Sources de nuisance sonore, ces rassemblements mobilisent les forces de l’ordre qui prônent une tolérance zéro en Province de Luxembourg.

Le phénomène est très connu en France. Il l’était moins de l’autre côté de la frontière jusqu’à il y a un an. Des rassemblements nocturnes dérivent en rodéo urbain, causant un bruit parfois insoutenable pour les riverains et pouvant être potentiellement dangereux.

«C’est quelque chose qui était assez couru en France et que j’ai vu arriver depuis la région de Mont-Saint-Martin», explique Laurent Halleux, chef de corps de la zone de police Centre-Ardenne. «Des collègues ont dû intervenir il y a quelques mois sur l’aire de Hondelange, le long de l’autoroute E 411 qui relie le Luxembourg à la Belgique. Certains individus s’adonnaient à des drifts. La confrontation s’est mal passée. Des renforts ont dû être appelés.»

Si tout ce petit monde a fini par se disperser, le phénomène s’est déplacé. Notamment dans le zoning de Léglise, théâtre de scènes dignes de «Fast and Furious» avec des traces de gomme sur le sol, des cannettes jetées un peu partout et des restes de feux allumés. L’isolement de cet endroit convenant bien à cet ensauvagement.

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A Léglise, les rodéos urbains ont laissé des traces au printemps dernier / © Commune de Léglise

Il semble que le printemps soit particulièrement propice à ces rassemblements. Le point d’orgue étant atteint en Province de Luxembourg dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2025 à Bastogne avec une concentration à la Place Patton, des dérapages incessants, notamment autour du rond-point avoisinant et des troubles à la tranquillité publique qui ont terrorisé certains habitants de la Nuts City, provoquant la colère du bourgmestre Benoît Lutgen.

«Face à ce type de conduite illégale et totalement inacceptable, nous devons agir avec la plus grande sévérité», déclarait-il à la suite de cette nuit mouvementée. Un arrêté a d’ailleurs été pris sur-le-champ afin de pouvoir poursuivre les auteurs.

Des individus dans le collimateur

«On a ciblé quelques individus connus de nos services. Le mot d’ordre est clair: tolérance zéro. Pas de pitié pour ces gens-là. Encore faut-il les prendre la main dans le sac car à la vue d’un véhicule de police, ils ont vite fait de détaler», poursuit Laurent Halleux. «Pris sur le fait, des jeunes gens ont vu leur véhicule retenu pendant cinq jours avec les frais à leur charge bien entendu.»

Le terrain de jeu quasi infini ne facilite pas la tâche des forces de l’ordre qui ne peuvent pas être partout. La police songe alors à faire appel à la technologie. «Élargir le champ en disposant de plus de caméras est une chose, mais ça sous-entendrait plus d’effectif pour analyser les images. Alors, l’utilisation de caméras intelligentes est à l’état de projet. Certains logiciels nous permettraient d’intervenir plus rapidement comme lorsque le trafic est à l’arrêt et qu’une caméra réagit après 15’’. Des images qui pourraient servir de base à des poursuites judiciaires.»

Ces mesures dissuasives permettront-elles de juguler ces courses clandestines de voitures aux moteurs dopés qui auraient doublé en l’espace d’un an sur l’ensemble du territoire belge? Premiers éléments de réponse au printemps prochain.