
Si plusieurs de restaurants ont organisé eux-mêmes la livraison de leurs plats, beaucoup font appel à une plateforme en ligne... qui n'est pas sans poser de problème.
On l'a beaucoup dit, les services de livraison de repas ont connu un boom spectaculaire pendant le confinement. C'était, pour de nombreux restaurant, une manière de rester actifs et de faire rentrer un peu d'argent.
Certains restaurateurs gèrent eux-mêmes leurs livraisons, mais la plupart d'entre eux collaborent des plateformes en ligne qui offrent de la visibilité et organisent la livraison. L'une de ces plateformes s'est rapidement fait un nom sur le marché luxembourgeois, mais se trouve aujourd'hui dans le viseur de l'ITM (Inspection du travail et des mines).
La plateforme "WeDely" fait le lien entre les restaurants et les chauffeurs qui livrent la nourriture. Un système pratique pour les restaurants comme pour les clients, mais qui suscite des interrogations sur son fonctionnement comme l'a confirmé Dan Kersch, le ministre du Travail au micro de RTL:
"C'est une histoire qui dure depuis longtemps. Des plaintes ont déjà été déposées en 2018 et 2019. Un certain nombre de contrôles ont déjà été effectués par l'ITM. Ainsi, il m'a été confirmé que sept dossiers ont été transmis au Parquet et qu'un travail intensif est mené sur ceux-ci. Il semble qu'on a bien affaire à un cas important - même s'il faut faire valoir la présomption d'innocence - de contournement du droit du travail. Et l'ITM se doit de réagir."
Le Parquet nous a confirmé que l'ITM avait bien déposé ces dossiers qui sont encore en cours d'analyse du rapport. Nous en saurons plus prochainement.
L'inspection du travail a prêté attention aux relations de travail entre le service de livraison et les chauffeurs qui se chargent des livraisons des repas. Ils travaillent avec leur propre véhicule, dont ils payent essence et assurance. En outre, ils sont considérés comme des indépendants et non des salariés, donc ne cotisent pas forcément à des caisses de maladie ou de retraite et n'ont pas de congés payés.
La société n'a pas donné de réponse quant à savoir si les chauffeurs étaient couverts.
Le secteur de l'Horeca se dit préoccupé par ces pratiques qui constituent peut-être une concurrence déloyale pour ceux qui réalisent les livraisons eux-mêmes. Les plateformes numériques classiques, qui n'assurent pas directement la livraison, facturent une commission autour de 10 à 15% aux restaurants pour la visibilité et la communication. En revanche, Wedely prend plus de 28% aux restaurants et ajoute quelques euros aux clients.
Pour le secrétaire général de Horesca, "les restaurants risquent de ne pas utiliser les mêmes produits pour maintenir leurs prix face à ces commissions élevées. Ou voient leurs marges complètement rognées. Ça n'a pas de sens".
Cependant, François Koepp reconnaît l'importance des livraisons qui constituent une bonne opportunité. Il lance l'idée d'une plateforme coordonnée au niveau national.
Le reportage (en luxembourgeois) de Pierre Jans.