Un jeune homme, arrêté début 2020 à Strassen et qui a passé neuf mois en détention préventive, est actuellement jugé en Suède.

Fin février 2020, une perquisition est menée dans une maison individuelle à Strassen. L'unité spéciale de la police y participe. Cette perquisition a lieu dans le cadre d'une enquête pour infraction éventuelle à la loi sur les armes et détention éventuelle de matériel explosif.

Ce dossier refait la une, pas au Luxembourg, mais en Suède, où est né le jeune homme arrêté l'an dernier à Strassen lors de cette opération musclée.

Celui qui était encore mineur à l'époque, avait attiré l'attention des autorités, parquet et police, à cause de ses activités sur le Darknet, dont le SREL, le Service de renseignement de l'Etat luxembourgeois, avait été informé par un service de renseignement étranger. Le SREL avait transmis l'information à la justice.

Selon des sources RTL, le jeune visé, qui avait eu 18 ans entretemps, avait des contacts dans le milieu radical des éco-fascistes. Une piste qui se concrétise à présent.

Le jeune Suédois interpellé à Strassen début 2020 et qui a passé ensuite neuf mois en détention préventive, est jugé depuis la semaine dernière à Stockholm.

Depuis vendredi, il comparaît avec un autre jeune âgé de 20 ans pour l'incendie volontaire d'un élevage de visons à l'automne 2019 en Suède. La ferme dans laquelle les animaux étaient élevés, avait été complètement détruite.

Selon les médias suédois, ces deux jeunes avaient aussi projeté de faire exploser une bombe dans une clinique où étaient pratiqués des avortements. Il aurait également été question d'un attentat sur un juge. Ces deux chefs d'inculpation n'ont cependant pas été retenus par la justice suédoise.

Le jeune arrêté à Strassen semble en revanche bien avoir été impliqué dans le projet d'incendie criminel de l'élevage de visons.

Selon les autorités suédoises, qui se réfèrent à des échanges téléphoniques interceptés entre les jeunes radicalisés, le jeune homme aurait dit qu'il avait des capacités en chimie, une matière qu'il avait étudié au lycée au Luxembourg. Ce qui renvoie aussi à la conception artisanale d'engins explosifs.

Interrogé par nos confrères de RTL, le parquet luxembourgeois n'a pas souhaité confirmer ou infirmer que du matériel explosif avait été découvert lors de la perquisition à Strassen. Selon des sources internes, ce serait toutefois bien le cas.

Le parquet a en revanche confirmé qu'après la perquisition de son domicile, le jeune homme avait été placé en détention préventive le 23 février 2020. Sur décision de la chambre du conseil de la Cour d’appel, il a été libéré sous contrôle judiciaire le 20 novembre 2020.

En ce qui concerne le volet luxembourgeois de l'affaire, l'enquête est toujours en cours sous la direction d'un juge d'instruction. Au niveau des chefs d'inculpation, il est question d'infractions éventuelles à la législation qui régit la détention et l'usage d'armes, d'infractions éventuelles à la loi sur les "précurseurs d'explosifs" ainsi que d'infractions en relation avec législation sur le terrorisme.

Pour en savoir plus sur les éventuelles suites pénales, il faudra attendre la fin de l'instruction. La police et la justice luxembourgeoises travaillent en étroite collaboration avec les instances suédoises.

A Stockholm, le procès tourne actuellement autour de la scène éco-fasciste qui aurait des liens avec le milieu néo-nazi.

Les deux jeunes hommes sont décrits comme intelligent et très intelligent dans les documents de police.

Leurs avocats plaident l'innocence et déclarent que la naïveté juvénile aurait joué un rôle dans tous leurs projets et dans leurs échanges en ligne.

Le dossier judiciaire suédois a constitué l'une des sources de cet article.

Volet suédois de l'affaire

"Eco-fascistes": c'est ainsi que se nomment des activistes d'extrême-droite qui ont surgi au cours des dernières années dans de nombreux pays. Ils se réfèrent aux idéologies nazie et fasciste.

Deux d'entre eux sont actuellement jugés en Suède pour l'incendie criminel d'un élevage de visons.

Les deux jeunes se sont filmés en commettant leurs actes. Cette vidéo, qui est à présent un élément constitutif de l'enquête, a été utilisée à des fins de propagande par cette nouvelle catégorie d'activistes enclins à la violence, qui se nomment éco-fascistes. Le mouvement serait né aux Etats-Unis, il est aussi présent en Europe.

Le reportage en langue luxembourgeoise: