations proprement dites du Coronavirus sont emballées dans l’adénovirus. Ce qui n’altère pas génétiquement les cellules humaines lors d’une vaccination,  mais l’ensemble est désassimilé au bout d’un certain  temps.

L’adénovirus-chimpanzé contenu dans le vaccin AstraZeneca n’a rien à voir avec le virus de la variole du singe.

Quelle est l'utilité du vaccin antivariolique contre la variole du singe ?

Un certain nombre d’études ont montré que la vaccination contre la variole serait à 85 % efficace contre la variole du singe. Les personnes qui à l’époque ont été vaccinées contre la variole, sont de ce fait mieux protégées contre la variole du singe et auraient un moindre risque de contamination.

La vaccination contre la variole protège aussi contre la variole du singe.

En ce moment il n’existe pas de vaccin contre la variole du singe en Europe. Les Etats-Unis disposent de 1.000 doses vaccinales contre la variole et la variole du singe. Ces vaccins devraient maintenant être administrés à des personnes de contact ou des employés du secteur de santé qui sont susceptibles d’être en contact avec la variole du singe.