Situé à une quinzaine de minutes de route du Luxembourg, le Château du Pont d’Oye renaît de ses cendres à Habay-la-Neuve, en Belgique, grâce à l'investissement de Vincent Gouverneur, qui travaille dans un Big Four au Luxembourg.
C'est l'histoire d'une renaissance. Celle du Château du Pont D'Oye, situé en Belgique à Habay-la-Neuve, que bon nombre de résidents luxembourgeois connaissent bien de part son histoire et sa proximité (15 minutes de route depuis la frontière, à hauteur de Ell/Redange).
Depuis 1932, cette demeure du XVIIe siècle appartenait à la famille Nothomb, que l'on connaît aussi pour les talents d'écrivaine d'Amélie Nothomb. C'est son arrière grand-père Pierre Nothomb, homme de droit, qui avait acheté cet ancien domaine de maître de forges alors qu'il appartenait au parti socialiste et servait d'hospice pour seniors. Avant cela, il a appartenu au ministre belge Constant d'Hoffschmidt qui y avait installé une papeterie pendant plusieurs années.
La famille Nothomb, en difficulté financière, ne faisait pas grand mystère de sa volonté de vendre son château en piteux état, l'étang et les 7 hectares de terrain. Ils ont alors trouvé le "sauveur" du domaine, le Belge Vincent Gouverneur, qui travaille depuis plus de 30 ans au Luxembourg et notamment dans les Big Four.
"C'est un énorme défi. Quand une amie m'a fait visiter le château il y a cinq ans, je me suis rendu compte qu'il était dans un état pitoyable. Il menaçait de s'écrouler. Le jour où je l'ai visité, il pleuvait. Tous les murs "pleuraient". Il y avait des trous partout. je me suis dit: "s'il n'y a pas un fou comme toi qui se lance dans ce défi de mécénat, de sauvegarde du patrimoine, il n'y a personne qui va le faire" raconte Vincent Gouverneur, que nous avons rencontré dans la bibliothèque fraîchement rénovée de l'aile droite du château. "Je dois bien avouer que je l'ai regretté durant les deux premières années car on a découvert énormément de problèmes comme la mérule. Puis le covid a ralenti les travaux et impacté le planning des mariages et des séminaires. Ça a été très, très difficile."
Les travaux se sont achevés en fin d'année 2023 grâce aussi à celle que l'on considère aujourd'hui comme la mémoire des lieux, l’architecte d’intérieur Diane Matgen. Elle a activement participé à l'embellissement de cet ancien château de chasse.
"Le chantier prioritaire, c'était de refaire la toiture, tous les châssis, toutes les façades... Il fallait sécuriser, isoler le château. Après, il fallait restaurer l'intérieur. On a commencé par le deuxième étage, le premier étage puis le rez-de-chaussée" détaille Vincent Gouverneur, qui entretient une histoire personnelle avec cette demeure. "Je connais ce château depuis plus de 40 ans. Le frère d'un ami était cuisinier, j'y venais régulièrement. Plus tard, on venait se promener avec les enfants. Ça ravive beaucoup de souvenirs. Je suis originaire de Neufchâteau (ndlr: à 25 kilomètres du Château du Pont D'Oye), le nom me prédisposait sans doute à me lancer dans une telle aventure !"

Vincent Gouverneur, mécène belge qui travaille au Luxembourg depuis plus de 30 ans, a investi des millions d'euros pour sauver le Château du Pont D'Oye, situé à une poignée de kilomètres du Luxembourg. / © RTL
7,5M€ d'investissement et ce n'est pas fini
Au total, 7,5 M€ ont été déboursés par le mécène belge pour redonner vie au Château du Pont D'Oye. La demeure peut à nouveau accueillir des clients dans ses 12 chambres rénovées et des séminaires dans ses 5 espaces. "Je compte faire des investissements supplémentaires" prévient d'ores et déjà Vincent Gouverneur. "J'ai demandé à un architecte de réfléchir à des logements supplémentaires. On a par exemple l'idée d'installer un lodge insolite sur l'eau et une Orangerie dans le parc. On a aussi découvert une magnifique cave qui date de 1604, on va la rénover. Je foisonne d'idée! Ce domaine, c'est comme un diamant qu'on polit petit à petit."
À 56 ans, le mécène relève selon ses dires l'un des plus beaux challenges de sa vie: "ce que la région m'a permis de devenir, je lui rends en petite partie avec cette rénovation du château.Aujourd'hui, je suis fier du travail accompli. Je redonne une deuxième vie à un château qui a plus de 200 ans d'histoire, un des plus beaux de la région. Vouloir le sauver a donné un but à ma vie."